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Le triomphe de la vérité

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Edito: Connaissez-vous Mathias Gbèdan ?


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Les derniers seront les premiers. La maxime biblique utilisée pour encourager les novices à faire leur entrée dans la foi chrétienne n’est plus une vue de l’esprit au sein des maires FCBE. Mathias Gbèdan, le maire de Sèmè Kpodji leur a ravi la vedette.

        Sans contestation aucune, ce transfuge du PRD est devenu aujourd’hui le porte-flambeau des FCBE. Alors que personne ne l’y attendait, le tonitruant maire de Sèmè a supplanté ses autres collègues dans le tapage pro-Yayi. « Je suis dans la joie, une joie immense… ». Sa ritournelle qu’il poussa en 2009 aux lendemains de son triomphe à la tête du conseil communal de Sèmè-Kpodji sert de référent pour l’identifier. Un triomphe qu’il doit du reste à une extraordinaire pichenette qu’il fit au PRD pour se retrouver dans la maison FCBE dont il était pourtant censé être un adversaire résolu. Ce n’est pas aux Béninois qu’on fera un cours de realpolitik. Notre histoire politique récente est parsemée de ces coups de pieds à la morale et à l’éthique, mais qui permettent à leurs auteurs de se faire leur sucre dans le giron présidentiel. Il ne fait pas bon être opposant quand on est maire.

        A preuve, son dribble monumental lui a permis d’arracher une majorité suffisante (13 sur 25) pour continuer à diriger la commune, alors que le PRD s’apprêtait à hisser son candidat. Sa fourberie de dernière minute a montré un homme de grande maîtrise tactique doublé d’un sens aigu de l’opportunité. On ne lui reprochera pas d’être un opportuniste. « Je suis dans la joie… »

        Depuis lors, Mathias Gbèdan vogue sur les eaux tranquilles de la mouvance, lui qui a frôlé la destitution à plusieurs reprises avant son coming out de 2009. Il a même réussi le tour de force de devenir Président du Collectif des maires de la mouvance présidentielle et… champion dans les louanges à Boni Yayi. Les panégyriques que le maire tresse au Chef de l’Etat ne font plus sourire, en effet. Plus que beaucoup, il sait comment fonctionne le système Yayi où l’on ne prospère qu’à force de loufoquerie et de flagornerie à la gloire du maitre du changement refondé.

Il a appris la leçon à la vitesse « grand V ». Son acharnement et son enthousiasme ainsi que les résultats successifs qu’il aligne pour sa commune, permettent de soutenir avec lui qu’aucun maire ne peut être dans l’opposition s’il veut réellement bénéficier des projets d’investissement publics.

C’est un odieux chantage qui vaut pourtant son pesant d’or. Ce chantage explique largement l’état d’esprit des maires qui entrent précipitamment dans la mouvance en quête de soutiens pour les projets de développement de leurs communes. Louanges, prières et marches de soutien à Yayi contre électricité, eau courante, routes et ponts. Telle est la terrible équation à laquelle sont conviés tous les maires. Ceux qui ne l’ont pas comprise depuis, se plaignent d’être délaissés ou d’être constamment en face de manœuvres de blocage de leurs projets. Tel Sévérin Adjovi. Le maire de Ouidah n’a pas encore fait son entrée dans les FCBE. Et ses déclarations de dimanche sur Canal 3 ne présagent pas d’une quelconque volonté de faire le pas un jour. Son diagnostic sans concession montre clairement l’inimitié que lui voue la mouvance. Le peu de réalisations à mettre à l’actif du gouvernement dans la ville historique de Ouidah, ne sont que des lots de consolation face à des localités comme Sèmè-Kpodji, Kétou ou Bembèrèkè. Sévérin Adjovi fait partie des rares maires qui, comme Saturnin Agbossohou de Toffo ou Innocent Sékou de Ouinhi n’ont pas fait le pas de la mouvance présidentielle. Et qui en récoltent les inconvénients…

        Environ 62 maires sur 77 sont désormais de la mouvance présidentielle. Et l’objectif non encore rendu public des FCBE, c’est de parvenir à une écrasante majorité de 70 maires, afin d’obtenir un nombre plus élevé de députés aux prochaines législatives. La campagne précoce que fait le gouvernement, en saisissant tous les prétextes, n’en est que visible. L’initiative des conseils des ministres dans les communes, n’est que l’une des voies de recours dans ce championnat politique volontaire et précoce des FCBE.

        Dans cette course qui ne s’achèvera peut-être pas en 2016, Mathias Gbèdan et les autres maires FCBE sont les activistes de la victoire inéluctable qui se dresse sur le chemin des princes du changement refondé.

 Par Olivier ALLOCHEME

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