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Le triomphe de la vérité

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Edito du 10 Mars 2014: L’avenir du PRD


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Les départs successifs des cadres du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) ne resteront pas sans conséquence sur la troupe de Maitre Houngbédji. Tentant comme toujours de minimiser la portée de ces événements, les responsables du parti ne veulent pas faire croire que la démission de Moukaram Océni a ébranlé de quelque manière que ce soit son assise au sein de la population, notamment à Porto-Novo. « Ce n’est qu’une feuille morte qui est tombée », ont dit certains, soulagés de cette démission somme toute attendue.
Curieusement, ces commentaires ressemblent à ce que l’on a entendu aux lendemains du départ de l’ancien secrétaire général du parti, Timothée Zannou en 2006. A l’époque, l’ancien Secrétaire général avait accusé directement Maitre Houngbédji de l’avoir contraint au départ, s’attirant du coup la foudre de son remplaçant au même poste, Moukaram Badarou. Dans sa lettre de démission, Thimothée Zannou disait notamment de son successeur : « le Secrétaire général me parait comme un garçon manipulé bêtement aux ordres de HOUNGBEDJI. C’est comme un porcelet qui demande à sa mère la truie, pourquoi son grouin est si long, celle-ci lui répond qu’avec l’âge, il va comprendre. Moi j’ai servi très fidèlement HOUNGBEDJI pendant seize ans (16) ans….. il aura le temps de comprendre. » Et effectivement, en juin 2011, à la surprise générale, le même Moukaram Badarou sort du parti en accusant le même Houngbédji, stigmatisant entre autres le « dysfonctionnement récurrent des organes du parti » et «la profonde divergence (…) sur la morale en politique et plus spécifiquement du sens de la parole donnée». On aura retenu surtout que, selon lui, le président du parti est un autocrate, qui a horreur du travail en équipe et qui prend seul les décisions engageant la vie du PRD.
Que dire du départ de Joël Aïvo, Directeur de cabinet de maître Houngbédji, lui aussi parti en 2011 ? Même s’il n’eut jamais le courage de révéler publiquement les raisons profondes de son désamour vis-à-vis de son mentor, l’on pressent des divergences orageuses qui n’ont pu jamais être résolues. Résolument engagé dans l’opposition, le parti ne pouvait en réalité qu’assister à cette hémorragie inévitable dans un contexte béninois essentiellement marqué par le vide idéologique que l’on sait. Le tout est de savoir dans quelles conditions ceux qui s’en vont finissent par lâcher les amarres.
Le départ du maire de Porto-Novo est lié aux accointances qu’on lui prête à tort ou à raison avec le régime. Le premier citoyen de la capitale est, en effet, très avare en critiques vis-à-vis du pouvoir. Ce qui ne peut que se comprendre aisément, étant entendu que tous les élus locaux soucieux d’avoir un bilan respectable sont tenus, dans le contexte actuel, de faire le jeu du pouvoir. Qui accuser ? Certainement le pouvoir Yayi qui, non content de disposer déjà d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale, ne s’embarrasse pas pour contrôler l’écrasante majorité des conseils communaux et municipaux. Les méthodes employées pour cela sont à recruter dans celles utilisées par les chasseurs en pleine jungle. Résister à cette machine relève de la gageure.
C’est pourquoi, tous ceux qui accusent Moukaram Océni d’avoir cédé aux mirages de la Marina me semblent avoir oublié les pratiques en cours sous le changement refondé.
Cependant, l’on doit se demander ce qu’il adviendrait du parti de maitre Houngbédji avec cette saignée continuelle des cadres, au moment décisif où 2016 s’annonce comme un rendez-vous aux enjeux complexes. Pour la première fois depuis 1991, le parti n’aura pas Houngbédji comme candidat. D’où la nécessité de disposer d’un homme ou d’une femme qui réalise le consensus au sein du bureau politique du PRD. Alors, qui prendre ?
A vrai dire, le président, lui-même, joue la survie de sa formation politique. Et c’est précisément parce qu’il le sait qu’il a affirmé lors de sa récente sortie à Ifangni que le PRD aura bel et bien un candidat pour 2016. A moins que tout cet activisme ne s’inscrive réellement que dans le cadre de la pression dont il a besoin pour obtenir le soutien nécessaire de l’Etat dans le cadre de sa candidature à la tête de l’OIF. Il voudrait peut-être obliger Yayi à se débarrasser de lui en faisant sa promotion au loin. Pour avoir un opposant en moins…

Par Olivier ALLOCHEME

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