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Le triomphe de la vérité

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Edito du 11 octobre 2013: L’idéologie de l’entreprise


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logo journalPour 95% au moins d’entre nous, créer sa propre entreprise relevait de la folie. Nous n’avions pas appris qu’elle est la seule source de richesse pour l’homme…et pour la femme.

Nous étions bureaucrates en diable, versé dans les sophistications du droit et de l’administration, pointus en économie, en finance et en économétrie : mais franchement pas grand-chose lorsqu’il s’agit d’aller dégotter un marché, créer un nouveau concept pour toucher une nouvelle cible, ou carrément créer de nouveaux besoins pour être les premiers sur un marché. Nous ne l’avions pas appris, pas plus que nous ne pouvions pas imaginer que l’innovation technologique pourrait être le point de départ d’une nouvelle aventure entrepreneuriale pouvant amener à devenir milliardaire. J’avais appris, et on me le répétait en Fac comme à la maison, qu’il fallait étudier, avoir les meilleurs diplômes, faire les bons stages dans les meilleures entreprises pour décrocher un bon emploi. Et si par bonheur, je pouvais entrer à la fonction publique, avoir mon bureau avec canapé, frigo,  véhicule de fonction et tutti quanti, j’aurais fait honneur à mes parents. Les pauvres, ils se sont saignés aux quatre veines pour me faire bureaucrate, employé pour toujours, quêtant les bonnes opportunités pour prendre ma part du gâteau national, construire une belle maison, acheter une belle voiture…Et puis j’ai lu Napoléon Hill. J’ai lu aussi Robert Kayozaki. Et j’ai compris.

Ces deux-là m’ont ouvert les yeux sur ce que je voyais sans voir. A savoir, précisément, que les plus riches sont rarement  de sages fonctionnaires attendant la fin du mois. Mais que ce sont souvent de froids calculateurs osant prendre la vie du côté où les gens la fuient : l’audace. Il s’agit d’oser affronter et de vaincre la peur  de créer une entreprise pour offrir aux autres ce dont ils ont besoin pour améliorer leur vie de tous les jours.  L’écrire ici est infiniment plus facile que de le mettre en pratique et de le vivre pleinement tous les jours et pendant des années. C’est encore plus complexe, lorsque la concurrence à visage nigérian est constituée d’informel, de trafiquants de drogue. Lorsqu’elle cache des fonctionnaires engagés dans des  activités parallèles pour arrondir leurs fins de mois. Que ne fait-on subir aussi à l’entrepreneur, surtout lorsqu’on renifle du gras autour de lui…

C’est dans ce contexte hyper-difficile que l’entreprise doit prospérer au Bénin. Et c’est dans ce contexte que celui qui a eu l’outrecuidance  de créer son affaire peut en bénéficier, ainsi que ses employés, afin qu’ils agrandissent leur rayon d’action  pour avoir une taille à la mesure de leurs ambitions. L’entreprise  ne réussit qu’au prix de tribulations parfois insupportables. La récompense de toutes ces difficultés franchies avec intelligence, avec des chutes et des remontées,  c’est la prospérité. C’est, mais c’est rare, une vie de famille harmonieuse avec la possibilité de réaliser ses rêves. La possibilité d’aider les autres et de faire grandir la communauté.

Quelle que puisse en être la taille, l’entreprise (et tout ce qui va avec) est la seule entité créatrice de richesse dans un Etat. Pour  ne l’avoir pas assez perçu jusqu’ici, nos Etats errent dans des bricolages sans nombre. « L’improvisation et l’endettement sont, avec la mendicité, les seules méthodes dégagées par l’Afrique depuis les indépendances pour satisfaire ses besoins fondamentaux », disait, un brin provocatrice, Axelle Kabou dans son fameux brûlot Et si l’Afrique refusait le développement ? (1991). Et les individus eux-mêmes sont convaincus que seul l’Etat peut leur permettre de se réaliser. Résultat, la fonction publique est de règle, l’entreprise privée étant l’exception.

Nous pouvons inverser cette tendance, en faisant en sorte que la satisfaction de nos besoins ne soit pas confiée au seul Etat dont les rouages politisés en font une machine à broyer les ambitions et à limer les valeurs. Lorsque je regarde autour de moi, les plus gros investissements, les immeubles les plus flamboyants, les voitures les plus rutilantes comme les réalisations les plus foudroyantes sont le fait de ceux qui n’ont pas dormi sur leur salaire, mais ont demandé plus à leur être : plus d’énergie, plus d’intelligence, plus de confiance, plus d’ambitions, plus de rêves, plus de rigueur…

 Et, évidemment, ce sont aussi eux qui donnent plus aux autres. Parce qu’ils en ont les moyens.

 Par Olivier ALLOCHEME

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