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Le triomphe de la vérité

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Edito du 22 janvier: Une sanction pédagogique


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logoJe suis de ceux qui ont trouvé vide le rapport sur la base duquel l’ex-procureur de la République du tribunal de Cotonou a été radié de la magistrature. En réalité, les magistrats semblent avoir sanctionné leur collègue pour prévenir les graves déviances dont celui-ci s’est rendu coupable dans l’exercice de son métier.
Ce rapport indique que Justin Gbènamèto a été « très influençable » et qu’il « a agréé promesses et dons d’où qu’ils proviennent et quelle que soit leur importance ». Cette conclusion tirée de ce rapport de 17 pages ne laisse pas d’intriguer. Les faits rapportés par la commission constituée quand même de magistrats chevronnés et de cadres de haut niveau n’ont aucun rapport avec cette déduction. Celle-ci est comme descendue du ciel, dans le genre des balourdises grotesques fomentées sous la révolution pour trouver des poux sur la tête des têtes rasées. Tout le monde doit se demander si ces gens n’étaient pas en mission commandée, lorsqu’ils trouvent contraire à l’éthique de la magistrature qu’un homme normalement marié fasse des mouvements sur son compte bancaire après avoir vendu un bien de sa femme, sur recommandation de celle-ci. C’est d’autant plus intrigant qu’en l’espèce la femme en question n’a porté plainte contre personne et que surtout la commission s’est montrée incapable de faire un lien quelconque entre lesdites infractions de l’ancien procureur et des procédures éventuelles dans lesquelles il serait engagé. Ce qui est pire c’est quoi ?
Ce qui est pire c’est que la commission a été mise en place précisément pour connaitre des faits de « transfert illicite de fonds » dont l’intéressé se serait rendu coupable. A la fin, incapable de constater clairement qu’il n’y a pas eu de « transfert illicite de fonds », elle se lance dans des accusations pour le moins extraordinaires pour le motif précis ici visé. La conclusion n’a rien à voir avec les faits ni même les incriminations initiales, ce qui corrompt définitivement la qualité du rapport.
Mais comme en l’espèce la Cour Constitutionnelle ne peut éventuellement se prononcer que sur la violation (éventuelle) des droits de l’homme dans la procédure, la question se pose de savoir si nos sept sages ne verront pas dans les mesures sécuritaires exceptionnelles ayant entouré l’intéressé des éléments constituant des menaces sur ses droits élémentaires. Les décisions du Conseil supérieur de la magistrature étant totalement insusceptibles de recours, il y a lieu de penser que la Cour ne saurait s’attaquer au fond du dossier, au point de chercher à savoir si les membres du CSM ont raison ou pas. A ce niveau, les dés sont presque entièrement jetés. Gbènamèto ne pourra donc que boire la coupe de sa déchéance.
Mais il y a autre chose. Comme nous l’avions dit ici-même, le procureur a été sanctionné par ses pairs pour des motifs éloignés de ceux évoqués. Tout s’est passé ce mardi 11 janvier lorsqu’en pleine audition devant le Conseil supérieur de la magistrature, l’ex-procureur a été confondu par un des membres de la commission. Et ce qui devait arriver arriva. Ma nette impression c’est que ce magistrat exaspérait ses collègues au plus haut point.
Ils ont profité de sa situation pour le liquider (professionnellement) dans le but visible d’assainir leur corporation. Les sarcasmes qui pleuvent sur sa tête ne doivent pas occulter le fait qu’il peut avoir été victime aussi d’une vengeance obscure du Chef de l’Etat. Président du Conseil supérieur de la magistrature, c’est lui qui en dernier ressort tenait en mains le destin de l’ancien procureur. La sanction suprême infligée pourrait relever d’une liquidation en bonne et due forme. Impliqué à fond dans la médiatisation outrancière de la tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat, Justin Gbènamèto pourrait être assimilé à tous ceux qui ont conduit Boni Yayi dans une procédure qui n’a récolté jusqu’ici que non-lieux et non lieux. De quoi faire croire à Boni Yayi qu’il a été le dindon de la farce, lui qui a pris l’habitude de traiter directement avec le procureur envers et contre les règles républicaines.
En fin de compte, pris entre l’enclume de ses pairs et le marteau du Chef de l’Etat, il ne pouvait qu’être broyé. Reste à savoir si sa mésaventure servira vraiment de leçon à ses autres collègues.

Par Olivier ALLOCHEME

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