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Le triomphe de la vérité

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Edito : L’industrie ou rien


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logo journalIl n’y a pas d’alternative possible. Si nous voulons gagner la bataille du développement, nous devrons d’abord remporter celle de l’industrialisation. A tout prix.

Je vois déjà ceux qui n’y croient pas du tout. Comment croire qu’un petit pays pauvre et endetté comme le nôtre, dirigé comme une épicerie de village, pourrait prétendre à ces cieux ensoleillés en plein XXIème siècle ? Ce pessimisme rejoint celui de beaucoup d’entre nous qui voyons avec amertume l’archaïsme de nos universités, la crétinisation du leadership et l’indolence presque généralisée de l’intelligentsia. Chacun préfère s’enfermer dans ses petits salaires et ses grandes magouilles pour arrondir les fins de mois. Et plus j’y pense, plus je songe à Hegel, lui qui a écrit, comme bien d’autres avant et après lui : « Le nègre représente l’homme naturel dans toute sa barbarie et son absence de discipline. Pour le comprendre, nous devons abandonner toutes nos façons de voir européennes… On ne peut rien trouver dans son caractère qui s’accorde à l’humanité » (Raison dans l’histoire).

   Je ne dirai rien de ces propos inutilement péremptoires. Ils ne le méritent pas. Mais, ils rendent compte malheureusement de toutes ces armes psychologiques de l’abaissement qui ont fait du nègre ce qu’il est aujourd’hui : un être complexé et tourné vers les produits d’ailleurs.

        L’industrialisation veut au contraire des gens sûrs de leur culture et prêts à affronter la féroce concurrence extérieure. Ce que nous observons, c’est que même nos dirigeants n’évoquent ce sujet qu’au titre des formules magiques du changement et de la refondation. Elles permettent de bluffer un auditoire hilare et analphabète. Mais ici, les acquis de ces dernières décennies nous obligent à autre chose.

        Ils nous obligent à regarder ce qui s’est passé en Chine et en Inde pour que les produits technologiques de ces pays dits émergents inondent aujourd’hui nos marchés. Il s’est passé qu’ils ont cru d’abord qu’aucun développement ne passe par l’agriculture seule. Et que la seule voie qui puisse permettre à un Etat de sortir de l’ornière du sous-développement, c’est bien l’industrie.

 D’où la mise en place d’un système éducatif tourné vers la science. Et précisément vers le vol des technologies d’ailleurs qui sont alors adaptées. Ouvrons bien nos yeux. Il a fallu que l’Egypte pharaonique et sa science millénaire existassent pour alimenter la brillance de la Grèce Antique sous un certain Alexandre-le-Grand par exemple. Et il a fallu la même Grèce pour que la Rome Antique émergeât pour régenter l’Europe durant des siècles. Il a fallu l’Europe et l’Amérique pour que le Japon soit capable d’envoyer ses élites s’y faire former pour être capables après de fabriquer ses premières montres, ses premiers appareils électroniques et aujourd’hui d’être une vitrine de la technologie de pointe dans le monde.

        Le même phénomène se répète sous nos yeux depuis environ trois décennies avec l’Inde et la Chine qui se sont livrées massivement à la piraterie industrielle avant d’être capables par elles-mêmes de fabriquer leurs propres produits industriels. Mais avant, il a fallu investir massivement dans des universités scientifiques, créer des conditions incitatives pour les ingénieurs nationaux débauchés des universités, laboratoires et entreprises d’Amérique et d’Europe, faire du bricolage, se spécialiser en produits technologiques pour capter un segment de marché… Mais il a fallu aussi encourager l’innovation à tout prix. Non pas seulement l’innovation, mais surtout l’exploitation à bon escient des résultats de recherches. Il n’y a aucune industrialisation possible pour nos pays qui ne passe par ces voies déjà tracées. Mais elles supposent un engagement politique clair de chaque pays.

 « On ne développe pas, on se développe », aimait à rappeler le sage Joseph Ki-Zerbo. L’industrialisation ne se donnera jamais. Elle ne sera jamais le fruit d’un quelconque « transfert de technologies », sur le modèle de l’aide publique au développement. Elle ne sera qu’une conséquence directe d’une violente volonté d’arrachement née aux confins de nos déterminations individuelles et collectives.

        Mais attention. En luttant pour 300 000 ou 400 000 tonnes de coton, nous faisons bien. Mais le mal, c’est que cela se réalise au détriment de l’industrie qui n’occupe aujourd’hui que 8,5% du PIB. Une broutille.

Par Olivier ALLOCHEME

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