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Le triomphe de la vérité

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Edito: Populisme


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logo netLe Chef de l’Etat s’est offert en spectacle samedi à Calavi. On ne sait pourquoi, mais il lui a semblé absolument nécessaire de se promener à pieds à Togoudo, Womey et Calavi Centre, en faisant mine d’inspecter les travaux de pavage et d’assainissement entamés dans cette commune depuis plus de cinq ans. C’est à croire que c’est seulement maintenant que le Président de la République se réveille à la réalité de ces travaux qui menacent dangereusement de n’être que des éléphants blancs.
Non, ce n’est pas seulement maintenant qu’il se réveille. Lui qui a nommé Irénée Agossa, Conseiller Technique chargé du suivi de l’exécution des projets initiés par le Gouvernement sur toute l’étendue du territoire national. Lui qui a nommé des ministres suivant leurs origines régionales. Lui qui a à disposition tous les services de renseignements. Lui qui est en mesure d’ordonner la mise sur pieds d’une commission d’enquête à tout moment. Lui donc qui a tous ces pouvoirs ne peut  ignorer qu’une bonne partie des chantiers lancés à grands cris par ses soins sont aujourd’hui abandonnés ou tournent au ralenti faute de financement. Dans quelques cas, les entrepreneurs qui ne sont devenus entrepreneurs que du fait de quelques hauts placés désireux de capter les rentes publiques, disparaissent avec   les avances mises à leur disposition. Dans la plupart des cas, les difficultés de décaissement des fonds expliquent les lenteurs et parfois les abandons. Aucun ministre ne peut l’ignorer, encore moins le Président de la République lui-même.  Mais alors pourquoi entre-t-il si hypocritement dans les quartiers ? A la recherche des travaux abandonnés ? En quête de popularité ? Ou pour tester sa popularité ?
En réalité, derrière le bon sens et la bonhommie apparents du Chef de l’Etat, se cache une grande malice. Aucun homme politique ne se livre à ce spectacle s’il n’a en face  de lui des enjeux déterminants. D’autant que  depuis toujours ces opérations de plongée dans le peuple ne participent que d’un souci stratégique de rapprochement avec le bas-peuple. Bientôt, on louera son humilité légendaire, bientôt on saluera le grand homme venu s’enquérir « personnellement » des  problèmes de ses concitoyens. C’est trop beau pour être vrai.
Le fait est que ces opérations se sont multipliées ces temps derniers. Il y a quelques jours, ce sont les populations de Cadjèhoun qui ont été surprises de voir le Chef de l’Etat faisant un semblant de jogging un beau matin, flanqué  de ses gardes du corps. Les quolibets et autres sifflements des riverains ne l’ont certainement pas dissuadé de répéter son one man’s show sous une autre forme à Calavi. Le résultat concret de ces promenades, c’est que ce samedi, Boni Yayi a décidé d’accorder un ultimatum d’un mois et demi à tous les entrepreneurs ayant des chantiers dans la commune afin qu’ils achèvent leurs travaux. C’est une fermeté tardive dont nous pouvons nous passer. L’on n’a pas besoin de menacer les entrepreneurs des foudres de la République, si tant est que les contrats signés avec eux sont respectés par la puissance publique. Les services de l’Etat sont-ils aussi impuissants pour que ce soit le Président de la République en personne qui soit obligé  de se livrer à cette  fermeté d’emprunt ?
Le fin mot de toute cette campagne présidentielle doit être recherché dans l’audience accordée quelque temps plus tard aux élus locaux au palais de la présidence. La proximité qui se développe avec les citoyens à la base a visiblement pour but de montrer à la population des électeurs le souci du Président. S’il n’y avait la répétition devenue mécanique du refrain sur le respect de  l’article 42 de la Constitution portant  sur les deux mandats  éliminatoires, l’on aurait pu parier une nouvelle stratégie pour 2016.
Mais en réalité, ce coup-ci entre bien dans le cadre du prochain scrutin. Et l’audience avec les maires n’en est que le signe le plus éloquent.   Boni Yayi est déterminé à peser de tout son poids pour arracher une majorité écrasante de mairies afin d’être déterminant encore pour les législatives. Et les députés contestataires qui ne maîtrisent pas leurs bases sont voués au sabordage.

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