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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les déboires du FNPEEJ


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Que diriez-vous d’un régime qui donnerait beaucoup d’argent aux jeunes entrepreneurs ? C’est le rêve de tous ceux qui entreprennent surtout en ces temps difficiles où il faut se lever tôt et se battre dur pour avoir les moyens de fonder et étendre ses affaires. Mais c’est surtout une manne pour un pouvoir désireux de créer l’illusion qu’il aide et appuie la création d’entreprises et d’emplois au Bénin. Pour y parvenir, rien d’aussi simple. Il suffit d’ameuter quelques activistes du pouvoir à qui l’on distribuerait quelques millions, pour les récompenser de leur dynamisme en faveur du régime bien aimé. Aussitôt dit, aussitôt fait. Tel est le mécanisme boiteux ayant permis à quelques dizaines de jeunes nouvellement reconvertis dans l’entreprenariat, avec l’onction politique. C’est ce qu’a fait pendant des années le Fonds national de promotion de l’entreprise et de l’emploi des jeunes (FNPEEJ).
Beaucoup ont utilisé les fonds pour se payer une nouvelle voiture, acheter des montres et des costumes de grand prix. D’autres ont cru que c’était l’occasion de faire de nouveaux investissements qui se sont perdus, faute d’avoir été mûrement pensés. Cette distribution hasardeuse de l’argent public ne pouvait déboucher que sur l’échec. Le FNPEEJ a échoué et ses dirigeants qui se succèdent font concurrence d’activisme politique, maîtres dans les meetings et les louanges au Chef de l’Etat. Sur le plan des résultats réels, rien ou presque.
Tous ceux qui sont attentifs à ce machin fabriqué au profit des jeunes de la mouvance, voient depuis quelques semaines les affiches géantes placardées dans nos grandes villes et demandant aux emprunteurs de venir rembourser leurs dettes. Films et gadgets sont aussi mis en place pour le même objectif. Bien entendu, cet argent que l’on dépense pour demander aux gens de venir rembourser leurs dettes vient de la poche du contribuable, c’est-à-dire de nos poches. Autrement dit, on dépense des millions pour demander aux gens de venir solder leurs dettes. Il n’y a que le régime de la refondation pour jouer à ce spectacle.
Ce sont les derniers avatars de la distribution effrénée d’argent qui a fait rage aux heures chaudes du changement, au moment où, cherchant coûte que coûte un second mandat, le pouvoir avait trouvé ce subterfuge commode pour donner quelque chose à ses activistes jeunes. La conséquence aujourd’hui, c’est que les impayés se sont accumulés. Après des années d’errements joyeux et de tromperies, la raison a fini par l’emporter. Tout le monde s’est rendu compte de la supercherie. La campagne publicitaire menée tambours battants vise à donner le change. Elle permettra de montrer que si le Fonds ne fonctionne plus vraiment, c’est à cause de ces citoyens apatrides qui ne paient pas leurs dettes.
Or, tout le monde en convient, les outils adéquats existent pour éviter de donner 20 millions à un jeune qui n’a jamais géré 100.000 FCFA dans sa vie. A-t-on même besoin d’avoir un doctorat en gestion pour savoir qu’il ne faut réellement financer que les entreprises disposant d’une expérience avérée dans leurs domaines ? Non, en réalité. Pour avoir commis ces fautes que même les entrepreneurs analphabètes ne commettraient jamais, l’Etat s’oblige aujourd’hui à faire la comédie, à financer une campagne publicitaire d’un autre âge pour se faire rembourser. Quelle sera l’efficacité de cette trouvaille ? Souhaitons que sous le coup de l’émotion provoquée par ces affiches géantes comme par les spots publicitaires agressifs, tout débiteur concerné court pour rembourser sa dette. Souhaitons aussi que le nouveau DG du FNPEEJ ne reconduise pas les erreurs de ses prédécesseurs, en mêlant activisme politique et gestion. Déjà, on le voit sur le front du remerciement, front par excellence sur lequel les engagements politiques et les basses flagorneries  finissent par empoisonner la logique et la raison la plus élémentaire.
Mais, tout en fustigeant l’Etat et son incompétence, il faut aussi reconnaître que ces jeunes pseudo-entrepreneurs qui prennent l’argent public ne rendent service ni à l’Etat ni à eux-mêmes. Même s’ils n’ont profité que du grand désordre orchestré sous les parapluies du changement. Revoir ce système de prêt sans tuer l’initiative d’un fonds dédié à l’entrepreneuriat revient ainsi à le débarrasser de tout amateurisme en l’éloignant le plus que possible de la politisation à outrance qui l’a ruiné.

Par Olivier ALLOCHEME

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