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Le triomphe de la vérité

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Edito du 11 avril 2014: Le grand voisin de l’Est


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Le Nigeria est devenu cette semaine la première puissance économique du continent et la 26ème plus grande économie au monde. Selon les nouvelles statistiques rendues publiques par le Bureau national de statistiques du pays, le Nigeria a enregistré un PIB de 510 milliards de dollars en 2012, dépassant les 384 milliards de dollars de l’Afrique du Sud en 2012.

Il s’agit assurément d’une information de première main pour le Bénin. Vantant toujours sa proximité avec ce « géant de l’Est », le Bénin aura désormais un argument de taille pour attirer les investisseurs. Etre à côté de la première économie du continent qui est, en même temps, le pays le plus peuplé d’Afrique, voilà qui devrait servir à améliorer l’investissement étranger chez nous.

            D’autant que le pays même fait face à d’énormes problèmes sécuritaires dont le plus grave reste les menaces de la secte Boko Haram. Les problèmes de gouvernance, les infrastructures en piteux état, la corruption endémique ainsi que la pauvreté demeurent également des freins à la prospérité. De fait, la première place obtenue au plan du PIB est insuffisante pour montrer la complexité d’un pays qui nous attire et nous repousse à la fois.

Avec un taux de croissance moyen de6,8% entre 2005 et 2013, le Nigeria est resté largement au-dessus de la moyenne africaine.Les prévisions de croissance pour2014 sont de 7,4%, selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI). Depuis une dizaine d’années, le pays connait une croissance hors pétrole d’environ 5% et se lance à corps perdu dans une production agricole de grande ampleur.Ce que les statistiques n’avaient pas pris en compte, c’est aussi la croissance remarquable de l’industrie cinématographique avec un Nollywood qui prend ses marques un peu partout en Afrique. Sans compter les télécommunications qui connaissent un boom sans précédent. Malgré tout ceci, le PIB par habitant de l’Afrique du Sud est encore supérieur à celui du Nigeria (1555 dollars contre 7 508 dollars). La pauvreté y sévit encore dans un contexte où la gouvernance trébuche sur de nombreux scandales de corruption. Avouons aussi que l’Etat fédéral ne maîtrise pas tous les leviers de la gestion de ce pays décidément trop vaste pour être gouverné avec rigueur. La naissance et l’ampleur des fondamentalismes rétrogrades qui écument le pays en sont les signes les plus éloquents.

            C’est pour tout cela qu’il faut se demander si le Nigeria n’est pas pour nous plus une menace qu’une véritable opportunité.Abuja qui ne respecte les règles communautaires de la CEDEAO que selon les seules humeurs de ses forces de sécurité,fait vivre des misères à tous les opérateurs économiques béninois ayant opté pour le commerce formel avec le pays. Des barrières fiscales sont érigées pour protéger l’industrie et l’agriculture locales, parfois même au mépris des règles communautaires. Et il est connu que pour aller sur ce marché, il faut se doter d’une bonne dose de corruption. D’où d’ailleurs la mort précoce de notre fameuse zone de coprospérité bénino-nigériane créée en 2007.

On sait toutefois l’impact direct de l’économie nigériane sur celle du Bénin. Si l’on parle beaucoup de l’informel qui en constitue la part la plus importante, on parle beaucoup moins de ces bonnes dames en provenance des villes frontalières qui viennent s’approvisionner de façon régulière sur nos marchés. A Dantokpa ou ailleurs, elles constituent des mannes que les commerçantes béninoises attendent avec impatience.

Au-delà de tout ceci, les autorités d’Abuja ont des ambitions qui doivent nous faire réfléchir. Le nouveau port de Lagos, actuellement en construction risque d’avoir des répercussions sur celui de Cotonou, de par son gigantisme et les capacités qu’on lui prête. Et si le Port de Cotonou est touché, c’est tout le commerce de réexportation qui sera mis à mal, alors qu’il fait près de 90% des activités commerciales licites du Bénin avec le Nigeria. On n’oubliera pas non plus que le pays est en pleine réforme politique et économique. Les actions énergiques de la ministre des finances Ngozi Okonjo-Iweala,constituent un gage pour le futur. Femme de fer, elle ne lésine pas sur les moyens pour remettre en marche l’appareil de production miné par les années Abacha.

Pour nous aujourd’hui, le nouveau statut de première économie africaine fera regarder le Bénin autrement. Du moins, peut-on l’espérer, surtout si nous faisons l’effort de suivre le nouveau souffle qui vient d’Abuja.

Par Olivier ALLOCHEME

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