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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le brasier syrien


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Ce qui risque de se passer bientôt en Syrie va embraser tout le Proche-Orient. Depuis hier, la France et les Etats-Unis ont multiplié les gestes belliqueux. La marine américaine fait déjà mouvement dans la Méditerranée. Les signes d’intimidation qu’elle accumule font suite aux déclarations de Barack Obama annonçant que la première puissance mondiale ne pourrait pas tolérer plus longtemps l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit en cours depuis deux ans en Syrie. Le Président français, comme d’ailleurs le premier ministre britannique, ne cache plus sa volonté d’utiliser la force face aux « crimes contre l’humanité » commis par le régime de Damas.
L’enjeu aujourd’hui est effectivement de savoir jusqu’où la communauté internationale est prête à aller face aux récents développements de la crise sur le terrain. Le 21 août, des armes chimiques auraient été utilisées à Damas, tuant un millier de personnes. Pour les renseignements américains, il s’agit bien d’une œuvre de l’armée de Bachar Al-Assad. Présente sur le terrain, Médecins sans Frontières, tout en confirmant 355 décès liés à des « signes neurotoxiques » ne désigne pas de coupable. Et la communauté internationale ne peut pas rester inactive dans une telle conjoncture où des armes non conventionnelles sont utilisées. Toute léthargie risquerait de faire tache d’huile et constituer un très mauvais exemple pour les autres Etats en conflit.
Malgré la tragédie qui a cours dans ce pays depuis deux ans, personne n’a oublié les graves erreurs de Washington en Irak. En 2003, c’est le même Pentagone qui a fait croire au monde entier que Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive. George W. Bush devait entrainer le pays dans une guerre qui, onze ans après, n’a pas fini de détruire et de détruire encore l’ancienne Mésopotamie.
Aujourd’hui, c’est le tour de la Syrie. Ancienne alliée de l’Occident, Damas est la dernière cible des « révolutions arabes ». Ce que l’on a nommé aussi « printemps arabe » est en train de devenir en Syrie un « hiver sanglant ». Un effroyable hiver.
Les mouvements de Destroyers américains dans la Méditerranée et le yoyo diplomatique nous rappellent, en effet, que la région est déjà fragilisée par mille conflits : l’Irak en délabrement avancé, le Liban déchiré entre factions islamistes, Israël et les territoires occupés en guerre permanente, la poudrière iranienne, l’Egypte ingouvernable, la Libye et ses déchirements post-Kadhafi. Ils forment ensemble une galaxie d’Etats en sursis dans un Proche-Orient définitivement livré au chaos.
L’intervention de la communauté internationale va indéniablement aggraver cette instabilité. Les groupes islamistes en action dans la région vont accourir de toutes parts. Le Hezbollah libanais, une créature de l’Iran, qui n’a jamais caché son activisme en Syrie, les Gardiens de la révolution iraniens (les fameux Pasdarans), les «brigades Badr» irakiennes soutenues par Téhéran, tous armés par la Russie feront pièce aux groupes rebelles sur place. Les rebelles, eux aussi, sont soupçonnés d’abriter en leurs seins des islamistes notoires qui font douter l’opinion publique américaine.
Comme dans le cas libyen qui a vu le déferlement d’un grand nombre d’armes ayant servi à la déstabilisation du Mali, l’aide occidentale aux rebelles fera disséminer dans le pays des instruments de mort. Comme au Pakistan et en Afghanistan dans les années 1980, où l’aide américaine a armé Al-Qaïda et contribué à l’installation du narcoterrorisme sur le long terme, la Syrie sera irrémédiablement prise d’assaut par la pègre islamiste. Avec les dégâts que cette intrusion pourrait contenir pour toute la région et surtout sur le long terme.
Aujourd’hui, l’option du Pentagone, pourrait être de procéder comme au Kossovo en 1999 par des frappes aériennes, sans engagement au sol. Les risques alors, ce sont les « victimes collatérales » chiffrées au Kossovo à environ 1200 en deux mois et demi de frappes.
Les difficultés majeures, ce sont non seulement les cibles à atteindre dans un pays livré au chaos depuis deux ans mais aussi les objectifs qui doivent être atteints. Si, comme en Libye et en Irak, l’on aboutit au renversement du régime, il faut être certain que Bachar laissera un pays en miettes. Et les groupes violents en action sur ce théâtre n’hésiteront pas à ouvrir une brèche vers Israël…

Par Olivier ALLOCHEME

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