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Le triomphe de la vérité

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Edito: La fin d’un polichinelle


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Logo facebookC’est désormais terminé. Le gouvernement peut dire au revoir à son projet de révision de la constitution, s’il ne tient pas à provoquer un soulèvement populaire. Les signes que tout est définitivement gâté s’amoncellent.
    Le tout dernier signe de cet inéluctable échec, c’est la lettre de la conférence épiscopale du Bénin. A mots à peine voilés, les évêques ont exprimé leurs inquiétudes quant aux germes potentiellement dangereux que porte le projet du gouvernement. Et appelé à son retrait, surtout dans un contexte qu’ils décrivent comme étant fait de pauvreté et de misère. Pour qui connait le fonctionnement de l’Eglise catholique, il n’y a pas de doute : les évêques ne reviendront pas sur leur position. C’est dire que les observations désabusées du gouvernement, qu’elles soient pertinentes ou non, n’altèreront point la portée de leur message, un message lu aux fidèles dans toutes les églises du Bénin. Et il n’est pas dans leurs habitudes de se dédire non plus. L’Eglise, il est certain, n’acceptera pas dans les conditions actuelles, qu’un projet de révision constitutionnelle prospère.
    Deuxième signe, c’est l’amoncellement des haines de part et d’autre. Il est marqué par la naissance spontanée de groupes antirévisionnistes cependant que le gouvernement se déploie activement sur le terrain à travers ses nervis pour vendre le projet aux populations. Les tensions inhérentes à ces controverses jettent aux orties les débats de fond pour faire le lit aux querelles de personnes. L’Africain et plus spécifiquement le Béninois n’aime rien tant que ces querelles politiques où le pathos le plus agressif se déchaine, où les haines d’hier sont réveillées, et où     les manipulations succèdent aux manipulations. Dans ces arènes sauvages où les coups se distribuent, la méfiance s’installe. Elle cristallise les positions et rend improbable la possibilité même d’un consensus. Pire encore, le Chef de l’Etat, qui devrait rester dans un « splendide isolement », pour reprendre l’aphorisme de George Eulas Foster, s’est jeté dans la bataille et y a lancé son gouvernement, bien que connaissant pertinemment toute la charge explosive d’un tel engagement. Il n’y a pas pire contexte pour une révision constitutionnelle, celui où des pans entiers de l’opinion sont à couteaux tirés, prêts à en découdre. Réviser une loi fondamentale en ce moment est le moyen le plus efficace pour enflammer le pays.
Last but far from the least, la question de la procédure. Les récentes déclarations du ministre des affaires étrangères, parlant au nom du gouvernement, lèvent un coin de voile sur ce que pense l’exécutif, notamment par rapport à la question de la nécessaire participation populaire au processus de révision. S’appuyant sur le décret de transmission du projet à l’Assemblée nationale, il a rappelé que le Chef de l’Etat propose aux députés de se charger de ce volet du processus. Sans indiquer l’article du règlement intérieur de notre parlement qui organise une telle procédure, surtout pour ce qui concerne les projets de loi. Tout compte fait, la querelle de la procédure, le refus du clergé comme l’opposition catégorique des centrales syndicales constituent des obstacles infranchissables pour le projet du gouvernement. Si on ajoute à tous ces groupes organisés, les partis politiques de l’opposition et la société civile agissante, on tombe dans une évidence béante : la révision de la constitution béninoise est bien morte.
    Elle ne peut prospérer dans sa mouture actuelle. La question est de savoir si les 4/5 des parlementaires pourront y adhérer dans les circonstances que nous vivons. La question est de savoir comment le gouvernement fera pour corriger une procédure déjà mal engagée. Elle est de se demander s’il peut avoir en définitive le courage du renoncement.
    Oui, en y renonçant, Boni Yayi aurait fait une (énième) reculade et signé en même temps son échec le plus lamentable de ces trois dernières années. Après les revers du PVI, les contreperformances du coton et ses déboires avec la justice, ce renoncement pourrait constituer la goutte d’eau de trop pour le moral du Président. Ce serait en même temps une indéniable réussite pour le front antirévisionniste.
    Que dire enfin de la parole présidentielle sinon qu’elle ne pèserait désormais plus grand-chose. De revers en revers, le discours d’un Chef de l’Etat abonné aux échecs n’a plus de valeur. Et nous sommes (encore) à deux ans et demi de 2016…

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