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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Sg/SYNTRAPAC, Urbain Kanlinsou: De troublantes révélations pouvant conduire à la paralysie du port


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Sg Syntrapac, Urbain Kanlinsou netÇa ne va pas au Port autonome de Cotonou. Les travailleurs sont fâchés et font des révélations par la voix du secrétaire général de leur syndicat, le Syndicat national des travailleurs du Port autonome de Cotonou (Syntrapac),Urbain Kanlinsou. Il a dénoncé un certain nombre d’actes qui, aujourd’hui, freinent le fonctionnement de la société. Leurs cris de cœur pour corriger le tir ont été sans réponse de la part du gouvernement depuis quelques semaines. Au regard du silence du gouvernement qui ne cesse de s’impliquer de façon malsaine dans le fonctionnement de l’entreprise, ils projettent un sit-in pour ce jour, lundi 05 mai, pour manifester leur désarroi.

L’Evénement Précis : Alors, monsieur le secrétaire général du Syntrapac, ça grogne au Port autonome de Cotonou. Quelles en sont les causes ?

SG/SYNTRAPAC, Urbain KANLINSOU : Ça grogne vraiment au port de Cotonou. Et  je crois que nous sommes tout au début. Dans les prochains jours, vous verrez comment les choses vont se dérouler. Le gouvernement de notre pays est en train d’asphyxier financièrement l’entreprise qui est le port autonome de Cotonou. On est en train de supprimer  tout ce qui est redevance au sein de la société. Là, nous nous sommes dits, trop c’est trop et qu’il faille enfin parler. La mauvaise gouvernance a déjà commencé par les quatorze milliards de francs Cfa, le ticket d’entrée du groupe Bolloré. C’est un montant que le groupe Bolloré avait payé pour pouvoir mener ses activités au port de Cotonou. Mais, ce qui s’est passé est que, avec ce montant, on devait financer les travaux confortatifs. Il est vrai que les quatorze  milliards ne suffisent pas. Au moins, ils pouvaient contribuer à un niveau donné à la réalisation des travaux. On était là, un jour, quand le gouvernement a écrit pour dire qu’il faut renvoyer les sous dans les caisses de l’Etat, au Trésor public. Et que le moment venu, lorsqu’on va vouloir démarrer les travaux, qu’ils vont  débloquer les sous. Aujourd’hui, le port autonome de Cotonou est obligé d’aller sur le marché financier pour pouvoir emprunter de l’argent afin de financer les travaux. Les quatorze milliards n’ont pas été reversés au port. On en était là quand on a amené un opérateur économique pour gérer les entrées. Et au lieu de 5.900fcfa que le port percevait, on a amené cette redevance à 10.000fcfa. Et dans ces 10.000fcfa, le port n’a que 1.500fcfa alors que c’est le port qui assure l’entretien des infrastructures. Quand les camions rentrent, ils passent sur des pavées. C’est  le port qui assure la maintenance de ces pavées, le bord à quai, le dragage et autres. Et dites-vous que nous sommes entrain de vivre une période de délestage. Aujourd’hui, disons que c’est le port même qui produit son courant. Il faut comprendre que c’est la société même qui prend le gas-oil. Donc, vous constatez qu’on a besoin de ressources afin de faire face à ces besoins et charges. Malheureusement, on constate que l‘Etat vient maintenant diminuer les ressources et les travailleurs du port sont révoltés.

Mais, c’est rare de vous voir en lutte comme les autres syndicats ?

Nous, nous sommes un syndicat responsable et savons que nous travaillons dans un secteur stratégique. C’est pourquoi nous n’aimons pas aller en grève comme les autres travailleurs. Mais, il semble que le gouvernement a utilisé cela comme faiblesse et fait ce qu’il veut de la société.  Je vous donne un autre cas, la société « Nouvelle cimenterie du Bénin » (Nocibe) fait passer ses marchandises par le port  de Cotonou sans payer un franc alors qu’on n’est pas subventionné. Le port ne reçoit pas de subvention  de l’Etat, au contraire, c’est l’Etat qui vient soutirer des ressources au niveau du port pour financer la piraterie et autres choses. Mais,on nous refuse de prendre les redevances qui devaient revenir au port pour une entreprise privée. Ce sont des choses qui ont fait sortir les travailleurs de leurs gongs.

Alors, l’autre sujet qui fâche les travailleurs est relatif au choix des directeurs généraux du port qui ne sont pas souvent de la maison. Qu’en est-il exactement ?

Non seulement l’Etat veut asphyxier les finances du port, mais il veut le tuer. Faites un peu le point avec nous. En huit ans que le président  Boni Yayi est venu au pouvoir, nous avons connu huit directeurs généraux. Cela veut  dire que la moyenne donne douze mois par directeur. Qu’est-ce qu’un directeur peut faire en douze mois ? Il a à faire son organigramme et le plan d’actions, quand va-t-il l’exécuter ? Ce n’est pas possible. Cela veut dire tout simplement que le gouvernement n’aime pas le port et ne veut que le tuer.

Les directeurs généraux sortent souvent du néant, c’est-à-dire, qu’ils ne sont pas souvent de la maison portuaire.

 

Effectivement, les directeurs générauxqui passent par ici ne sont pas, pour la plupart, du port. Et je ne sais pas ce qu’il veut puisque c’est lui qui les nomme. Et je vous dis que la politique aidant, on peut prendre un planton pour venir diriger l’entreprise et c’est ce qui se passe aujourd’hui chez nous. Etre directeur général au port, c’est un métier qui s’apprend.C’est pourquoi même si tu as n’importe quelle formation et que tu arrives au port, il y a une formation supplémentaire qu’on doit te donner. On ne prend pas n’importe qui pour diriger un hôpital. Il ya  une formation et c’est ce qui se passe exactement avec notre entreprise.

Que comptez-vous faire par rapport à cette manière de faire ?

Nous avons déjà écrit au président de la république qui n’a pas la vraie information. Une certaine société vient nous dire à travers une émission télévisée que c’est elle qui est venue réorganiser les camions au port. Je m’inscris en faux. C’est une insulte pour  le chef de l’Etat. Je m’explique. Le chef de l’Etat est toujours au port et c’est lui, est collaboration avec les travailleurs, qui ont organisé l’entrée et la sortie des camions qui ne font plus aujourd’hui huit (08) heures à l’intérieur du port. Mais, cette société vient dire que tout est automatique dans l’enceinte portuaire. C’est faux. Rien n’est automatique comme c’est chanté sur les ondes. Ce qui est grave est que d’ici à un (01) an, si on ne fait rien, le port de Cotonou sera déclassé parce que nous avons organisé la chose de telle manière que quand tu rentres dans l’enceinte, tu vas directement vers  ta marchandise. Mais, aujourd’hui, c’est le cafouillage. Les badges ont été réalisés vraiment pour indiquer l’endroit où tu dois aller. Aujourd’hui, c’est un papier qu’on délivre aux transporteurs et ils rentrent comme ils veulent.

Que voulez vous à travers votre lettre au chef de l’Etat ?

Nous travailleurs du port autonome avons écrit au chef de l’Etat pour lui demander une audience. C’est vrai, qu’il nous avait déjà reçus une fois. Et lorsqu’on s’était vu, il a compris la pertinence de nos revendications et sur le champ, il a donné des instructions et tout a été réglé. C’était au temps du ministre Valentin Djènontin. Nous voulons exactement la même chose. On va lui dire tout ce qui ne va pas. Comment le port veut être asphyxié et, bientôt, on sera obligé de fermer nos portes.

Mais, vous projetez un sit-in pour le lundi. Pourquoi ?

Oui, c’est pour manifester notre mécontentement. Les travailleurs seront là très mobilisés pour dire non à la mauvaise gouvernance. On a écrit, il y a au moins une semaine. Or, vous n’êtes pas sans savoir comment fonctionne le palais. Les problèmes sont mis dans les tiroirs par les conseillers et autres cadres.

Propos recueillis pas Emmanuel GBETO

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