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Le triomphe de la vérité

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Edito du 29 novembre 2013: Signature zéro


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logo journalN’importe quel banquier vous le dira : aucun opérateur économique ne peut obtenir du crédit auprès des banques béninoises s’il est détenteur d’une commande de l’Etat. L’Etat béninois s’est entièrement discrédité ces dernières années. Tellement d’ailleurs que lui-même ne semble vouloir rien faire pour changer le cours des choses.

Nous sommes précisément en face d’une situation presque inédite dans l’histoire du Bénin depuis la banqueroute des années 1980. Naguère en effet, les bons de commande de l’Etat étaient systématiquement prisés par les banques parce qu’elles étaient sûres en retour d’être remboursées à bonne date. Avec la situation actuelle, les entreprises privées nationales ne peuvent plus compter sur le concours des banques pour réaliser les chantiers publics, vendre des fournitures de bureau à l’administration publique pour son fonctionnement régulier, ou encore pour offrir différentes prestations nécessaires à l’existence même de l’Etat. A défaut d’être épaulées comme il se doit par les banques, les entreprises les plus courageuses sont obligées d’user de mille astuces pour continuer à servir l’Etat. Mais dans quelles conditions  et au prix de quelles compromissions?

   Cette situation qui dure depuis environ cinq ans vient de ce que l’Etat paie rarement les entreprises à bonne date. Les prestations sont payées avec des retards considérables sous une lourdeur administrative étouffante. C’est ici, en effet, que l’on se rend compte de la capacité qu’a l’Etat de tuer l’œuvre d’une vie par des retards de paiement qui ont lieu des mois, voire des années après les prestations, alors que l’administration jouit déjà tranquillement des fruits de ces prestations.

Ils sont nombreux, dans ces conditions, les Chefs d’entreprises ayant décidé de ne plus traiter avec l’administration publique. Ceux qui acceptent de subir les contrecoups de cette déchéance de la signature publique s’exposent à des risques massifs dont le plus éminent reste le dépôt de bilan. On voit pourquoi il y a autant de chantiers abandonnés : pas d’avance de démarrage, paiement en retard des échéanciers, ouverture et fermeture hypothétique du SYGFIP, etc. C’est un jeu interdit aux cardiaques. Et on ne compte plus les entreprises qui ont dû mettre la clé sous le paillasson pour cette raison.

 Plus de vingt ans après la conférence nationale, la qualité de la signature publique s’est ainsi totalement liquéfiée. Elle l’est d’autant que le gouvernement a lui-même dénoncé la plupart des contrats qu’il a signés avec les entreprises, sous le prisme du partenariat public/privé, depuis quelques années.  Qu’il s’agisse de la SODECO, de l’OCBN, du PVI ou de la Sonacop, ces gros contrats ont fini dans la poubelle, engendrant procès sur procès.

Si l’on ne prend que le cas de l’OCBN, tout le monde a vu comment un contrat signé en toute clandestinité pour environ  500 milliards et mettant sur orbite l’essentiel du réseau routier et ferroviaire du pays, a été tranquillement contourné et sans état d’âme au profit d’un autre conclu avec le groupe Bolloré en vue de la réhabilitation du réseau de l’OCBN et de la construction effective du chemin de fer Parakou-Niamey. Ici comme ailleurs, les contrats se gonflent, prennent des proportions inimaginables, et finissent par exploser à la figure de ceux qui pensaient utiliser les leviers de l’ombre pour gruger l’Etat à leur profit. Cela s’est mal terminé. Ici, c’est  le lieu de se demander dans quelles conditions les contrats sont signés et comment ils sont résiliés.

Pour les entreprises de Patrice Talon, on peut tous répondre à la première question. Tous nous connaissons comment ont été outrageusement financées les campagnes électorales de 2006 et 2011. On ne saurait s’étonner de rien lorsqu’après ces orgies financières vient le temps du partage du gâteau.  Chacun devra assumer ses erreurs et reconnaitre sa part d’errance dans le jeu dangereux qui s’est  joué dans les contrats léonins qui ont spolié et spolieront  l’Etat.

  Nul ne saurait nier que ce sont d’abord des motifs politiques qui  gouvernent l’attribution des grands chantiers et des gros marchés. Et nous voyons comment pour des prétextes tout aussi politiques les contrats sont remis en cause de façon tout à fait  spectaculaire. C’est à se demander si les contrats n’étaient pas signés autour d’un verre de whisky, dénoncés au détour d’un coup de Sodabi et révisés à la petite semaine après une bonne dose de vin mousseux…

Par Olivier ALLOCHEME

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