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Le triomphe de la vérité

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Interdiction et répression du meeting et de la marche contre la révision de la constitution : Les forces de l’ordre mettent en difficulté le régime Yayi


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Paul Esse Iko de la CSTB entre deux gendarmes devant le portail de la Bourse du travailOrganisés par la Confédération patriotique des forces de gauche (Cpfg) et l’Union fait la Nation (Un), le meeting et la marche pacifique de protestation contre la révision de la Constitution n’ont pu se tenir samedi dernier, 24 août 2013. Interdite la veille par le ministre de l’intérieur, la manifestation a finalement été empêchée par les forces de sécurité déployées sur le terrain. Dépêchées très tôt ce samedi sur les principaux axes menant à la Bourse du travail, lieu prévu pour le départ des manifestations, la Police et la Gendarmerie nationales se sont donné le mot pour faire échec aux contestataires. Point de chute annoncé de la marche, la Place de l’Etoile rouge était prise d’assaut les hommes en uniformes qui ont veillé à ne laisser personne s’introduire sur les lieux. Impossible donc pour les férus du sport du week-end, habitués à cette place, de s’adonner à leur activité hebdomadaire d’entretien physique. Du côté de la Bourse du travail où des manifestants téméraires se sont malgré tout portés en grand nombre, espérant, aux dires de certains, assister au meeting, les choses n’étaient pas plus simples. Vêtus de rouge pour la plupart, ils ont été accueillis par un comité spécial composé de policiers et de gendarmes et se sont vus interdire l’accès au portail de la Bourse du travail. Même les secrétaires généraux des confédérations syndicales dont les bureaux sont pourtant logés à la Bourse du travail n’ont pu y accéder, suscitant alors l’indignation et de vives protestations de la part des manifestants. « J’exécute les ordres », s’est, pour sa part, contenté de déclarer le Commissaire central de Cotonou, Pierre Coovi Agossadou. Sanglé dans son gilet pare-balles, il s’est montré déterminé à faire respecter l’arrêté préfectoral interdisant la marche et sourd à tout dialogue. Face à cette double interdiction de tenir leur meeting et de manifester, marquée par l’inaccessibilité à la Bourse du travail, les organisateurs ont préféré demander aux centaines de manifestants de se disperser. Et cela, non sans avoir dénoncé à la face du monde, ce qu’ils ont qualifié de « violations de libertés ». Pour Jean Kocou Zounon, porte-parole du Parti communiste du Bénin et porte-parole de la Cpfg qui dénonce les raisons « fallacieuses» avancées pour interdire la marche, cela signifie que les libertés restent à reconquérir. Lazare Sèhouéto de l’Un, pour sa part, craint que le pays ne soit entraîné dans la catastrophe. Pour Orden Alladatin, il ne fait plus aucun doute que le Bénin n’est plus dans un « Etat normal ». Egalement opposé à la révision et appartenant au mouvement « Mercredi Rouge », Me Joseph Djogbénou a, pour sa part, tenu à affirmer « ce que tout le monde sait, ce que le clergé a dit, ce que des personnalités publiques ont dit, à savoir qu’il ne faut pas réviser la Constitution». Déterminés à faire entendre le son de leur cloche et à dire leur opposition au projet de révision de constitutionnelle de Boni Yayi, les organisateurs, après un repli tactique, prévoient de nouvelles manifestations dans les jours à venir.

Ils ont dit

Me Joseph DjogbenouMe Joseph Djogbénou
« La révision de la Constitution n’aura pas lieu. Elle ne peut pas avoir lieu »
« On n’a pas besoin d’aller dans une faculté de droit avant de considérer que l’interdiction est tout à fait illégale et arbitraire. Les démarches ont été accomplies par les organisateurs. Ce sont des partis politiques connus, ce sont des personnalités connues qui ont eu la sagesse d’introduire une demande à la mairie de Cotonou, laquelle a eu la réponse proposée par la loi et puis, bien entendu, sur les lieux, les forces de sécurité ont interdit la marche, avec une réquisition du préfet du département et puis déjà, depuis hier, des considérations que le ministre de l’intérieur a fait publier et qui sont totalement mensongères. La force de l’interdiction, les démarches avec lesquelles l’interdiction a été faite, le nombre des agents qui sont venus, démontrent, s’il en était besoin, que la cause est juste. Sinon, on aurait banalisé cela. La résistance des citoyens qui sont venus s’agglutiner autour de la Bourse du travail, qui ont refusé de partir, sans violence, qui se sont exprimés, démontre encore une fois que la cause est juste. Le mouvement s’intensifie, la résistance s’intensifie et les jours à venir, des stratégies seront mises en œuvre. De toutes les manières, il faut affirmer une chose : la révision de la Constitution n’aura pas lieu. Elle ne peut pas avoir lieu. Il faut affirmer une seconde chose, que les élections devront être organisées, et il faut affirmer une troisième chose, le président de la République n’a pas besoin de rassurer les Béninois sur son départ. Ce sont les Béninois qui exigent de le rassurer que lui, il va partir. De ce point de vue, ces choses-là étant affirmées, les populations vont prendre leurs dispositions pour que cela devienne réalité.»  

Zacharie Todan, Secrétaire national à la formation de l’Union fait la nation
« Ils sont armés jusqu’aux dents pour en découdre avec des gens pacifiques»Zacharie Todan

« Nous nous sommes réunis de façon pacifique et avons programmé une marche à la suite de notre déclaration. Mais vous voyez à quel point les lieux sont militarisés. Ils sont armés jusqu’aux dents pour en découdre avec des gens pacifiques qui veulent exprimer leur opinion et leur ras-le-bol par rapport à ce qui se fait d’inique au Bénin. Mais déjà, le peuple sait que nous sommes opposés à la façon dont Yayi nous gouverne. Nous sommes des résistants et nous continuerons à résister, à dire non à la réforme constitutionnelle non consensuelle, non à tout ce qui est mauvais.»

Paul Esse Iko, Secrétaire général de la CSTB
« Nous allons reprendre cette marche, et en grand»

Paul Esse Iko« Nous avons pris acte de l’interdiction de notre marche qui est pacifique. Nous allons reprendre cette marche, et en grand. La marche ne peut pas être interdite au Bénin, parce que nous avons le devoir de mettre le doigt sur ce qui n’est pas bien. C’est un devoir pour nous. Ils nous ont interdit de rentrer chez nous, à la Bourse du travail. Nous allons nous disperser et dans une ou deux semaines, nous allons reprendre cette marche.»

Flore S. NOBIME

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