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Le triomphe de la vérité

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Edito: Des records d’instabilité


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En huit mois, le Chef de l’Etat a remanié son gouvernement trois fois. La première fois, c’était le 05 février dernier, la deuxième, le 11 août et la troisième fois, ce 07 octobre. Prions qu’il y ait une quatrième, une cinquième ou une dixième fois avant la fin de l’année. Et qu’ainsi un nombre beaucoup plus grand de Béninois puissent trouver de places au soleil de l’exécutif…
Ce n’est désormais qu’un secret de Polichinelle. Les hommes et femmes qui servent à l’exécutif béninois sont sujets à toutes les incertitudes. On le leur montre à suffisance. Ce ne sont que de petits instruments aux mains de la toute-puissance présidentielle. Me reviennent alors ces propos condescendants de l’empereur Auguste parlant à Cinna, dans la pièce du même nom de Pierre Corneille : « Ma faveur fait ta gloire, et ton pouvoir en vient/
Elle seule t’élève, et seule te soutient/
C’est elle qu’on adore, et non pas ta personne/
Tu n’as crédit ni rang qu’autant qu’elle t’en donne/
Et pour te faire choir je n’aurais aujourd’hui/
Qu’à retirer la main qui seule est ton appui. »

C’est cette omnipotence présidentielle qui fait les gouvernements vacillants à l’infini et la gouvernance pour le moins déroutante.
Ayant opté pour le régime présidentiel, la constitution du Bénin dépose entre les mains du Chef de l’Etat toute la puissance de la république, pour faire exécuter ses quatre volontés. Il en a le droit, pour autant que la loi le lui permet. Mais ici, la question est de savoir si l’éthique et la morale républicaines ne devraient pas empêcher que le détenteur du pouvoir suprême ne s’en serve pour avilir l’Etat et en faire un chiffon.
Car, à y voir de près, même au sein de la majorité présidentielle, l’embarras est grand et le désarroi profond. Ceux qui parviennent à parler de cette énorme versatilité, crient en silence leur dégoût. Non, mais y-a-t-il un capitaine dans ce bateau ? C’est un « bateau ivre » dirait Arthur Rimbaud.  Et il n’y a rien à faire que de le laisser sombrer armes et biens au fond de l’océan de ce délire ambiant. Et pourtant, nous ne sommes plus, mais alors plus du tout, dans une  affaire individuelle, mais dans une destinée nationale dans laquelle les crimes d’aujourd’hui se paient cash demain.
On avait pourtant espéré que le second mandat du chef de l’Etat soit, sur ce point, exempt de tout reproche. On  avait espéré, et cela s’est passé, que le premier gouvernement de ce second quinquennat fût plus stable que les autres. Elle le fut pendant environ 27 mois, hormis quelques remaniements dits techniques. Ces mouvements mineurs ont principalement eu pour résultat de ridiculiser l’ancienne ministre Sofiatou Onifadé, ballottée de ministère en ministère pendant  un an, avant qu’elle ne sorte carrément du gouvernement. Pour elle, comme pour d’autres, le passage au gouvernement a été un énorme sacrifice d’humiliation. Combien de cadres béninois veulent encore aller au gouvernement aujourd’hui ? La question reste posée.
Tout compte fait, cette omnipotence présidentielle est une anarchie autoritaire. « Un pays peut tout à fait avoir un homme fort à la tête d’un Etat faible, disait Jean François Revel. L’homme obtient l’exécution par l’Etat de tout ce qui lui plait, mais l’Etat est en même temps incapable de gouverner convenablement  et de procurer aux citoyens l’impartiale protection  et la saine gestion qu’ils sont fondés à en attendre. » (L’absolutisme inefficace, 1992).
Ce n’est donc pas étonnant si cette concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul qui en abuse à souhait, débouche sur de mauvais résultats.  La puissance de contrôler le destin des hommes et des femmes qui l’entourent est si forte qu’il ne vit que dans une nébuleuse, un nuage de vapeur, déconnecté du milieu ambiant.
Comment pourrait-il s’en apercevoir ? Obnubilé par son omnipotence, il est entouré d’une sollicitude constante qui le transfigure à ses propres yeux. Cette obséquiosité ambiante ronge sa lucidité qui prend l’eau de toutes parts. On peut alors parler d’un président démi-Dieu. Malheureusement, cette perte des réalités a déjà plongé des peuples entiers dans le désarroi. Prions seulement !!!
Par Olivier ALLOCHEME

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