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Le triomphe de la vérité

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Edito du 24 janvier 2014: Banques en péril


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logoL’affaire Talon a aussi ses conséquences au plan bancaire. Toutes les banques qui se sont retrouvées impliquées dans des prêts aux entreprises de l’homme d’affaires sont aujourd’hui emballées dans de sérieuses difficultés dont l’issue n’est certainement pas pour demain.
On sait le sort qui a été réservé au prêt  de douze milliards octroyé  en 2012 par la BOA à  la Centrale de sécurisation des paiements et de recouvrement (Cspr), une composante de l’Association interprofessionnelle de coton (AIC) du groupe Talon. Le gouvernement a refusé de reconnaitre la dette et, dans la foulée, le ministre des finances (Mathys Adidjatou)  ainsi que le directeur général du Trésor public ont été limogés.  L’administrateur de la CSPR (Bruno Roger Lokossou) a, lui, été arrêté et la procédure suit toujours son cours. La non-reconnaissance de cette dette par l’Etat constitue un os dans la gorge de la direction de la BOA. Même si une procédure judiciaire est en cours, pour le moment, le groupe bancaire se retrouve au-devant de difficultés accablantes dont la moindre n’est pas la dissolution de la CSPR par l’Etat ainsi que la disparition de l’AIC. Où trouvera-t-on l’argent pour rembourser les douze milliards ? La question reste toujours posée, d’autant d’ailleurs, que la confusion titanesque instaurée ne permettra pas à la banque d’entrer dans ses fonds de si tôt.
A cela s’ajoute le dossier PVI dans lequel une autre banque a été engagée pour appuyer Patrice Talon. Avec la résiliation du contrat entre l’Etat béninois et Bénin Control, ce prêt aussi se retrouve dans l’impasse. La disparition (là encore) de Benin Control fait peser des risques d’insolvabilité sur les épaules de Talon.
Et si l’on devrait ajouter à tout ceci les déboires liés à la SODECO et aux autres sociétés d’égrenage qui se sont endettées à égrener le coton lors de la campagne cotonnière écoulée, il faut bien se rendre compte que la trésorerie des banques a été mise à rudes épreuves.
La conséquence directe, c’est le spectre des difficultés qui plane sur la tête des banquiers. Succursales, pour la plupart, de grands groupes bancaires internationaux, ces établissements présents dans notre pays sont gérés suivant des standards qui ne tolèrent que très peu les contreperformances. Mais ici, les opérations mises en œuvre à coups de milliards se sont révélées infructueuses. Les zones d’ombre ne peuvent alors que s’amonceler sur leurs portefeuilles.
La situation est plus critique au niveau de la capacité des établissements à prêter de l’argent à leurs clients et, notamment, aux opérateurs économiques. Ces derniers mois, il est devenu redoutablement difficile d’emprunter de l’argent sur la place bancaire de Cotonou. Les opérations ordinaires  et les projets d’extension des petites et moyennes entreprises sont ainsi hypothéqués. A moins de négocier ailleurs leurs sources de financement, les entreprises béninoises n’ont plus qu’à compter sur leurs propres  trésoreries. Structurellement, il s’agit de périls intenables pour de grands groupes  qui ont constamment besoin d’appuis bancaires pour réaliser leurs projets.  Chacun s’oblige désormais à limiter drastiquement ses ambitions, avec le risque de faire stagner l’activité et de restreindre ses marges.
Mais, c’est l’image du partenariat public/privé qui est sérieusement écornée. Autrefois, les bons de commande délivrés par l’administration publique étaient âprement recherchés par les institutions bancaires de notre pays. Elles savaient que l’Etat payait les entreprises deux ou trois mois après l’exécution des contrats. Aujourd’hui, il faut, parfois, des années pour que l’Etat central et les collectivités décentralisées honorent leurs engagements. On ne compte même plus les entreprises qui ont dû mettre la clé sous le paillasson du fait  de cette pratique. Si l’on peut parfaitement comprendre que les lignes de crédits des projets peuvent bien souffrir quelques déficits, il est tout de même inquiétant que cette situation s’aggrave d’année en année.
La multiplication de ces facteurs anxiogènes rejaillit sur les banques. Elle  les oblige à une gestion prudentielle plutôt rigide, qui ne tient aucunement compte de la trésorerie fragile des entreprises de notre pays. Je laisse deviner les autres conséquences : vulnérabilité à la concurrence étrangère, impossibilité de réaliser des projets d’envergure, restrictions budgétaires, etc.
Et, là encore, il faut prier que les établissements bancaires concernés par la crise n’entrent pas en récession. Sinon…

Par Olivier ALLOCHEME

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