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Le triomphe de la vérité

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Le ministre de la décentralisation, Isidore Gnonlonfoun «sous l’arbre à palabre» au siège de l’événement précis: « Le Bénin accuse un retard monstre en matière d’administration territoriale »


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IMG_8274Après être passé en 2010 en tant que député à l’Assemblée nationale, Isidore Gnonlonfoun revient dans votre rubrique, « Sous l’Arbre à Palabres »  de L’Evénement Précis. Mais pour cette fois-ci, c’est en sa qualité de ministre de la Décentralisation. Face aux journalistes, l’homme a passé en revue les questions liées à la décentralisation au Bénin. Sans détour et sans langue de bois, Isidore Gnonlonfoun aborde les sujets brûlants de l’actualité et y émet ses analyses.

Et si on en parlait

Tournée dans les préfectures
Non, ce n’est pas une promenade. C’est toujours bon et mieux d’aller voir. On dira peut-être que c’est le mode d’emploi. Mais, moi, je pense que si j’étais resté au Ministère, dans mon bureau, je n’aurais pas perçu l’ampleur des préoccupations et l’ampleur des défis que nous avons à relever.

Les remarques
Ces visites m’ont permis de me rassurer, de me convaincre de la nécessité de faire en sorte que les agents des collectivités territoriales, les agents des préfectures et les préfets soient d’abord dans de bonnes conditions de travail pour pouvoir mieux encadrer les communes, les conseils communaux et les maires. C’est le commandement et la continuité du service public. Et à partir de ce moment, il faut que les gens aient les moyens. Madame le préfet des départements du Borgou et de l’Alibori ainsi que monsieur le préfet des départements de l’Atlantique et du littoral ont vu dans ces périples leurs véhicules rentrer dans la brousse parce que ces véhicules ne pouvaient pas faire de longues distances. A partir de ce moment, j’ai été renforcé dans ma vision de faire en sorte que les préfets soient mieux équipés. Alors, j’ai fait le compte rendu au Chef de l’Etat. Le Ministère des finances a beaucoup de sollicitations. Mais, déjà, avec les partenaires techniques, je suis en train d’avoir des garanties pour qu’on puisse pourvoir un tant soit peu le parc automobile des préfectures. Mais l’effort doit commencer par moi. Ce que j’ai constaté sur le terrain, c’est qu’il n’y a même pas le matériel informatique pour faire le travail. Alors, j’ai dû appeler les gestionnaires financiers de la maison pour leur dire de bien vouloir me trouver tout ce qu’ils ont quelque part pour que je puisse acheter quelques ordinateurs au profit des préfectures. Ce qu’on a pu faire. Il faut que, moi-même, je donne l’exemple avant de demander des efforts complémentaires aux autres. De plus, les partenaires de la Banque mondiale m’ont aussi rassuré que durant le premier semestre de l’année 2014, on pourra mettre un certain nombre de véhicules à la disposition des préfectures. En ce qui concerne le gouvernement, il faut des véhicules solides. Les préfets sont interpelés régulièrement par le Chef de l’Etat pour rendre compte des événements malheureux ou heureux qui surviennent sur le terrain. Alors, il faut que les préfets soient en mesure de pouvoir se déplacer rapidement, confortablement et en toute sécurité. C’est ce qui justifie notre ambition d’avoir pour eux des véhicules qui sont solides. A ce sujet, je crois qu’avec le ministre des finances, on s’est entendu.

Il y a aussi la question du personnel qui est insuffisantIMG_8255
Non seulement, il est insuffisant, mais aussi vieillissant. Avec la sollicitude du Chef de l’Etat, nous avons réussi à obtenir son adhésion pour un recrutement hors quota du personnel au titre de l’année 2014. Ce recrutement sera d’abord au profit des préfectures. Et s’il en restait, on pourra palier l’insuffisance au niveau du ministère. En ce qui concerne le ministère, il faudrait que je me convainque du fait que les agents qui sont là font effectivement le travail pour lequel ils perçoivent leurs salaires à la fin du mois. Donc, il faut évaluer pour voir si on a réellement besoin de renforcer le personnel ou pas. Mais au niveau des préfectures, le constat est là. Il faut qu’on procède au renouvellement de l’équipe.

Et les retombées
Bien sûr. Car, dès mon retour de ces tournées, j’ai entrepris une offensive diplomatique à l’endroit des partenaires techniques et financiers. D’abord au niveau du projet PSTDC financé par la Banque mondiale. C’était à hauteur de 27 millions de dollar. On avait pu sélectionner 700 villages, les plus pauvres au niveau de chaque commune. La sélection a été faite sur la base d’une démarche participative. Ce sont les maires et les préfets de chaque département qui se sont réunis pour sélectionner les villages qui sont véritablement pauvres. Il y a eu des problèmes et quand on a échangé avec les partenaires techniques, on est arrivé à les sensibiliser sur la nécessité d’allonger ce financement-là. La Banque mondiale, avec la dernière mission, a annoncé un financement complémentaire de 15 milliards. Ce qui permet de sélectionner, à nouveau, 500 villages. Ce projet vise à aider directement les citoyens les plus démunis. Je prends le cas de l’enseignement maternel et primaire. Même si le gouvernement a décrété la gratuité de ces ordres d’enseignement, il faut que les parents accompagnent, achètent les fournitures, arrivent à trouver les moyens pour faire les photocopies exigées par les enseignants et autres. Cela consiste à des apports monétaires directs à l’endroit de ceux-là qu’on appelle vraiment des nécessiteux, pour leur permettre non seulement d’assurer les trois repas quotidiens mais aussi pour pouvoir faire face à l’achat des fournitures de leurs enfants. S’il y a un centre de santé à côté, même si c’est public, il faut un minimum de moyens pour pouvoir avoir accès aux soins. Donc, ces moyens financiers sont pour permettre aux citoyens les plus démunis de pouvoir accéder, eux aussi, aux services indispensables de base.

Le transfert global des ressources aux préfectures et aux communes
Aujourd’hui, les préfets et les préfectures ont ce que nous appelons les crédits délégués. Mais ces crédits ne leur permettent pas, en réalité, de gérer efficacement les préfectures et d’être à même de jouer leur rôle d’assistant-conseil vis-à-vis des communes. Mais, lorsqu’on parle de transfert de compétences, c’est d’abord à l’endroit des communes. C’est une question qu’on évoque sans toujours analyser tous ses aspects. Lorsqu’on parle de transfert de compétences, il faut les transferts de ressources financières, il faut les transferts des ressources humaines. Parce qu’il faut des gens capables, des gens qui soient à même d’assurer ces rôles là. Or, ce n’est pas le cas. Le peu de ressources qu’on envoie dans les communes, comment sont-elles gérées ? Généralement les missions sur le terrain et les audits ont révélé que ce n’est pas consciemment que les gens gèrent mal. Des fois, il y a ce qu’on appelle ignorance de ce qu’ils doivent réellement faire. Donc, il y a nécessité de renforcer les compétences. Le peu de ressources qu’on envoie là, lorsqu’on fait le point, est-ce que c’est rationnellement géré. Lorsque, par exemple, pour des communes qui ont d’autres priorités par rapport au développement local, on envoie les fonds Fadec et qu’elles prennent l’argent pour aller acheter des bulldozers, ce n’est pas une dépense de qualité. Parce que ce sont des bulldozers qui ont été achetés à grands frais et qui, au bout de 6 mois, sont immobilisés. Cela fait de l’argent immobilisé. Moi, j’aurais aimé, par exemple, quand je prends Malanville, Karimama et Kandi qui sont trois communes voisines, qu’elles puissent mutualiser leurs efforts pour acheter un bulldozer qui périodiquement va passer dans les trois communes. Aujourd’hui, la commune de Gogounou n’a pas, elle seule, la capacité d’acheter un bulldozer de 200 ou 300 millions de Fcfa et qui, au bout de quelques mois, sera immobilisé. Donc, voilà un exemple parmi tant d’autres. En matière de procédure de gestion de marchés publics au niveau d’une commune, lorsque vous voulez démarrer, il y a ce qu’on appelle avance de démarrage. Après, lorsqu’on voit l’évolution du chantier, on vous donne 30%. Le tout fait 70% et si vous évoluez normalement, on vous donne encore 20% et il reste 10% pour la garantie. On a constaté que dans des communes, c’est en un bloc qu’on a donné la totalité des fonds destinés à la réalisation de certains ouvrages. Alors que le constat, sur le terrain, montre qu’il y a une grande différence entre les fonds décaissés et la réalisation. Cela veut dire que, sur le terrain, en matière de transfert de compétence, on doit mettre d’abord l’accent sur le renforcement des capacités en élevant le niveau intellectuel des agents des collectivités locales. C’est vrai qu’il y a eu des formations. Mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi au niveau du Ministère, le Chef de l’Etat a donné des instructions pour qu’on crée un centre de formation pour l’administration locale. On a commencé le 23 octobre dernier par la première promotion de la formation diplômante qui prend en compte 59 agents des catégories B et C des communes. Ces candidats ont été retenus sur la base d’un test de sélection. Donc, progressivement, il faut former les agents et les maires. Nous envisageons juste au lendemain des prochaines élections, pour l’installation des nouveaux maires qui seront élus, faire organiser, peut-être par département, des séances de formations en technique managériale au profit de tous les nouveaux élus, à commencer par les maires et leurs adjoints, pour qu’ils soient renseignés sur les défis qu’ils seront appelés à relever. Cela va leur permettre de savoir comment ils vont gérer d’abord leur propre conseil communal et les agents de la commune.

IMG_8232Les audits sur la gestion des fonds Fadec
On est en relation avec des partenaires techniques et financiers. C’est ce qui les rassure. Et lorsque nous effectuons ces audits, nous faisons en sorte qu’avant la fin de l’année, il y ait les conclusions que nous soumettons à la commission mixte qui réunit souvent les partenaires techniques et nous-mêmes. C’est-à-dire, ceux qui contribuent au financement du fonds Fadec afin qu’ils sachent comment ces fonds mis à la disposition des maires et des communes ont été gérés. Cela nous permet d’arrêter de nouveaux critères de performance pour mieux encadrer leur utilisation par rapport à l’année qui va suivre. Cela veut dire que c’est ce que nous avons fait en 2012 qui a été audité cette année pour qu’à l’occasion de la gestion 2014, on puisse en tirer les conclusions. C’est à titre pédagogique. Ce n’est pas forcément qu’il y a un bâton pour réprimer les maires. Je vous ai donné quelques exemples. C’est des genres d’irrégularités observées. Lorsque des citoyens d’une commune connaissent une catastrophe et qu’il y a eu des aides qui leur ont été envoyées, il faut que ces aides aillent vraiment à eux pour atténuer un tant soit peu leurs souffrances. L’un dans l’autre, on remarque souvent que les fonds qui sont destinés à ceux-là ne les atteignent pas. Et c’est dommage. Il y a un certain nombre d’insuffisances qui nous permettent de dire qu’il faut aller former, rassembler les maires. Je crois que le maire n’est pas un subordonné du préfet ni du ministre en charge de la décentralisation.

Chacun sa philosophie
C’est vrai, chacun a sa philosophie. D’abord, moi, je considère les maires comme des collègues. En ce qui me concerne, je sais que suivant la déontologie administrative, il y a des expressions consacrées pour dire de manière agréable les mauvaises choses. La démarche est une démarche participative. Nous allons utiliser d’autres méthodes pour faire toucher du doigt aux maires, les incohérences de leur gestion et les amener à prendre conscience dans le sens de servir davantage les populations, de considérer la mission qui leur est assignée véritablement comme un ministère, comme un sacerdoce et faire en sorte qu’on s’occupe d’abord des citoyens. Je pense que, par rapport à ces fonctions, il y a des avantages, il y a des indemnités de fonction. On doit d’abord se contenter de ces choses-là et faire en sorte que tous les moyens qui sont déployés puissent permettre véritablement de faire reculer un tant soit peu la pauvreté dans nos communes. Par rapport au forum bilan de 10 ans de décentralisation, si j’ai les moyens, parce que notre adversaire le plus coriace, c’est le temps, j’envisage pour l’année 2014, même avec ceux qui sont là, aussi bien les préfets que les maires, qu’on échange sur la nécessité de trouver les meilleurs moyens pour relever au mieux les défis qui se dressent devant nous. Je pense que ce sera dans une démarche participative parce que le ministre Edou a raison lorsque vous vous trouvez devant un certain nombre de constats, ça vous frustre et ça vous amène à avoir des réactions peut-être agressives. Donc, je pense qu’on va tempérer les ardeurs. Et moi, je pense qu’avec méthode, on peut faire toucher du doigt aux maires les insuffisances et les irrégularités qui émaillent la gestion des communes et leur faire prendre conscience de la nécessité de faire mieux. Je pense que, ce faisant, on ira davantage sur le boulevard du développement durable tant souhaité.

Les dispositions déjà prises
Je dois vous dire honnêtement que le Bénin est un pays particulier. Et il faudra que même, en démocratie, on soit très discipliné. Parce qu’au nom de la démocratie, il y a beaucoup d’anarchie. Le Bénin accuse un retard monstre en matière d’administration et de découpage territorial. Vous voyez, on est à six (06) départements. Les lois de la décentralisation ont prévu douze (12) départements. On n’est pas arrivé à mettre en œuvre les chefs-lieux des six autres. C’est ça qui fait qu’aujourd’hui nous sommes limités à six départements. Alors que le Togo, tout près, en a déjà vingt-neuf (29). Donc, pour régler un tant soit peu le problème, le président de la république, le docteur Yayi Boni, a commis une commission de compétences diverses qui a réuni les géographes, les sociologues, les historiens, les architectes qui ont parcouru l’ensemble du territoire national, pour voir dans quelles mesures il faut opérer un nouveau découpage territorial. Ils ont proposé vingt-neuf départements. Ainsi, à l’occasion d’une retraite des députés à Parakou, j’ai été chargé de présenter ces vingt neuf départements. Et ça a soulevé des réactions parce que chacun voulait préserver sa localité. Il faudrait qu’on fasse en sorte que nous soyons dans une nation et que le Béninois de Porto-Novo se sente chez lui à Natitingou ou à Péhounco. Car, je pense qu’on doit dépasser les disputes inutiles par rapport aux limites des communes. C’est pourquoi, à l’occasion de la tournée, j’ai dit aux maires et aux conseillers communaux, qu’ils ont le devoir de s’entendre. C’est vrai qu’au titre de la LEPI avec les techniciens de l’INSAE, ils sont en train de voir comment délimiter ces zones-là. Mais moi, j’ai dit qu’il appartient aux élus locaux de s’entendre, de s’appuyer sur les notables, les têtes couronnées pour qu’ensemble, on puisse délimiter, nous-mêmes, ces quartiers et ces villages. C’est bien beau, nous avons voté la loi. Mais, le concret, c’est de pouvoir délimiter ces zones. Ce sentiment d’appartenir uniquement à une région, de chercher à préserver sa localité n’est pas nationaliste. Si on doit continuer dans ce sens, on ne va pas construire une nation. Et c’est là la difficulté des Béninois. Donc, il faut des régimes forts. Si c’est qu’on était encore au temps révolutionnaire, on aurait déjà procédé au découpage territorial et la réforme de l’administration territoriale dans le sens du rapprochement de l’administration de l’administré. Je prends l’exemple de la région Agonlin qui regroupe les communes de Ouinhi, Covè et Zangnanado. Pour l’encadrement de ces communes, c’est plus facile à gérer par un chargé de mission que par un préfet, parce qu’à la longue les préfets sont appelés à disparaitre pour ne pas continuer à faire ombrage. C’est une mission provisoire. Les préfets sont là pour encadrer afin que les maires prennent le pli et qu’ils deviennent véritablement autonomes, capables de gérer par eux-mêmes les communes. Donc, si je prends cet exemple, vous voyez que ça règle un problème. Mais si je prends, par exemple, le cas du préfet de Borgou et de l’Alibori, vous voyez l’étendue. Le Borgou, à lui seul, fait déjà pratiquement la moitié du territoire béninois. Comment peut-on encadrer de façon efficace l’ensemble de ces communes ? Donc, la non mise en œuvre de la réforme de l’administration territoriale, ne nous permet pas d’être efficaces par rapport à l’encadrement aussi bien des communes que par rapport à la gestion des citoyens qui s’y trouvent et cela dans les normes requises. Donc, je dis qu’il faut des pouvoirs forts parce que lorsque vous décidez de faire quelque chose, un député va dire « non, c’est mon territoire ». Et ça constitue un blocage. On n’avance pas. C’est pourquoi, je dis que la démocratie ne signifie pas l’indiscipline. Il faut qu’on soit discipliné et qu’on ait le sens de la patrie. Chacun s’accroche à sa partie et c’est ça qui rend difficile la délimitation des communes. Je suis en train de gérer actuellement un conflit frontalier entre Péhunco et Kouandé. Ça veut dégénérer au point où j’ai été obligé de donner des instructions fermes pour que, si les populations s’adonnent à des agressions et destructions, il faut que l’autorité de l’Etat soit affermie et que la loi républicaine soit appliquée. Il y a aussi un conflit frontalier entre les communes de Dangbo et Missérété. Le préfet m’a rendu compte. Je ne l’ai même pas instruit. C’est lui-même qui a instruit les forces de sécurité publique pour sévir et déférer devant le procureur tout fauteur de troubles. Donc, lorsqu’on a pris ces dispositions, ça a pu calmer les ardeurs. Donc, il faut un Etat fort. Il faut des institutions fortes si on veut développer le pays. Dans le cadre de l’Association internationale des villes, j’étais à Hanoï. Mais si vous voyez le Vietnam, c’est une république socialiste qui orchestre le développement de son pays à partir de sa culture. La tradition liée au modernisme. Ils n’ont rien à envier aux grandes capitales européennes. Mais, c’est la discipline. L’évolution de la ville d’ Hanoï est programmée jusqu’en 2050. Et progressivement, ils sont en train de mettre en œuvre le programme annuel. C’est-à-dire que, là-bas, la réalisation des infrastructures devance l’installation des hommes. Ce qui est tout le contraire chez nous. Et lorsqu’on voit tous les désordres qui se font à travers les lotissements et les titres fonciers, il faut qu’on fasse violence sur nous-mêmes pour ramener les citoyens à l’ordre.

Le Chef de l’Etat avait abandonné ? Photo 051
Ce sont les goulots d’étranglement. C’est la forte politisation de notre administration qui freine tout. Moi, je le reconnais. Prenons le cas récent de l’Assemblée nationale. Qu’est-ce qui justifie le rejet du budget exercice 2014 ? Certains ont lu le document, d’autres, par contre, non. Donc, ils ne savent même pas ce qui est dans le budget mais ont quand même voté contre. Est-ce que c’est un vote objectif ou un vote subjectif ? C’est là la question. Il faut regarder l’intérêt général. Il faut regarder la patrie. Si on ramène l’intérêt du pays à la somme des intérêts des députés, je pense qu’on ne va pas avancer.

Des problèmes de frontières avec le Nigéria, le Burkina Faso et le Niger.
Je viens de Dakar où on était à un séminaire sur la gestion des espaces frontaliers ou la coopération transfrontalière dans le sens de l’intégration régionale. Et lorsque vous voyez, aujourd’hui, l’ensemble de l’Afrique, on ne constitue pas un bloc face aux Européens et aux Américains. Donc, je pense que, sans la mutualisation des efforts, sans constituer un marché commun pour l’Afrique, on ne peut pas aller de l’avant. C’est pourquoi, aujourd’hui, l’intégration régionale est une nécessité. Aujourd’hui, les faits sont en train de donner raison au Bénin. C’est vrai qu’on traite les autorités béninoises de laxistes par rapport à la politique frontalière. Le Bénin est passé des commissions des frontières à une agence de gestion intégrée des frontières. Et au séminaire auquel j’ai participé au départ, le Bénin n’était pas programmé. Le temps est limité, ça ne nous permettra pas de vraiment présenter l’expérience béninoise. Néanmoins, on a négocié pour qu’il y ait quelqu’un pour parler de l’expérience du Bénin en matière de gestion des espaces frontaliers. On est parti de commission à l’agence. La démarche pacifique est en train de prendre le pas aujourd’hui. Parce qu’à travers le conseil des collectivités territoriales qui est une structure créée par la conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA dans le sens d’impliquer les élus locaux dans les efforts de développement, dans les prises de décision au niveau de l’UEMOA, je pense que les populations sont en train de devancer l’Etat dans l’intégration. Et je pense que le Bénin est en train de prendre cette piste-là parce que, que ce soit par rapport au Togo, au Nigeria, au Niger ou au Burkina, le Bénin est le seul à avoir une démarche de paix. Les autres sont prêts à dégainer. Mais, je pense, qu’aujourd’hui, nos Etats sont obligés d’épouser la méthode béninoise. Au lieu de voir les frontières, on voit plutôt les espaces de développement et d’échanges entre les peuples, entre les ethnies. Avant d’aller à Dakar, le ministre en charge de l’intérieur et moi avions ouvert un séminaire qui regroupait les autorités locales du Nigéria de l’ère linguistique Yoruba-Nago avec leurs pairs du Bénin, le maire de Pobè, le maire de Tchaourou etc… pour échanger. Lorsqu’il y a un problème au niveau des frontières, et qu’on met en marche la diplomatie de proximité à travers la coopération décentralisée transfrontalière, cela permet de régler, au plus vite, les problèmes, au lieu de chercher à passer par le Ministère des Affaires étrangères. Donc, même si, au départ, la démarche du Bénin semble une démarche laxiste, de complaisance, aujourd’hui, c’est la voie indiquée que les Etats africains doivent emprunter pour une intégration régionale réussie. En fait, le Bénin a eu moins de problèmes avec le Togo que le Niger. Là où les crises, par rapport à la gestion des frontières sont plus prononcées, c’est surtout avec le Nigéria et le Burkina. Si on n’arrive pas à offrir à nos concitoyens des services de base de qualité, ils vont les chercher là à côté chez le voisin. Avant, sur certains points du territoire, les Béninois n’arrivaient pas à suivre l’actualité nationale à travers l’ORTB. Aujourd’hui, des efforts ont été faits. Sinon, si les gens ne peuvent pas voir la télévision béninoise, ils iront voir la télévision nigériane ou celle du Burkina. S’il n’y a pas de centre de santé sur place, ils iront à côté se soigner. Cela fait qu’avec la politique de l’Etat béninois qui a créé l’Agence de gestion intégrée des frontières, la commission avait cinquante millions au départ, aujourd’hui c’est un budget de 2,5 milliards. C’est cette agence-là qui réalise aujourd’hui, au niveau des frontières, des centres de santé, les postes de gendarmerie, des écoles, c’est-à-dire, des infrastructures sociocommunautaires afin de fournir des services de base aux populations frontalières. Ce faisant, ces populations redeviennent, de plus en plus, des populations béninoises puisqu’à partir du moment où on prélève les impôts, les citoyens sont à même d’attendre des communes un devoir. En même temps, ça règle le problème des exclusions sur l’ensemble du territoire national. Si on n’a pas un développement équilibré sur l’ensemble du territoire, à des moments donnés, des peuples vont se sentir frustrés parce qu’ils vont dire : est-ce que nous aussi nous sommes des Béninois ? C’est comme à Cotonou où dans des quartiers entiers se demandent si les autorités communales savent qu’elles existent alors que la municipalité leur prélève des impôts. C’est pourquoi, moi, je dis que quand on dit Ministère de la Décentralisation, de la gouvernance locale et de l’aménagement du territoire, l’aménagement du territoire, ce n’est pas un vain mot. C’est très profond. Ça devrait permettre une cohérence territoriale, une justice sociale dans le sens de la répartition des efforts de développement sur l’ensemble du territoire national. Nous sommes en train de mettre en place ce qu’on appelle le système de l’information territoriale. C’est-à-dire que si vous prenez la commune de Dogbo, vous avez les informations nécessaires sur les efforts de développement pour une certaine équité et une justice territoriale. Je prends l’exemple de Cotonou. Aujourd’hui, Cotonou est congestionnée et c’est Abomey-Calavi qui prend le trop-plein. Mais les erreurs qui ont été commises par rapport à la gestion territoriale à Cotonou, sont en train d’être commises au niveau de Calavi. Si on ne les rattrape pas en prévoyant des espaces, en prévoyant des infrastructures communautaires dignes de nom, ce sera très grave. Cela pourrait aider à décongestionner Cotonou, si on avait, par exemple, à Calavi des marchés dignes de ce nom. Cela fait partie des nouvelles méthodes de gestion efficiente des villes. Si vous allez à Taïwan, aujourd’hui, il y a une petite ville de quatre cent trente mille habitants où le transport est commun et gratuit. Toutes les opérations se font par internet. Nous, on n’a pas encore atteint ce niveau-là.

Photo 066Quel sentiment vous a animé une fois nommé  
Ça a été d’abord une surprise pour moi. Oui, parce que je vais vous le dire, je n’ai fait aucune démarche, je ne suis rentré dans aucune coulisse pour ça. C’est vrai que j’ai soutenu le Docteur Yayi Boni en son temps. Mais en ce moment précis, je ne m’attendais plus à rien quand c’est arrivé. Quand j’ai eu la nouvelle, j’étais un peu ému, parce que lorsque je regarde la complexité de la tâche, elle est immense. En même temps, je me suis senti un peu fier de me retrouver là parce que c’est le Ministère que je connais le mieux. Lorsque vous avez géré une fois une ville, lorsque vous avez été conseiller technique à la décentralisation, lorsque vous avez été un député sensé être proche des populations, vous comprenez mieux la mission qui vous est assignée. Et cette mission, en quoi consiste-t-elle ? Fournir de l’électricité, de l’eau… Lorsque je prends la légalisation des pièces, il faut la célérité. D’abord, c’est un service gratuit aux populations. L’historique de la légalisation des pièces administratives, c’est que les populations paient leurs contributions et en retour, elles doivent attendre un certain nombre de services de la part de l’administration. La légalisation sert juste à attester de l’authenticité d’une pièce. Et pour l’exprimer, il y a un petit papier qu’on appelle timbre. Au début, c’était un petit papier. La contribution demandée doit être symbolique. Aujourd’hui, c’est devenu une source de revenus. J’ai demandé à mon conseiller à la décentralisation qu’on fasse le point des pièces au niveau de chaque commune et qu’on répertorie les prix pour qu’on s’asseye avec les maires afin de garder le juste minimum. Quand j’étais à la ville de Cotonou, la légalisation était à 500 FCFA. Je l’ai ramenée à 250 F parce que j’ai remarqué que les étudiants qui venaient me voir n’avaient pas 500 F pour légaliser leurs pièces à la veille de examens. Finalement, c’est eux qui m’ont suggéré de le réduire, parce qu’en fait, c’est un service gratuit. On ne doit pas encore obérer les ressources financières du citoyen par rapport à l’obtention de cette pièce. Le certificat de non litige à Cotonou était pratiquement à 50.000F et je l’ai ramené à 10.000F. Je ne sais pas si les gens continuent de respecter ça. Vous êtes autorité et vous devez attester que cette parcelle est non litigieuse et c’est plutôt l’occasion de brimer, de prendre de l’argent aux citoyens. Dans les autres pays, ça ne se passe pas comme ça. Ce sont des services gratuits que l’administration rend aux citoyens en compensation de leurs contributions fiscales. Donc, je dois vous dire que lorsqu’on trouve un citoyen et qu’on a l’impression qu’on a satisfait ses attentes, on doit se sentir à l’aise.

Nos frontières sont rongées d’année en année. Ne faudrait-il pas défendre un jour notre territoire par les armes ?
C’est une question très pertinente. J’ai bien dit que dans la question de gestion de notre pays, il faut que chacun, là où il se situe, apporte sa contribution. C’est le maillon d’une chaine. Le Bénin vient de perdre près de 100 hectares qui sont rentrés dans le patrimoine togolais. On est en train de faire les démarches pour les récupérer. Mais c’est avec la complicité des Béninois. Pour ce qui me concerne, à l’Assemblée nationale, j’étais en charge de la gestion des dossiers de frontières. Pour notre frontière maritime, l’accord qui a été signé par des cadres Béninois qui sont allés pour la commission mixte bénino-nigériane de délimitation des frontières, c’est coupable, c’est criminel. Vous avez appris, entre temps, qu’on a dénoncé cet accord-là parce que, ce qu’ils ont signé ferme la frontière maritime du Bénin à un certain niveau. Ce qui ne permet pas au Bénin d’accéder à une certaine distance. La distance élémentaire est de 200 Km. Mais, lorsqu’on a fait les recherches, c’est que c’est au-delà de cette distance que le Bénin peut prétendre à des ressources pétrolières. L’Assemblée nationale béninoise a dénoncé cela et c’est la première fois qu’on a dénoncé un contrat déjà signé par le gouvernement. Mais ça, quand on parle de l’Etat, c’est chacun de nous. Il y a le symbole qui est détenu par le gouvernement, par le chef de l’Etat. Mais lorsqu’en tant que fonctionnaire j’ai une parcelle de pouvoir que je dois exercer au profit de la nation et que je l’exerce pour mes propres intérêts, il y a problème de nationalisme, de respect de sa patrie. C’est vrai, le Bénin avait une démarche dont j’ai parlé ici. Nous on est là, on ne se préoccupe pas de ça. Depuis un certain moment, la politique menée est agressive ; une politique hardie dans le sens de préserver tout au moins ce qui reste. Moi, je suis allé sur l’île de Lété. Aujourd’hui, on a une base là-bas alors qu’on n’en avait pas. Je suis allé visiter pour voir les conditions dans lesquelles les forces de sécurité publiques travaillent. Je suis allé à Karimama pour voir la base construite à Karimama pour préserver le reste. Ce qu’on a obtenu, on peut le préserver parce que les douaniers nigériens et autres rodent toujours dans la zone pour venir intercepter les marchandises des Béninois. Je pense que quand on a installé cette base militaire-là, ces fraudes ont cessé. C’est pourquoi, de plus en plus, aujourd’hui, l’armée se décentralise. C’est-à-dire qu’il y a la mise en place des casernes secondaires souvent au niveau des zones sensibles parce que si vous prenez par Igolo pour aller au Nigéria, lorsque vous rentrez sur le territoire nigérian, vous allez voir des soldats, vous allez voir une petite base quelque part. Si vous allez à Kraké, c’est pareil. Je pense que c’est maintenant que le Bénin met en place une politique de ce genre. Et au niveau des frontières, aujourd’hui, nous aussi on récupère. Parmi les bornes qui sont là, il y a des bornes conventionnelles. Il y a des frontières conventionnelles et les frontières non conventionnelles. En principe avec les frontières conventionnelles, il ne devrait plus y avoir de problèmes parce qu’il y a les conventions signées par les colonisateurs. Au niveau du Nigéria, il y a eu des accords entre l’Angleterre et la France et ils ont arrêté des limites. Il y a cette convention-là. Lorsqu’on remarque que les bornes ont été déplacées, on interpelle les autres. Et nous-mêmes, la commission a des moyens de mesure. Ils ont des équipements de précision qui permettent de savoir que les bornes conventionnelles sont à telle distance. Si ces bornes-là ont été enterrées, le Bénin les reconstruit. Donc, je vous dis qu’il y a des efforts qui sont faits dans ce sens-là, mieux que par le passé.

L’instauration de la journée du citoyen. D’ où est venue cette initiative ?
C’est dans le cadre de la reddition des comptes. Lorsque dans les dispositions encadrant la décentralisation, on vote le budget de la commune, le maire a l’obligation de l’afficher pour un certain moment pour que le citoyen vienne voir ce qui est prévu pour sa localité. A des moments donnés, les maires doivent se mettre devant les citoyens. Il y a des maires qui le font mais ça ne se fait pas, selon les normes. Ensemble avec les maires et les préfets, on va s’asseoir pour déterminer quelle est la forme qu’on va y donner. C’est au cours de cette journée qu’on fait ce qu’on appelle la reddition des comptes. Ce qu’on a prévu dans le budget, il faut que le citoyen en soit averti. C’est pourquoi il faut qu’on éduque le citoyen à jouer sa partition, à jouer son rôle de citoyen en demandant des comptes à la mairie. Lorsque vous voyez dans le budget que tel projet a été prévu, si le crédit a été inscrit, au bout d’un certain temps, est-ce que le maire l’a exécuté ? Il doit interpeller le maire pour dire « qu’est-ce que vous avez fait pour ma localité ? » Cotonou était en coopération décentralisée avec Créteil. J’ai eu la chance de suivre le député-maire de Créteil, Laurent Cathala. Il est là depuis plus de 30 ans. Le seul quartier qui ne votait pas socialiste, c’est le quartier Lechat. Et c’est parce que ce quartier n’avait pas toutes les commodités. Pour corriger cela, le maire a fait une séance appelée audition-proposition avec les responsables et ensemble, ils sont passés à la reconstitution du quartier. Quand ils ont reconstruit le quartier, il m’a invité et j’y suis allé. Pour les élections qui ont suivi, il a fait pratiquement les 95% de voix. Je donne son mode de fonctionnement. C’est un homme politique qui ne s’occupe pas des dossiers à la mairie. Il a son directeur de cabinet. Mais, là-bas, ils sont complices. Ils se retrouvent et il donne les grandes orientations. Je ne sais pas comment il se débrouille. S’il y a neige, vous allez le voir sur la voie avec les ouvriers municipaux en train de dégager. Ça veut dire quoi ? Là-bas, ils appellent ça publicité électorale. Lorsque vous levez la main pour dire que vous voulez être candidat, vous allez passer de maison en maison, taper de porte en porte et les gens vous soutiennent. Ce sont les gens qui cotisent pour les affiches. C’est ce qu’ils appellent publicité électorale. Si vous êtes élu, s’il y a neige et que vous ne dégagez pas rapidement les voies pour que les gens puissent circuler, si les ordures ménagères ne sont pas ramassées à temps et traitées, si dans le marché de Créteil, il n’y a pas un certain nombre de commodités, le maire aura des problèmes. Comment il ne peut pas être aimé par son peuple pour être réélu? Mais si vous ne faites pas bien, vous n’oserez même pas vous présenter devant les citoyens pour leur demander des suffrages. Ça ne se passe pas comme ça ici. Ici, il y a le pouvoir de l’argent. On n’a pas de programme. Qu’est-ce que le maire fait ? Qu’est-ce que le député fait ?

La prochaine journée de citoyen
Il faut qu’on se rencontre et que, dans une démarche participative, de façon consensuelle, qu’on arrête avec les maires, la forme que cela doit revêtir et la périodicité. Quand moi, j’étais à Cotonou, les premiers budgets qu’on a eus au niveau de la ville ont été affichés. Il n’y a rien de tabou. On est parti de 4,5 milliards environs, à plus de 13 milliards de ressources aujourd’hui parce qu’il y a eu ce qu’on appelle régime foncier urbain. Ça a permis d’élargir l’assiette fiscale et d’accroitre les recettes. Les critères de performance quand on préparait la décentralisation, c’est qu’on consacre près de 65% du budget de la ville pour le budget de fonctionnement. Avec le PGUD, la Banque mondiale, les bailleurs de fonds qui peuvent réaliser les infrastructures, les voies pavées au niveau de Cotonou, les voix de drainage. Il y avait des indicateurs de performance. Nous, on avait renversé la vapeur. C’est qu’il fallait qu’on dégage plus de ressources d’investissement pour réaliser les infrastructures que de consacrer plus de la moitié du budget pour les charges. C’est-à-dire que le maire achète son propre véhicule, orne son propre bureau au lieu de réaliser des infrastructures sociocommunautaires. En même temps que les gens nous aidaient, les gens renforçaient nos capacités pour qu’on puisse avoir des ressources propres pour entretenir les infrastructures réalisées sur fonds propres ou crédits de la Banque mondiale, qu’on devienne en quelque sorte nous-mêmes. On avait ramené le budget de fonctionnement à 22 %. Je pense qu’avec les partenaires on est en train de mesurer comment les maires répondent aux attentes des populations : les espaces verts, le balayage des rues et des voies, l’éclairage public dans la ville, l’ambiance de travail, etc. Aujourd’hui dans la ville, dans les villes à statut particulier, les chefs d’arrondissements s’associent aux maires pour des réalisations dans un arrondissement donné. Est-ce qu’aujourd’hui le chef d’arrondissement est intimement associé ? Normalement, même, on doit lui déléguer une partie de ses prérogatives, c’est-à-dire que pour réaliser un certain nombre d’ouvrages, si la DST doit aller travailler, elle demande d’abord le chef d’arrondissement avant d’aller sur le terrain pour qu’on le sollicite pour la réalisation des travaux.

Les infrastructures IMG_8273
La ville de Cotonou en a fait beaucoup. Mais, avec les partenaires, à travers la coopération décentralisée, chaque année, on avait de l’argent gratuit que les gens nous donnaient, soit environ 200 à 250 millions. Mais, les gens veulent qu’on articule ça autour des projets générateurs de revenus au profit des femmes ou des couches les plus défavorisées. Celui qui vous donne l’argent impose toujours ses conditions qui sont d’articuler le projet de sorte qu’en définitive, il profite à ceux qui en ont le bénéfice. C’est leur préoccupation. A partir du moment où vous ne vous reprochez rien, comment ne pas accéder à ces financements ? Ça fait qu’il y a eu beaucoup de gâchis. Les investissements qui ont été faits pour préparer au moins les villes à statut particulier à la décentralisation. Ce n’est pas évident qu’il y ait une capitalisation de tout ce qui a été fait. Au titre de la coopération décentralisée, Créteil a fait signer un contrat de formation avec le centre de formation de l’administration territoriale de Paris qui a permis à un certain nombre de collaborateurs non seulement d’échanger mais d’aller se faire former et de se sentir motives. Après ceux-là, on a signé un contrat avec l’Ecole nationale d’administration. C’est la ville qui payait leur formation. Donc, ça fait qu’aujourd’hui, des agents sont partis de la catégorie B pour devenir d’abord des cadres A3, ensuite après avoir fait le cycle 2 de l’Ecole nationale d’administration, ils sont devenus des administrateurs. Ça a permis de relever un peu le niveau de ceux-là. Quand je suis arrivé, si quelqu’un est formé dans un domaine donné, s’il est ingénieur en environnement, c’est pour s’occuper des déchets solides. Mais, pour des questions personnelles, certains ont été affectés ailleurs. Quand moi je suis venu, j’ai rétabli ceux-là dans leurs fonctions. Il faut dépolitiser l’administration. Celui qui était mon assistant particulier était RB. A partir du moment où il faisait correctement son travail, moi je lui avais fait confiance. Si vous faites bien, vous touchez les gens par le cœur. Il vaut mieux ça que de chercher à prendre le pouvoir qu’on vous a donné comme responsable de l’administration pour faire chanter l’individu, pour harceler l’individu, pour le persécuter.

Dépolitiser l’administration
Quand j’étais avec Kérékou en tant que conseiller technique aux affaires administratives chargé de la décentralisation, c’est nous qui avions lutté pour qu’il y ait des secrétaires généraux des ministères. C’était une approche du président Zinsou qu’on a voulu réinstaurer pour qu’il y ait ce qu’on appelle la mémoire du ministère. Si je prends le ministère en charge de la Décentralisation, le secrétaire général doit forcément être un administrateur avec un grade élevé par rapport aux autres. S’il ne commet pas de fautes pendant 5 ans, il est inamovible. Les gens ont ramené à 3 ans. C’est un regret. On peut tout politiser. Mais, on avait dit que ce poste était à maintenir. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. On a défini les hauts emplois techniques. Mais, est- ce qu’on respecte ça aujourd’hui ? C’est difficile. Avec les contingences politiques, il y a beaucoup de choses.

Les réformes à faire
Les réformes que je veux faire, c’est de commencer par les pièces d’état civil, pour que ce soit le juste minimum qu’on puisse faire payer au citoyen. Qu’on arrive à créer la bonne ambiance au sein des conseils communaux. D’abord qu’on puisse renforcer les capacités des membres des conseils communaux à pouvoir lire le budget et que le budget soit l’affaire de tout le monde et non celle du seul maire qui en fait ce qu’il veut. Dans ma communauté de base, j’avais beaucoup d’inimitiés. Et vous savez que je suis propriétaire terrien. Mais, je suis contre la vente illicite des domaines administratifs. Ça me crée beaucoup de problèmes. Et aujourd’hui, les faits nous donnent raison. Avant, j’allais voir le ministre Edou pour dire « bon, on est de la même famille politique. Il ne faut pas qu’on puisse vendre çà. » Dieu a fait que je suis arrivé, j’ai confirmé pour dire que ces choses ne sont pas à vendre. Je vais vous donner un exemple : les responsables que nous sommes, les actes que nous posons, nous n’en mesurons pas la gravité. A Agbato, il y a un carrefour circulaire. Vous savez, ce sont les femmes mêmes qui créent leur marché. A partir du moment où elles l’avaient créé, elles vendaient ‘’un peu un peu’’. La mairie même a légalisé la chose et n’a pas voulu les chasser. Et on les a installées dans des hangars précaires. Maintenant un chef d’arrondissement a déguerpi ces femmes-là et a vendu le domaine à un opérateur économique qui a installé une chambre froide. Les femmes, environ une trentaine, sont parties. Tout ce que moi je sais, c’est qu’aujourd’hui, la pèche ne donne plus. Certaines, parmi elles, quand elles finissent de vendre ces poissons, quand elles rentrent à la maison, elles n’attendent rien de leurs maris pour préparer à manger à leurs enfants parce que souvent, ce sont des foyers polygames. Par rapport à la lutte contre la pauvreté, vous voyez ce que représente cette source de revenu pour ces femmes ? Or, l’opérateur économique, lui, il a déjà le minimum. Mais, les couches les plus défavorisées vous les renvoyez de là. C’est pour cela que je dis qu’il y a mauvaise répartition des ressources de la nation. Sur le plan du développement humain, ce sont les pays scandinaves qui sont cités en exemple parce que le dernier citoyen a le minimum.

Des cas de mauvaise gestion
Je vous donne un exemple. C’est un collègue député qui m’a révélé ça. Et j’ai envoyé une mission dirigée par le préfet pour aller voir. C’est une institution qui est allée donner de l’argent pour les sinistrés. Vous prenez l’argent et vous le gardez là. Le comptable est là. Un conseiller vient. Il prend 500.000 dedans. Un autre vient et il prend 200.000 dedans etc. et il n’en restait plus rien. Quand on l’a constaté, on leur a intimé l’ordre de ramener les fonds. On a dit que jusqu’à la fin de l’année les sous doivent être remis en place et doivent être rétrocédés aux populations à qui c’était destiné. Le comptable a fait preuve de légèreté. Voilà un exemple. L’autre exemple, c’est qu’à travers la coopération décentralisée, les pays de l’Est proposent des engins lourds aux mairies. Quand vous regardez les frais de transports pour amener ces engins au pays, des fois ça vous décourage. Certains maires ont utilisé les fonds Fadec pour aller acheter ces engins. Mais, ils ne se sont pas préoccupés des pièces de rechange. Ces engins lourds qu’on a achetés à près de trois cent millions (300.000.000) de francs, restent immobilisés six mois après. C’est une mauvaise gestion ou pas ? Et on appelle ça autrement, « la qualité de dépenses publiques ». Donc, nous on a insisté sur la nécessité selon laquelle il faut mettre à la disposition des maires des cadres compétents. On est en train de prendre les dispositions.

La mairie de Cotonou
Ce que je regrette, c’est que Hanoï est une ville verte. J’ai été à Bamako, j’ai vu que Bamako aussi est vert. Je suis passé à côté des échangeurs, je voyais des espaces verts. Je me demande aujourd’hui s’il y a encore d’espace vert à Cotonou. Et pourtant, c’est une rubrique budgétaire qui est fournie. En matière de salubrité publique, il y a l’éclairage, le balayage des rues, le curage des caniveaux et les espaces verts. Par rapport aux réserves administratives, le préfet a pris un acte pour suspendre les lotissements ou les déclassements des réserves administratives, la mairie a saisi la Cour constitutionnelle pour dire que la préfecture les met comme en état de subordination. La Cour constitutionnelle a répondu pour dire que la mairie n’est pas une entreprise privée. La gestion d’une mairie est une gestion de proximité qui oblige le maire à être avec le dernier citoyen, même s’il est en haillon.

Le transfert des compétences
J’ai toujours nuancé ma position à l’Assemblée nationale. Quand j’étais conseiller en charge de la décentralisation, j’ai invité le bureau de l’Association nationale des communes du Bénin pour leur dire que nous allons les aider à avoir des secrétaires généraux ayant au moins le niveau d’administrateur, en tout cas, des gens qui ont été formés. Qu’ils voient dans la fonction publique des gens qui sont proches d’eux et demandent qu’on les mette à leur disposition. En dehors de quelques-uns qui l’ont demandé, ils ne l’ont pas fait. Mais, on demande qu’on transfère l’argent. Mais l’argent là, qui va le gérer ? Au niveau de la mairie de Kandi, celui qui gère les valeurs inactives ne sait pas qu’on ne doit pas garder au-delà de deux millions de FCfa dans la caisse. Les gens gardent de l’argent par devers eux et parfois il y a des pertes. Si déjà il ne peut pas gérer correctement les ressources qui sont là et qu’il y a parfois des pertes, ce sera difficile de faire des transferts. Il y a cinq ministères sectoriels (enseignements maternel et primaire, enseignement secondaire, l’eau, la santé et le ministère de l’agriculture) qui sont les ministères sectoriels avec lesquels nous sommes en dialogue permanent pour le transfert des compétences. Il y avait un fonds qu’on appelle fonds PEMI. Quand on va vers la fin de l’année, il faut consommer le reliquat. On a demandé aux communes de nous donner des projets bancables qu’on peut financer. Il y a quelques mairies qui ont répondu. On a vu qu’il n’y a pas de projets concrets dedans. Mais, quand on a analysé, on a vu qu’on allait perdre le fonds PEMI et j’ai demandé qu’on verse ça dans le fonds FADEC afin de pouvoir le transférer après dans les communes. On a transféré et certaines communes ont eu 20 millions, d’autres 25 millions. Donc, quand moi-même je me mets dans la peau du maire, je fais pression pour que le transfert des ressources financières soit une réalité. Selon les normes de l’UEMOA, c’est 15%. Aujourd’hui, au niveau du gouvernement, le Chef de l’Etat, lui-même, donne des instructions. On est en synergie d’action. Le Ministère des enseignements maternel et primaire a envoyé des fonds pour réaliser des infrastructures scolaires. Mais, certains maires ont pu les réaliser. Donc, ce sont des exemples suivant lesquels on peut dire oui pour le transfert des compétences, encore que nous fassions en sorte que les maires soient capables de gérer correctement ces compétences et ces ressources. C’est de ça qu’il s’agit.

Le budget rejeté
Non, j’étais un peu rassuré puisqu’on avait gardé le contact avec les collègues. Mais, c’est le mardi nuit que je me suis rendu compte que la situation était devenue un peu plus préoccupante. La norme en la matière c’est de souhaiter que ce soit l’assemblée qui adopte le budget. Mais, on a encore une petite marge de manœuvre. C’est de demander la deuxième lecture. Je ne sais pas encore. C’est en conseil des ministres que ce sera fait.

Comment expliquer ce revirement de la majorité présidentielle ?
Nous tendons vers la fin d’une législature et d’ici à là, on va renouveler l’Assemblée nationale. Chaque député cherche comment se faire réélire, où est-ce qu’il va trouver de l’argent… Donc, s’il y a des propositions quelque part… On est entre nous. ça c’est la réalité et tout le monde le sait.

Il y a certains de vos anciens collègues qui vous ont fait des confidences ?
Je suis du milieu. Je sais qu’il y a eu des choses. Je ne connais pas le montant mais, je connais là où on a fait le partage. Je vais vous le dire. J’étais un agent de renseignement du président Gbadamassi. C’est lui qui m’a formé. Quand il y a des situations obscures à l’Assemblée, il y a des coulisses dans les coulisses. Les couloirs que vous voyez-là, il y a d’autres couloirs dedans. C’est quand on devait voter la loi sur les circonscriptions électorales. J’étais du groupe PRD. Je n’étais pas de la majorité ou de la mouvance. C’était le président Amoussou qui était là. Vous le savez, le président Amoussou est très calme, très pondéré. Il ne réagit pas comme mon ancien président. Quand on a commencé par voir des gens affluer dans l’hémicycle, des personnalités qui étaient, en ce moment, hors de l’Assemblée étaient venues avec des mallettes. On a vu qu’il y avait problème. Ce jour-là, comme on était des amis, les gens ont oublié de fermer la porte. Je suis allé. Je suis rentré dedans et j’ai vu la mallette ouverte. Je suis revenu voir le président Gbadamassi pour lui dire que la majorité a changé de camp. On était en suspension. Quand le président Amoussou est rentré, on a vu qu’il était dégagé, très souriant. Le président Gbadamassi a dit « là il y a danger » et il a demandé une suspension. Chacun est rentré chez lui. C’était un mardi. Le mercredi, il n’y a pas plénière, ça fait à jeudi. Et il a dit que jeudi, ce n’est pas loin. C’est là où, lui, il gagne. Il est resté patient. On est revenu, ça a tourné, tourné et ça a donné le résultat que les circonscriptions électorales ont été votées. Mais pas comme on le voulait parce que la majorité avait quitté l’opposition pour le camp présidentiel avec six députés. Je connais ces députés. Mais, je ne vais pas citer de nom. On tend vers la fin d’une législature et le député cherche à se réélire. Chacun fait ses calculs. Donc, moi, je dis en ce qui concerne le rejet du budget que s’il y a des raisons objectives, c’est bon. Mais si ce sont des raisons subjectives, alors, c’est regrettable. D’abord, je ne suis par certain que tous les députés qui ont rejeté ont lu entièrement ce budget et par rapport aux préoccupations de leurs mandants. Si le vote qui a été émis, c’est par rapport aux préoccupations de leurs mandants, c’est légitime. Il y a certains qui ont été les premiers soutiens du président Boni Yayi et qui sont, aujourd’hui, contre lui. Ils sont partis, entre-temps, ou bien c’est parce qu’ils sont sortis du gouvernement. Ça, c’est des raisons subjectives.

Photo 005Mais si vous êtes conscient de ces paramètres, pourquoi ne pas anticiper ?
La meilleure manière d’anticiper aujourd’hui, c’est de sortir l’argent. Vous savez, quand on veut élargir la famille, à des moments donnés, vous devez souffrir qu’on fasse rentrer d’autres. Mais, c’est qu’en le faisant, on n’est pas souvent sûr et c’est malheureusement ce qui s’est passé. Lorsque ceux qui ont lutté espèrent en vain des récompenses et que d’autres viennent sans avoir participé à la lutte, sans avoir aidé à cuir le mouton se voient offrir la cuisse, c’est humain et vous savez ce qui va se passer.

Le moral du chef de l’Etat
Bon, il a le moral. Vous savez, en politique, il faut s’attendre à encaisser des coups. Le service public n’est pas discontinu, c’est continu. On ne peut pas l’interrompre et c’est le Chef de l’Etat qui est le seul élu de la nation. Il a été élu sur la base d’un programme. Il va mettre ce programme en œuvre quelle que soit la situation. D’abord, nous sommes dans un régime présidentiel qui a prévu les mécanismes de sorte que les institutions de contre-pouvoir s’équilibrent notamment l’exécutif et le législatif. Aucun pouvoir n’est au-dessus de l’autre et ça permet de faire fonctionner la république. Je vais vous donner l’exemple du Niger. Au Bénin, nous sommes très intelligents, on est vraiment intelligent. Le régime qu’on a sorti au soir de la conférence nationale permet d’asseoir un tant soit peu la stabilité politique. On ne peut pas construire un pays sur dix ans voire sur vingt ans. Un pays se construit sur la durée et il faut que cela se passe en trente ans, quarante ans. Lorsqu’on doit faire des choses qui ne regardent pas la nation, on est en train de privilégier nos intérêts au détriment de ceux de la nation. Si on devait regarder un tout petit peu la nation, je crois qu’on ira de l’avant. Le président a le moral. C’est vrai que quand ça se passe comme ça, on se sent un peu diminué mais en tant qu’homme politique, il faut se taire et chercher à aller de l’avant. Donc, on va envisager les voies et moyens pour sortir de cette situation. Soit, on demande une deuxième lecture. Si on voit que la tendance ne nous permet pas de le faire, on verra.

IMG_8277Le vote secret
Par rapport aux dispositions du règlement intérieur, chacun fait sa lecture. Avant de venir au gouvernement, j’étais membre de la commission qui devait relire le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Ce règlement, à des moments donnés, n’est pas précis et chacun fait son interprétation. Je prends le cas des propositions de suspension de séance. J’avais fait la 2ème législature et même à la cinquième, si un député demande la suspension, on ne soumettait pas ça au vote. Mais, on allait immédiatement à la suspension. A un moment donné, on a estimé que ça devrait être mis au vote. Les dispositions du règlement intérieur, notamment, en l’article 57, stipulent qu’on peut aller au scrutin secret sur la demande de cinq députés. Si c’est comme ça, est-ce qu’il faut mettre au vote d’abord pour que cela soit adopté ? Ce sont des interprétations puisque les dispositions ne sont pas précises. Donc, je ne saurais dire qui a tort, qui a raison. Mais, je sais que, pour ce qui est des demandes de suspension, si un député, en tout cas, durant la 5ème législature demande, on ne soumet pas au vote. Mais durant la 6ème législature, s’il y a motion de suspension et qu’il y a contradiction, on soumet au vote. Qu’est-ce que je voudrais dire par là ? C’est que, même si les textes le demandent, il faut soumettre au vote de la plénière pour savoir si c’est ça qui a été adopté. De toute façon, les textes ne sont pas clairs et chacun, selon les intérêts du moment, fait son interprétation. Donc, je ne peux dire qui a raison ou qui a tort.

Placer l’homme au centre de tout
Il y a le fait que je mette l’homme au centre. L’homme comme le capital le plus précieux sur lequel il faut agir pour conduire les activités dont nous avons la charge. Il faut fédérer les énergies de mes collaborateurs et pour qu’on devienne véritablement une équipe. Il faut les mettre en confiance et les rassurer en respectant la devise de notre pays, à savoir, la fraternité en gardant la juste limite. Il faut qu’on travaille. Il faut qu’on aime le travail. Il faut qu’on soit juste, équitable, par rapport aux avantages du ministère. Que ceux qui travaillent puissent aussi bénéficier de ça. Si moi, en tant que chef, j’ai des choses à faire, à des moments donnés, il faut que je puisse accepter que mes collaborateurs aillent me représenter, et qu’ils sentent que je les considère, pour qu’il y ait la confiance mutuelle. Savoir que nous sommes là pour servir d’abord, faire en sorte que les conditions de vie, surtout des couches les plus défavorisées, soient améliorées. Voilà les deux principes, et maintenant, par rapport à la méthode de travail, instaurer une bonne ambiance et adopter la méthode participative, échanger avec les collègues. Au ministère de la décentralisation, il y a les administrateurs civils, des gens avec qui on a préparé l’avènement de la décentralisation. Ce n’est pas parce que je suis devenu ministre maintenant qu’il faut être protocolaire. Mon bureau est ouvert à tout le personnel de la maison, si tant est que vous avez des suggestions pour l’amélioration de nos prestations. La mission même est articulée en trois volets. Il y a la décentralisation et la déconcentration. La décentralisation, c’est faire en sorte qu’il y ait le transfert effectif des compétences mais accompagné de renforcement des capacités aussi bien des élus locaux que des agents des collectivités territoriales. Renforcer les préfectures, améliorer leurs conditions de travail pour qu’elles soient à même de jouer pleinement leur rôle d’autorité de tutelle et de régulation des actifs de la gestion des communes. Il faut rencontrer les partenaires pour qu’on ait les moyens et Dieu merci, les partenaires sont en train de nous écouter. Leur préoccupation, c’est que les fonds qu’ils donnent, si c’est bien géré, ils sont prêts à en donner davantage. C’est pourquoi au titre du FADEC, chaque année, il y a des audits. Lorsque nous avons les fonds, on envoie les inspecteurs sur le terrain pour contrôler leur utilisation. Le deuxième volet, c’est la bonne gouvernance, la gouvernance locale. Comment faire pour qu’il y ait une meilleure gestion au niveau des communes. Pour renforcer les capacités des agents des collectivités locales, on a créé le CEFAL. Il faut échanger avec les maires, adopter une démarche participative, dialoguer avec eux dans le sens de l’amélioration de leurs prestations et faire en sorte que les fonds qu’on envoie servent effectivement les intérêts des populations. La troisième chose, c’est l’aménagement du territoire pour assurer une cohérence territoriale, une répartition équitable sur l’ensemble du territoire des efforts de développement, c’est-à-dire, adopter une gestion de développement inclusif, et non exclusif, en renforçant les pôles de développement, et en tenant compte des potentialités et des vocations économiques de chaque commune. Lorsque vous prenez Karimama, Malanville et Kandi, ce sont des communes à vocation agricole. Lorsque vous allez à Klouékanmè, là c’est une commune agricole et le maire fait bien. Il développe l’agriculture là-bas, si bien que cette commune a été élue commune agricole de l’année parce que la mairie aide les producteurs à améliorer leurs productions et à en vivre. A travers la FIDA, ça c’est au niveau du Borgou, c’est l’intercommunalité. Lorsqu’intervient la période de soudure, les paysans vendent leurs productions à des prix très bas. Aujourd’hui, la formation a fait qu’ils font des réserves. On les appuie par des prêts financiers pour qu’ils ne bradent pas leurs productions. Ce sont ces pôles de développement qu’on est en train de définir. On est en train de définir six pôles. La troisième, toujours au titre de l’aménagement du territoire, ce sont les espaces de développement partagé. On en a déjà crée 21 à travers lesquels il faut amener les communes à mutualiser leurs efforts pour qu’elles puissent mieux se développer, surtout par rapport aux espaces frontaliers qui ne sont plus considérés comme des périphéries, des zones oubliées, mais des zones à part entière du territoire national. Et ensuite, toujours par l’aménagement du territoire, prendre en compte la dimension environnementale.

La Rédaction

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