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Le triomphe de la vérité

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Edito du 07 mars 2014: La banque portable


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C’est littéralement ce qu’on peut appeler une révolution technologique. Dès le mois prochain, ce sera possible de payer ses factures d’électricité par téléphone portable. La SBEE généralise une expérience en cours depuis plusieurs mois et qui existe déjà dans certains pays africains comme la Côte-d’Ivoire et le Cameroun. Finies les longues files d’attentes aux guichet set leurs corollaires énervants et humiliants. Vive le mobile banking.

Cette technologie apparemment banale mais redoutablement efficace est pourtant d‘invention africaine. C’est en effet au Kenya qu’est née en mars 2007 le mobile banking.Développé entre 2003 et 2006 par la société Sagentia, ce qu’on appelle là-bas le M-Pesa a été réellement commercialisé à partir du 06 mars 2007, c’est-à-dire depuis sept ans seulement. La société Safaricom est ainsi devenue leader mondial du mobile banking, faisant du Kenya le « laboratoire des services financiers de demain » pour parler comme Séverine LEBOUCHER(Revue Banque, mai 2012). Désormais une bonne partie des adultes Kényans sont détenteurs de comptes bancaires via le mobile banking. Ce sont surtout les personnes à revenus modestes qui ne sont pas prises en compte par les banques classiques ni les institutions de micro-finance. Le M-Pesa a prouvé que ces revendeuses de marché, ces petits agriculteurs du fin fond de leurs villages, ces éleveurs nomades au long de leurs campements mobiles pouvaient eux aussi être intégrés dans un système bancaire alternatif. Personne ne les avait prévus au guichet des banques. Aujourd’hui, le taux de bancarisation frôle les 50%, le Kenya arrivant en deuxième position sur le continent africain, derrière l’Afrique du Sud (54 %), mais devant le Maroc (39 %) ou le Nigéria (30 %), qui abritent pourtant tous deux de puissantes banques.  

          On ne compte même plus les applications de ce système original : billetterie dans les agences de voyage, utilisation pour l’achat de cartes de recharge ou dans le commerce ordinaire, tout y passe. L’année dernière encore Total et Orange Money sont parvenus à un accord dans douze pays d’Afrique. Les utilisateurs d’Orange Money paient leur carburant par téléphone portable. Il leur suffit de créditer leur compte téléphonique grâce à des applications mobiles de plus en plus simples et sécurisées.La R.D. Congo a même décidé de payer le solde des militaires par le mobile banking.

          Bien sûr, les arnaqueurs sont au rendez-vous avec l’ingéniosité qu’on leur connaît. En Ouganda, en Tanzanie, au Nigeria ou au Kenya même, des individus ont trouvé le moyen de gruger les utilisateurs, avec parfois une habiletédéconcertante.L’autre goulot d’étranglement (en est-ce vraiment un ?), ce sont les sociétés de transfert d’argent. Western Union, Money Gram et autres Mastercard et Visa ont beaucoup de soucis à se faire. MasterCard, géant américain de la carte bancaire, a annoncé l’année dernière la commercialisation d’un portefeuille électronique avec pour ambition d’offrir une suite de solutions de paiement sur internet, accessible via un Smartphone, « facile, sûre et interopérable » sous la marque Masterpass. Quant à son grand rival Visa, il a eu l’idée de développer avec Samsung une application mobile dénommée« Visa pay Wave », utilisable dans les supermarchés.

Mais il y a surtout le système bancaire lui-même qui est ébranlé. Le moyen de paiement de demain est bien le mobile. Les banques en sont bien conscientes. En zone UEMOA, par exemple, la BCEAO a totalement verrouillé le système, rendant obligatoire l’adossement de toute opération de banque mobile à une banque physique. Nous sommes loin du modèle kényan parti d’une expérience tout à fait indépendante pour être aujourd’hui solidement encadrée par la banque centrale. Cette grande flexibilité a été sans doute la clé du succès de l’expérience kényane et celle de l’échec des autres.

Les banques ont peur notamment d’être avalées par la grande vague qui se déplace vers les opérateurs téléphoniques et quelques développeurs d’applications mobiles.

L’utilisation du mobile banking par la SBEE et peut-être sa généralisation dans d’autres opérations courantes ouvrent ainsi de nouveaux horizons. Ce sera un puissant vecteur de création d’emplois, comme il  a servi ailleurs à sortir de la précarité des couches sociales marginalisées. Mais de la coupe aux lèvres, il y a bien un fossé. Gageons que l’avenir réserve à cette technologie des succès qui impacteront durablement la vie de tous.

Par Olivier ALLOCHEME

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