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Le triomphe de la vérité

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Décès de Alokpon, le roi du «tchingounmè»: Sa fille et son frère reviennent sur les circonstances d’une mort subite


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Le roi du tchingounmè, feu Houndéffo Anatole, alias Alokpon

Le roi du tchingounmè, feu Houndéffo Anatole, alias Alokpon

Né vers 1940, le roi du tchingounmè, Houndéffo Anatole, alias Alokpon a succombé le lundi 24 juin dernier à un malaise. C’était à la salle VIP du Service des Urgences du Centre Universitaire Hubert Koutoucou Maga (CNHU-HKM) de Cotonou aux environs de 18 heures. Approchés, sa fille Sègbé Sabine Houndéffo et son jeune frère Claude Houndéffo reviennent sur les circonstances d’une mort tragique.
24 juin 2013. Il est 18 heures 15 minutes. Houndéffo Anatole, alias Alokpo, le roi du « Tchingounmè » a rendu le tablier de la vie. Il a cessé de vivre. La nouvelle a fait le tour de la ville. Mais personne n’a su expliquer avec précision, les réelles circonstances de son décès. Pour en savoir davantage sur cette mort subite, nous nous sommes rapprochés de ses parents proches. Il s’agit, en premier lieu, de sa fille Sègbé Sabine Houndéffo. Elle est infirmière d’Etat à Djidja. Elle est restée au chevet de son père jusqu’à sa mort lundi dernier. Selon ses explications, en effet, l’artiste a été admis au service des Urgences du CNHU-HKM dans la journée du mardi 18 juin 2013. C’était suite à un malaise. De quoi cela retourne exactement ? Sabine ne nous donnera pas d’autres détails. Mais, son oncle, c’est-à-dire le jeune frère du disparu expliquera que les symptômes s’apparentaient à une attaque vasculaire cérébrale (AVC). Mais ce n’est pas tout. Selon ses propos, l’ancienne gloire de la musique traditionnelle béninoise avait d’autres problèmes plus sérieux. « Après le scanner et les analyses, il a été révélé qu’un caillot s’était formé au niveau de son cerveau et il fallait qu’il subisse une opération chirurgicale pour l’en débarrasser», a poursuivi Claude Houndéffo. Et c’est justement cette opération chirurgicale qui a mal tourné pour l’ancienne gloire de la musique traditionnelle. Son frère relate encore l’atmosphère au CNHU suite à cette opération chirurgicale : « Nous étions là quand brusquement autour de 18 heures, les médecins ont commencé par s’attrouper autour de lui. On nous a demandé de sortir. C’est là que nous avons compris que notre grand-frère n’est plus parmi nous. Effectivement, quelques minutes plus tard, un de mes frères médecins est venu nous confirmer la mauvaise nouvelle », a laissé entendre Claude Houndéffo.

25 orphelins et 3 veuves endeuillés
Sur les pas de ses aînés chanteurs de Ouèssè, feus Houessèdié, Gangbé, Dogbè, Kohouio et consorts à Savalou, Houndéffo Anatole, alias Alokpon a appris à chanter très tôt. A 20 ans, il s’est imposé aux Béninois après avoir gagné un concours national organisé par le gouvernement à l’époque. Dans les Collines, il était sorti premier. Fort de ce succès, il met sur le marché, à 20 ans, son tout premier album intitulé « Ali man yi sè gon » dans lequel il a parlé du caractère mystérieux de la vie. C’était avec son premier producteur Aïssi qu’il a très tôt perdu et qui l’a beaucoup fragilisé. Il y a seize ans déjà, il a sorti l’album « Danhomèkélito tan » dans lequel il a fait l’historique du royaume d’Abomey. C’était également un chef-d’œuvre à grand succès. Mais c’est également l’album du découragement. Aussitôt après la sortie de cet album, son producteur Hubert Adji est décédé. Très affecté compte tenu des relations qui les lient, il décide alors de raccrocher. « Ce producteur dont je parle, c’est lui qui m’a sorti l’album intitulé «Danxomèkélito tan» à travers lequel j’ai fait l’historique de la cité historique d’Abomey. C’est un album qui a connu un véritable succès. Et c’est justement pour cela que j’ai été fortement découragé. S’il était en vie, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. J’allais connaître le bonheur que je mérite à travers la chanson. Après sa mort, franchement, je n’ai plus voulu chanter. Cela fait environ 15 ans déjà. Mais, il y a juste trois ans, j’ai pu faire deux CD Vidéo grâce à l’aide de certains de mes amis. Franchement, je ne prends plus la chanson comme une priorité dans ma vie. Je suis vraiment découragé par le décès de ce producteur », nous avait-il confié, pensif, il y a environ un an dans son village natal à Ouèssè dans la commune de Savalou lors d’une interview. Il a aujourd’hui à son compteur, une vingtaine d’albums, dont 7 sur support disque 45 tours. Très adulé par les femmes, il n’a pas échappé à la polygamie. Feu Alokpon laisse derrière lui trois femmes et 25 enfants. Sa 4èmefemme appelée Dévo qu’il dit adorer l’a précédée dans l’au-delà depuis le 25 décembre 2011 dernier. Il faut dire que déçu par la musique, il s’adonnait depuis une quinzaine d’années, aux travaux champêtres, notamment la culture de l’anacarde. En attendant ses obsèques, son corps repose à la morgue du CNHU depuis lundi dernier.

Claude Houndéffo, jeune frère du roi Alokpon
« Il nous a lâchés au moment où nous pensions encore profiter de ses expériences »

« Sans être médecin, je vous dirais simplement que c’est suite à une courte maladie. Et c’est une intervention chirurgicale au Centre hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga le 24 juin 2013, qui l’a emportée. Il est arrivé avec un malaise s’apparentant à un AVC. Mais les examens ont révélé qu’il avait un petit caillot dans le crâne. L’intervention chirurgicale devrait permettre l’évacuation l’hématome. Mais il a succombé dans les circonstances que je ne saurais vous décrire, pour ne pas m’abuser. Le constat est que nous étions là quand, autour de 18 heures, les docteurs ont commencé par s’affairer autour de sa personne. Quelques minutes plus tard, on a demandé à tout le monde de se retirer. Le désarroi s’est tout de suite installé et nous avons compris que notre frère n’était plus. Ça s’est confirmé par un jeune frère à nous, médecin, qui s’est rapproché de ses pairs. Mon frère ainé, pour utiliser de termes vulgaires, est un boxeur, il est un battant. Il cherche à se dépasser tous les jours. Il est aussi bien chanteur compositeur que fermier. Il a emblavé, il y a de cela trois (03) ans plus de trente et deux (32) hectares. Il est aussi dans le petit commerce. L’expérience lui a permis d’être guérisseur à temps perdu aussi. Alokpon, c’est pour nous un modèle à suivre. Et là, il nous a quittés, pendant qu’on avait encore besoin de lui. Il nous a lâchés au moment où nous pensions encore profiter de ses expériences. S’il avait duré un peu plus sur terre, il aurait valablement remplacé notre papa. C’est un monument qui vient de tomber. Ce n’est pas en ruine, le monument s’est écroulé totalement et semble avoir pris fin. La suite, après ses obsèques, il sera question pour nous ses frères d’encadrer ses enfants et de leur dire ce que nous avons obtenu de leur papa pour qu’ils lui emboitent le pas et ne soient pas paresseux. Suivez moi, je suis trop jeune pour m’aventurer sur ce terrain-là. Quand quelqu’un comme Alokpon décède, il y a d’abord les notables qu’il faut à tout prix contacter pour qu’ils nous orientent. Nous n’avons qu’à faire des propositions. Et dans le cas d’espèce, ce sont les enfants qui vont faire les propositions et nous les frères, nous allons étudier et les supporter avant d’aller voir les notables. Et cela va sans dire que les artistes comme lui auront leur mot à dire. Et mieux, le gouvernement aura certainement des propositions à nous faire ou bien nous allons nous en tenir aux propositions du gouvernement. Nous sommes une trentaine de plusieurs lits. Notre père a fait une trentaine d’enfants pour nous qui vivons encore. Les enfants ! Écoutez, c’est une vedette et il est né à un moment où l’on considérait l’enfant comme une fortune parce que la force de travail peut être obtenue là. Sans m’abuser, il en a fait au moins 25. Au nom de mes frères, je pleure devant vous la disparition d’Alokpon. Et je souhaite que ses obsèques soient bien organisées. Aussi bien du côté des artistes béninois, des membres de sa famille que de l’exécutif, excusez les parlementaires aussi, puisqu’il est connu de tout le monde ».

Sabine Houndéffo

Sabine Houndéffo

Sabine Sègbé Houndéffo, infirmière d’Etat, fille de l’artiste disparu

« Ce que j’ai le plus retenu de lui est que c’est un homme de labeur, un combattant »
« Nous sommes partis là où il a été hospitalisé et on nous a informés de ce qu’il serait opéré. L’opération a donc été effectivement faite. Et tout le monde s’est mobilisé pour sa réussite. Je veux dire aussi bien les docteurs que les membres de la famille. Alors, après que l’opération a été faite, nous étions tous restés mobilisés dans l’attente d’une suite favorable, c’est-à-dire son réveil. Mais force a été de constater que quelques complications sont survenues peu de temps après. C’est alors qu’à la suite desdites complications, on nous apprend la mort de notre père. Ce que j’ai le plus retenu de lui est que c’est un homme de labeur, un combattant. Il n’est pas paresseux. Il travaille. Il l’a même souligné dans une de ses chansons, en disant que jusqu’à son dernier soupir qu’il aura sa main au travail. Même à huit jours de son décès, il a encore joué à Savalou. L’autre chose est qu’il a l’habitude de nous dire « Mes enfants, cultivez l’union entre vous ». Même sur son lit d’hôpital, il s’est efforcé de nous le dire encore avant de s’en aller. Je ne peux pas dire maintenant qu’il y a déjà un dauphin immédiat. Mais, il y en parmi ses enfants qui tentent la chose, qui s’essayent. Au nom de notre père défunt, nous tenons à remercier tout le peuple béninois, en l’occurrence le gouvernement pour tout le soutien qui lui a été apporté lorsqu’il a été hospitalisé. Nous remercions tous les membres du corps médical qui sont intervenus d’une façon où d’une autre en vain. Il faut le rappeler, le gouvernement, notamment le Ministère de la culture était prêt qu’on l’évacue en cas de complication avancée. Donc, nous leur en sommes éternellement reconnaissants. Nous remercions également tous ses amis, frères et sœurs et toutes les personnes qui ont œuvré de près où de loin pour qu’il se remette de sa maladie ».

Donatien GBAGUIDI

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One thought on “Décès de Alokpon, le roi du «tchingounmè»: Sa fille et son frère reviennent sur les circonstances d’une mort subite

  1. Alban

    Je suis encore sous le choc. Il a offert son dernier spectacle lors des cérémonies de levée de deuil de mon défunt père, le samedi 15 juin 2013 à Savalou de 14h à 22h. Lorsque je visualise le film de sa prestation, j’ai du mal à accepter sa mort aujourd’hui.

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