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Le triomphe de la vérité

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Dine Djeriwo Adamou à propos de la quatrième édition du festival Anii: « Notre objectif est de restaurer les danses traditionnelles en voie de disparition dans le pays Anii »


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culuPendant trois jours, les populations de la ville de Bassila ont vu revenir sur scène un certain nombre de  danses en voie de disparition. C’est, d’ailleurs, ce travail que l’association Baobab Concept dirigée par Adamou Dine a entrepris en initiant le festival Anii. Un festival qui a connu sa quatrième édition à Bassila du 27 au 29 décembre 2013 dernier. Le promoteur revient, dans cet entretien, sur les grands enseignements de cette rencontre.  

L’Evénement Précis: Quels ont été les temps forts de cette édition ?

Adamou Dine : Comme vous le savez, l’objectif de ce festival est de restaurer les danses traditionnelles en voie de disparition dans le pays Anii. Dans cette optique, le festival a connu beaucoup de temps forts et d’émotions à l’endroit de la population parmi laquelle on pouvait dénombrer la présence des têtes couronnées comme le roi ACHIBA II de Bassila, celui de Manigri, le maire de la ville et le chef d’arrondissement. En matière de danses traditionnelles, nous avons vu prester, sur scène, plusieurs groupes venus de Bassila et des villages environnants comme Penessoulou, Bodi, Manigri, Nagaylé, Salmaga, Penelan et Kolomi. Le dernier spectacle a été révélateur du fait que la population de Bassila veut découvrir vraiment ses richesses artistiques et culturelles. Cet aspect des choses m’amène à conclure que cette édition délocalisée est une parfaite réussite, en terme d’adhésion des têtes couronnées, des autorités locales, des danseurs et de la population. Il faut aussi signaler que le festival Anii a introduit un axe ludique. Et c’est, à ce titre, que les trophées Anii 2013 ont été décernés aux meilleures équipes du tournoi organisé par le congrès, qui est la grande fête des retrouvailles des populations de l’aire culturelle Anii de Bassila.

Pouvez-vous nous citer quelques danses que la population a revues sur scène et qui ont fait son bonheur ?
Bien sûr. Dans la foulée de l’organisation, une dizaine de danses ont été répertoriées et exécutées. Nous avons entendu des témoignages à ce sujet. Dans notre répertoire, figure la danse « Atchembayo » exécutée pour faire l’éloge des personnalités charismatiques et pour assurer l’éducation de la jeunesse par des récits empreints de morale et d’expériences de vie exemplaires ou amères. Il y a eu aussi la danse traditionnelle « gabata » à travers laquelle on fait la démonstration des forces occultes et la capacité de provoquer aussi la transe. Danse de souplesse physique sur un ton comique, le « Goumbé » véhicule des messages désopilants. Le clan des chasseurs nous a fait la démonstration de la danse « kpokoto ». C’est une simulation des techniques de chasse et une démonstration de forces occultes détenues par les danseurs. Cette danse au cours de laquelle les danseurs ont fait brûler de l’eau a émerveillé le public. La danse « Atimbali » annonce la sortie de grandes personnalités ou leur prise de parole. Il s’agit aussi des louanges à l’endroit de ces éminentes personnalités. Elle occasionne aussi la transe. Les échassiers montés sur de longs bambous ont démontré la maîtrise des techniques d’équilibre et des pas rythmés à travers la danse « gagalo ». Les femmes ont fait parler d’elles par la danse « toro ». En formant un cercle et tapant les mains, elles se cognent les fesses. C’est une danse pratiquée lors des célébrations de mariage. La caste des cultivateurs a fait la démonstration de la danse « biriti ». Elle s’exécute lors des travaux champêtres et reste une source de motivation pour les cultivateurs. « Ikouli » reste une danse rythmée par des flutes et exige souplesse physique de la part des danseurs. Elle transmet des messages instructifs décodables par les initiés. Voilà la moisson des danses qui ont refait surface lors de la quatrième édition du festival Anii.

Comment la population a accueilli l’événement ?
Déjà, lors de la mise en place de la logistique, il y a deux dames qui m’ont impressionné en poussant leur curiosité. A la réponse selon laquelle il s’agit de restaurer des danses traditionnelles, elles ont été toutes contentes en s’exclamant : « voilà ce que nous attendions. Car, devenues adultes et mariées, nous n’avions plus jamais entendu jouer ces rythmes-là qui nous rappellent notre enfance ». Elles n’ont pas hésité à s’indigner du fait que la religion musulmane est venue interdire toutes ces danses à cause des démonstrations des forces occultes. C’est vous dire qu’à travers ces deux dames, la population a bien accueillie le festival. Même, les rois d’obédience musulmane, présents aux différentes manifestations ont apprécié fortement l’initiative. C’est vous dire que la population, dans l’ensemble, a adhéré à notre projet qui, par-là, a connu un succès.

Oui, vous parlez de succès. Mais, il n’y a jamais de succès sans difficulté. Quelle est le point que vous faites des difficultés qui ont jalonné la mise en œuvre de cette édition du festival ?
Il faut dire que les difficultés sont purement d’ordre financier. Car, nous n’avions pas pu boucler le budget à temps. Ce qui a fait que nous avions réduit la programmation des groupes à une dizaine au lieu de la vingtaine initialement prévu. Il en est de même pour les autres activités. Nous estimons que, les prochaines fois, les partenaires financiers ne nous feront plus défaut pour une organisation fournie et plus riche en programmation.

Quelles sont les perspectives pour la prochaine édition ?
Il s’agira, pour nous, de faire revenir les activités non exécutées comme la lutte traditionnelle, la visite des sites touristiques, les séances de magie traditionnelle et bien d’autres réalités.

Un appel à l’endroit des futurs partenaires techniques et financiers désireux de vous soutenir pour l’édition de 2015 !
C’est un appel au secours que je vais lancer. Car, cette édition est financée sur fonds propres du promoteur et le concours du Fonds d’Aide à la Culture. Il reste, pour nous, le vœu ardent de voir plusieurs partenaires à nos côtés pour l’édition prochaine, afin que la restauration et la sauvegarde du patrimoine culturel de l’aire Anii soient une réalité.

Propos recueillis par Donatien GBAGUIDI

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