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Le triomphe de la vérité

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Financement du secteur: Quand l’éducation béninoise vit au crochet des PTF


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Comment le système est-il financé ? Répondre à cette interrogation basique débouche sur  des impasses. En effet, depuis 2000, à la suite de la déclaration de Dakar, les Etats  se sont engagés  dans le programme « Education pour tous » dont l’objectif est de réaliser 100% de  scolarisation primaire en 2015. Ce qui a même  été inclus dans les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Dans ce cadre, le programme Fast Track  Initiative (FTI-FCB) a été mis en place pour financer la construction d’infrastructures et la formation d’enseignants qualifiés. Toutes les initiatives du secteur ont  été incorporées dans le Plan décennal de développement du secteur de l’éducation (PDDSE) dont la lenteur d’exécution a été longtemps décriée par la société civile et même les pouvoirs publics. Pour l’ensemble du secteur éducatif, les prévisions du Plan indiquent une progression régulière des ressources, allant de 127,1 milliards de FCFA en 2006 à 210,9 milliards en 2011, soit une variation de 66%. Les dotations budgétaires ont, quant à elles, connu une progression moins régulière, passant de 117,1 milliards de FCFA en 2006 à 188,99 milliards en 2011 et à 219 milliards pour 2014, soit une augmentation de 115,87% en huit ans. Il convient de noter qu’au cours des années 2008 et 2009, les dotations ont été supérieures aux prévisions du plan.

Priorité à l’enseignement primaire
On observera  que les enseignements maternels et primaires  continuent de bénéficier de la plus grande enveloppe financière du secteur. Estimée à 74,42 % en 2006  et à 58,21 % en 2007, la part du budget sectoriel affectée aux enseignements maternel et primaire a dépassé les 53% en 2008. L’enseignement  secondaire vient en deuxième position avec 22,3 % du budget du secteur en 2011 contre 25,9 % en 2010, 28,1 % en 2009 et 29,1 % en 2008. Quant à l’enseignement supérieur, sa part de budget a connu une nette amélioration en 2011, passant à 22% contre 18,7% en 2010, 16,5% en 2009 et 17% en 2008. En 2014, elle passe à 25%. Plus de la moitié de ces dépenses sont consacrées aux salaires.

Des inquiétudes sur le futur
Que fera-t-on après 2015 ? C’est la question que se pose Venant Quenum, enseignant-chercheur à la FASEG, spécialiste de l’économie de l’éducation. Sa crainte, c’est que  les financements déversés  dans le secteur éducatif ne visent qu’à atteindre les OMD en 2015. Ceci crée des dépenses pérennes dont la prise en charge sera presque impossible après cette échéance internationale, sauf à trouver d’autres mécanismes  de financement auprès des partenaires techniques et financiers. Aujourd’hui en effet, pour ce qui est du Fonds commun budgétaire (FTI-FCB) consacré au secteur, l’Etat béninois ne contribue que pour environ 10%. Le reste est assuré par la Banque Mondiale, la DANIDA, la KFW, l’AFD et le Royaume des Pays-Bas.   « On n’est pas à l’abri de graves crises, de mouvements de rébellion des enseignants contre leurs conditions de travail », s’inquiète-t-il. Car, l’on risque d’assister à l’aggravation des déficits de salles et de personnel si les financements actuels sont suspendus. Partisan d’une solution radicale, Venant Quenum fustige la politique actuelle qui n’est centrée que sur les priorités définies par les PTF. « Aucun pays n’a développé un autre », remarque-t-il avant d’ajouter : « Non seulement on ne fait pas de la science, mais on détruit aussi notre capacité future à faire de la science ». Il préconise dès lors que les investissements soient consacrés réellement à la promotion de la recherche scientifique et technique, à l’exemple de l’Inde qui, dans les années 1960, avait rangé au placard toutes les solutions des institutions internationales pour investir massivement dans la recherche scientifique et technique. Le résultat de ce choix audacieux est aujourd’hui là.

Olivier ALLOCHEME

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