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Le triomphe de la vérité

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Edito: Pardon et dégâts


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La réconciliation s’opère lentement entre les vieux copains du K.O de 2011. L’un a financé l’autre mais la gestion de la victoire a tourné au cauchemar. A l’heure de la paix dite des braves, je me pose des questions simples.

Pourquoi seulement maintenant ? Parce que les enjeux de la table ronde des investisseurs qui aura lieu en juin prochain sont colossaux. Le Bénin recherche 5629 milliards de FCFA à investir dans les infrastructures. Il faut, pour cela, un climat favorable en vue de rassurer tous les investisseurs sérieux. L’affaire Talon accuse les rapports entre le secteur privé et l’Etat, notamment dans la capacité de celui-ci à écraser celui-là. Du fait de sa puissance excessive, l’Etat au Bénin a réussi en huit ans à fragiliser les fondements mêmes de la morale publique, faisant passer les humeurs présidentielles au-dessus des normes les plus élémentaires. Marches, messes et meetings, la funeste trilogie des 3M, exposent l’irrationalité de l’espace public transformé en une artère de nonsense. Tous ceux qui ont de l’intelligence ont pu constater l’affaissement généralisé du sens de par l’envahissement de l’espace public par la horde des griots du roi en quête de strapontin et de prébendes. La république s’étiole et se désagrège aux mains de cette engeance éhontée et impudique.

Et tout cela prend un relief particulier lorsque l’on décide d’inviter les investisseurs à venir fructifier leurs avoirs sur ces terres où fleurissent comédie de cour, caprices du roi et concert émoustillé des courtisans accourus. Non, ces gens sont habitués à évaluer les opportunités et les menaces par le biais non pas des décorations loufoques qu’on leur décerne, mais à l’aide d’études sérieuses menées par des cabinets spécialisés. Montrer patte blanche dès maintenant pourrait contribuer à apaiser leurs craintes pour ne pas faire fiasco en juin. Nous parlons bien de 5629 milliards de FCFA !

A cet argument (économique) pourrait bien s’ajouter celui juridique. Le renvoi de l’affaire devant la chambre d’accusation de la Cour d’appel ravive une autre procédure susceptible de conduire à d’autres non-lieux humiliants et autrement plus irréversibles.

Ajoutons aussi la dimension familiale. Tous ceux qui sont proches de Yayi le savent, sa famille est déchiquetée, en lambeaux. Bon nombre de ses parents de Tchaourou et de Parakou le tiennent pour un monstre sans cœur. Pour avoir été capable de faire jeter en prison sa propre nièce qui était considérée presque comme sa fille, il s’est attiré les foudres de sa sœur, la mère de Zoubey. A coup sûr, l’après 2016 sera pour lui difficile à gérer, sauf s’il parvient à recoudre les liens brisés de la fraternité au sein de sa famille. Boni Yayi avait besoin d’une petite lucarne pour sauver sa famille déchirée. Il l’a trouvée dans la décision de la Cour suprême qui relance la procédure. Il l’a trouvée aussi dans la lettre de Talon.

Cette lettre existe-t-elle ? Si oui, que dit-elle concrètement ? Jusqu’ici, les bribes qu’on en a proviennent de Boni Yayi et surtout de l’interprétation qu’il en fait. Soit. Si Talon a été capable de négocier en douceur, à l’insu de ses lieutenants et même de ses avocats, c’est qu’il sait mieux que quiconque les graves conséquences que cette affaire a pu générer sur ses affaires. Sodéco en proie à une guéguerre dévastatrice, Bénin Control fermé, AIC fermée, il a certainement pris la mesure de ses pertes. Autant il a le droit de sauver ses biens, autant ses défenseurs acharnés se retrouvent aujourd’hui dans un bien curieux embarras. Candide Azannaï, Sacca Fikara et les autres sont comme ridiculisés par la ruse de Talon qui renoue avec son vieux copain du K.O. Les deux ont su s’entendre par le passé pour que soient signés PVI et consorts. Ils ont su s’entendre pour que les élections soient financées et les dividendes de leurs « affaires » communes soient partagés. Pourquoi ne le feraient-ils pas aujourd’hui ?

Oublions la morale, cette barrière des imbéciles ! Oublions la décence, ce pauvre paravent des gens qui ne font rien ! Parlons affaire.

Et si décidément il fallait mettre les affaires au-dessus de tout, il faut maintenant souhaiter que les entreprises de Patrice Talon rouvrent leurs portes afin de redonner le sourire à tous ces employés renvoyés au chômage, depuis de trop longs mois. Et personne n’en voudra à Talon ni à Yayi d’avoir fait la paix des braves. A condition de ne plus recommencer les accords bancals ayant conduit aux soubresauts de la République.

Par Olivier ALLOCHEME

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