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Le triomphe de la vérité

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Edito: SOS sapeur pompier


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logoL’impasse dans laquelle se retrouvent les négociations gouvernement-centrales et confédérations syndicales était bien prévisible. Les distances entre les positions des deux camps sont trop grandes pour que l’on ait tout de suite un dégel de la situation. Avec les dernières déclarations des deux camps, il faut même se demander sur quel point d’accord ils pourront bien s’entendre.
Le gouvernement continue de marteler sa volonté de maintenir les défalcations opérées et banalise les revendications liées aux libertés. Pour les syndicalistes, la condition sine qua non du dégel reste la restitution des fonds défalqués et les autres revendications jugées minimales sur lesquelles la grève avait démarré. Il faut penser que les deux parties pourront s’entendre sur la présence ou non de l’UNSTB et de la CSUB : c’est pratiquement la seule concession que le régime peut faire pour le moment. L’on voit clairement que l’impasse est encore profonde, si profonde qu’il faut se demander qui pourrait bien recoudre le fil de la confiance et de l’entente.
J’ai pensé un moment aux confessions religieuses. Avant de me rendre compte qu’une bonne partie des autorités confessionnelles ont perdu de leur crédibilité à force de recevoir des cadeaux à droite et à gauche, et d’être finalement à la solde du gouvernement. Les centrales syndicales ne les respectent pas. L’Eglise catholique restée relativement hors de ce champ, n’a pas la confiance de Boni Yayi. Il soupçonne à mots couverts évêques et archevêques d’avoir bu à la source de l’ennemi public numéro 1. Ce qui a d’ailleurs occasionné la réplique assaisonnée que le palais a faite à la lettre pastorale des évêques en août, qualifiant notamment l’empoisonnement et le coup d’Etat d’événements douteux. Sur le ton de la remontrance, Boni Yayi leur avait répondu : « Je continue de croire que vous auriez réussi à contacter le principal accusé et que vous détenez de ce fait des informations à travers votre déclaration. Je continue de croire que la Conférence Épiscopale ne veut pas à travers cette déclaration se substituer à la justice de notre pays, ou l’influencer dans l’instruction de ce dossier, ou semer le doute dans l’opinion nationale et internationale. »
Ces échanges de bons procédés n’ont pas plu à la Conférence Episcopale dont la riposte feutrée et énergique n’en était pas moins courroucée: « Comment imputer de telles intentions à une Église dont l’un des Prélats, Son Excellence Monseigneur Isidore de SOUZA, a présidé en toute objectivité et désintéressement total les travaux de l’historique Conférence Nationale des Forces Vives de février 1990 ? » Tout cela est encore chaud sous la cendre, si chaud qu’on imagine mal Boni Yayi accepter la médiation des prélats.
A défaut d’eux, s’il fallait penser aux têtes couronnées, il ne faudrait surtout pas oublier qu’elles sont conspuées avec la dernière énergie par les centrales syndicales. Les millions qu’elles reçoivent lors des échéances électorales en ont fait une entité polémique. Il ne faut pas compter sur les Dah qui font campagne ouvertement pour un candidat et qui ne s’embarrassent pas de précaution dans leurs déclarations en faveur du camp présidentiel.
Faut-il alors se tourner vers Albert Tévoédjrè ? Devenu Frère Melchior, le médiateur émérite de l’UEMOA est potentiellement une personnalité neutre. Mais il risque de refuser de faire de l’ombre à son successeur et protégé Joseph Gnonlonfoun qui n’a pratiquement rien réussi sur la scène publique depuis son entrée à la Médiature. Son optimisme débordant de lundi est le signe qu’il n’entend pas rester en marge des efforts actuels de négociation. Et l’apparition de Tévoédjrè sera indubitablement interprétée comme le signe le plus éloquent de son échec. Un camouflet sans nom.
Qui d’autre ? Nicolas Adagbè ? Peut-être. Mais il n’a pu empêcher le fiasco de lundi malgré ses efforts. D’évidence, la maîtrise de la situation lui a échappé dès le début. Ses habits de président du CES, institution dont les syndicats sont membres, devraient lui permettre toutefois de garder la main pour la suite.
Pour le moment, on voit simplement que Boni Yayi est seul à détenir la clé de la crise. Il sait en tout cas que tout échec ce soir expose son pouvoir à un basculement.

Par Olivier ALLOCHEME

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