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Le triomphe de la vérité

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Edito: Au pays des mille scandales


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A chaque semaine son scandale. On parlait déjà du cas des deux milliards de FCFA de la SBEE. A peine en avions-nous fini que survint le scandale de l’hélicoptère présidentiel dont les conditions d’achat posent problème. A peine en avons-nous fini qu’apparait l’affaire de la route des pêches. Cette fois-ci, ce sont deux gros pavés qui sont jetés dans la marre du gouvernement. D’une part, il y a la mise à nu d’un énorme scandale sur la route Akassato-Bohicon par le syndicat du ministère des travaux publics, et, de l’autre, le feuilleton à peine naissant, des exonérations exorbitantes et franchement insultantes dont aurait bénéficié la Nouvelle cimenterie du Bénin (NOCIBE) pour une durée de quinze ans. La Nouvelle cimenterie du Bénin installée à Adja Ouèrè est, aujourd’hui, dans le viseur de certains de mes confrères qui ont découvert dans le montage du contrat passé entre elle et l’Etat de grosses pierres que personne ne pouvait soupçonner jusqu’ici.

        Après la horde des scandales de Yayi I, voici donc celle de Yayi II.  Seulement, cette fois-ci, la cadence vertigineuse de ces grands bruits, traduit plus que jamais les errements de la gouvernance que l’on disait déjà chaotique. Ce qui importe ici, c’est moins les scandales eux-mêmes que leurs répercussions politiques.

        Les peuples d’analphabétisme notoire bercés par les louanges et flagorneries des pontes au pouvoir ne perçoivent pas vraiment la nécessité de se révolter contre les prévarications des princes qui les gouvernent. Pourvu que routes et ponts soient construits, pourvu que quelques dignitaires reçoivent leur part du « gâteau », et la messe est dite. Dans le contexte d’une démocratie minée par la corruption électorale, le régionalisme primaire et ses corollaires, les scandales qui nous assaillent sont perçus dans leurs variantes identitaires. Accuser tel cadre d’avoir commis telle déviance, c’est comme accuser les ressortissants de sa région. Cette solidarité dans le mal s’est exprimée tout récemment encore lorsqu’a éclaté le dernier scandale de la SBEE. On accusa Yayi de ne s’en prendre qu’aux seuls cadres du Sud, certains allant même jusqu’à prendre le Mono comme la victime de l’acharnement du Chef de l’Etat.

Tous ceux-là ont peut-être raison d’y percevoir les relents régionalistes du pouvoir. Le nettoyage sélectif qui s’opère n’échappe à personne. Et nous voici retombés dans les débats politiques qui cachent si bien l’essentiel : Qui a fait quoi ? Qui donc mérite quelle sanction ? En mêlant la sauce politique aux actes réels de prévarication, le public béninois refuse incidemment de répondre à ces questions essentielles.

        Faute d’y avoir répondu, les pontes du yayisme s’exposent à n’en point douter au retournement du bâton. S’il est vrai que les scandales qui pleuvent aujourd’hui restent impunis, il est tout aussi vrai qu’un jour vient où ils seront sortis des tiroirs. Et alors, personne ne pourra empêcher le glaive de la justice de tomber sur les têtes.

        C’est en analysant cette perspective qui s’annonce au soir de 2016, que certains voient l’avenir de Yayi derrière les barreaux. Oui, derrière les barreaux. Il est impensable, en effet, que tous ces scandales qui pleuvent ne touchent jamais, du moins au plan judiciaire, le premier des Béninois, celui-là même qui détient tous les leviers du pouvoir et qui reste capable d’empêcher que ces actes malheureux surviennent. Et l’on peut le soupçonner de chercher à se maintenir par tous les moyens au pouvoir au-delà de 2016, pour sécuriser ses arrières. Bénéficier d’une amnistie tacite, à la façon de Mathieu Kérékou en 1990, pourrait n’être que la clé de son départ dans deux ans. Car, tant que Yayi aura le sentiment qu’il coulera le restant de ses jours en prison pour les scandales qui noircissent aujourd’hui son régime, il rendra difficile toute succession.

        Au demeurant, certains esprits malins trouvent qu’il s’activera au contraire pour installer un fantoche dans le fauteuil présidentiel, en restant derrière le rideau comme le chef d’orchestre du futur régime. Un jeu déjà connu avec le tandem Poutine-Medvedev en Russie. Cette perspective aussi n’est pas moins plausible que celle, plus probable, qui veut qu’il finisse par trouver un modus vivendi avec le futur locataire de la Marina afin de rester intouchable après 2016.

        Il pourrait même poser cette condition comme incontournable avant de quitter le pouvoir. La succession des scandales l’expose en tout cas à un avenir si mouvementé après le pouvoir qu’on se demande comment il pourrait s’en sortir sans un coup de semonce à la fin de son règne.

Par Olivier ALLOCHEME

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