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Le triomphe de la vérité

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Edito du 11 novembre 2013: Les enjeux du CNP


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logo journalLe nouveau groupe parlementaire créé par Candide Azannaï constitue une menace pour le camp présidentiel.

        Il est clair que les individualités regroupées dans le groupe Cohésion nationale et paix (CNP) ne sont pas des affidés du pouvoir. D’abord Candide Azannaï. Ce fut un antiyayiste notoire avant de se reconvertir en yayiste sur le tard pour retrouver finalement ses premières amours. Je me rappelle d’une interview qu’il m’avait accordée en 2008 et dans laquelle il disait et répétait de chasser Yayi du pouvoir en 2011, par des voies légales. Quelque temps après, le voici au gouvernement battant même campagne en 2011 sous un slogan devenu célèbre depuis : « Edjinkonin ! Tchékéé ! » Mais une fois sorti de l’équipe gouvernementale et surtout avec son retour à l’hémicycle, il n’a plus du tout le même langage.

        Il y a aussi Salifou Saley. Son retour à la mouvance n’a visiblement pas porté les fruits qu’il escomptait. Mais, il s’agit tout de même d’une petite surprise pour tous ceux qui s’attendaient à le voir réintégrer réellement la mouvance présidentielle. Les dernières activités menées dans sa circonscription électorale tendaient, à coups de marche et de meetings, à montrer sa bonne volonté. La mayonnaise n’a pas pris. Déjà, dès le début de son entrée à la mouvance en octobre 2012, au plus fort de la crise entre l’ORTB et Canal 3, un communiqué de la présidence avait laissé entendre que le président de la république attache du prix, entre autres, « à la sécurité de nos paisibles populations, aux valeurs cardinales de bonne gouvernance, d’obligation de résultats, de reddition de compte et de lutte implacable contre la corruption et l’impunité… ». Saley a sans doute compris qu’il n’était pas le bienvenu. La rumeur publique veut même qu’il ait « prêté » sa chaine de télévision au magnat du coton béninois pour régler ses comptes avec le pouvoir, aux heures chaudes des échauffourées sur le PVI.

        Quant à Bani Samari, depuis la campagne cotonnière écoulée, il n’a pas manqué de stigmatiser les positions du gouvernement sur des dossiers potentiellement sensibles allant jusqu’à alerter les médias à Banikoara sur les contrevérités qui auraient été dites sur la qualité des intrants agricoles. Non, cet ancien Directeur général de l’eau n’est pas un obligé du pouvoir et ne semble pas préoccupé, outre mesure, par ses bonnes relations avec le chef de l’exécutif. Antoine Dayori, pour sa part, n’a pas manqué depuis 2011 de montrer sa bonne volonté d’être en phase avec le Chef de l’Etat. Mais il semble que la force du ministre Barthélémy Kassa sur le terrain de la troisième circonscription électorale écrase son leadership dans la région. Plus que jamais, il a besoin d’une renaissance pour ne pas sombrer.

Le cas Epiphane Quenum est, pour le moins, intrigant. A la création de son parti le 21 septembre dernier, il disait encore qu’il restait dans la mouvance et qu’il soutenait même la révision. Mais ça, c’était avant. Dah Délidji et Ali Camarou sont aussi à inscrire dans le même registre. Quelles assurances ont-ils reçues pour tourner dos aussi royalement au pouvoir ? La réponse n’est pas difficile à trouver.

        Enfin, Sacca Fikara. Dur parmi les plus durs de l’Union fait la Nation, il n’a jamais porté Boni Yayi dans son cœur. Jamais.

        Au total, le nouveau groupe parlementaire s’en va détruire (définitivement) les germes de la révision. Désormais, il y a une minorité claire de blocage pour empêcher le projet de prospérer au parlement. Car, si le président du groupe a (re)dit jeudi qu’il est opposé à toute idée de révision de la constitution, il n’a fait écho qu’à toutes les autres voix qui, soit de l’UN ou même de la RB ont clairement exprimé les mêmes ressentiments.

        Mais, il n’y a pas que cet aspect. Nous assistons à une reconfiguration de la composition politique de l’Assemblée nationale, prémices clairs des bouleversements à venir. Boni Yayi aura en face de lui une classe politique, surtout celle de ceux qui n’ont pas obtenu grand-chose de son régime. Et qui sont désormais prêts à sortir de la forêt de leurs calculs souterrains pour s’afficher publiquement.

        A cet égard, 2014 s’annonce comme une année de toutes les remises en cause.

Par Olivier ALLOCHEME

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