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Le triomphe de la vérité

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Edito du 17 juin 2013: La République selon les policiers


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Ne regardez plus les films américains. Ils risquent de vous donner une très mauvaise idée de la police béninoise. Dans ces films, les agents de police qui violent la loi sont punis et parfois même obligés de démissionner de la corporation qu’ils ont salie. Au Bénin, c’est tout le contraire. Ils narguent et menacent  la justice.

        Il y a, en effet, un désespoir profond qui accable tout bon citoyen lorsqu’il lit le communiqué final ayant sanctionné les travaux de l’assemblée générale du syndicat de la police, communiqué final par lequel les policiers « refusent d’avoir à se soumettre au diktat de l’UNAMAB et de son protégé, le Magistrat Angelo HOUSSOU ». En clair, les policiers chargés de notre sécurité, c’est-à-dire ceux qui  sont chargés de faire respecter les lois de la République, pensent qu’ils sont des citoyens d’une autre planète que l’on ne devrait  jamais convoquer devant les juridictions   compétentes pour répondre d’éventuelles fautes professionnelles.

Il y a en plus quelque chose de dramatique à lire la suite de ce communiqué final dans lequel les policiers « appellent respectueusement le premier Magistrat à prendre ses responsabilités pour garantir aux personnels de la Police Nationale et en premier, son Chef, le Directeur Général de la Police Nationale, la protection qui leur est due dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions ». Ah oui ! Au besoin, selon les policiers, Boni Yayi devrait interdire au juge Georges  TOUMATOU en charge du dossier, de toucher à un seul cheveu de Louis-Philippe Houndégnon, quelles que puissent être, par ailleurs, les fautes professionnelles dont il se serait rendu coupable.

        Il y a également quelque chose de dangereux à laisser entendre à nos enfants ces discours anarchistes. Ils auraient pensé, eux qui sont imbus des valeurs républicaines d’égalité et de justice, ils auraient donc pensé que les policiers sont de fieffés fripons qu’il faut combattre, au besoin en les radiant un à un de ce noble corps pour que notre Etat puisse survivre. Leur communiqué final sonne, en effet, comme une rébellion déguisée contre la justice et contre le droit.

Il y a enfin quelque chose de  sidérant,  à entendre les mêmes policiers clamer dans la même semaine qu’ils luttent contre le grand banditisme et pour le respect de la loi. A croire finalement que nous ne parlons pas de la même loi.

        Regardons donc les choses de plus près. Le syndicaliste violent qui a laissé entendre que le DGPN est un personnage intouchable, a parlé avec un aplomb ahurissant, un peu comme s’il était dans une république bananière dirigée par un Président fantoche. La présence visible du Directeur général adjoint de la police nationale, du commissaire central de Cotonou ainsi que d’autres hauts gradés de la corporation policière, constitue le signe d’une mission en cours de réalisation. Ils semblent n’être qu’en train de jouer une partition qui leur a été composée par une main habile et surtout impérative, impuissants qu’ils sont à réfléchir aux conséquences de leurs actes.

        Si vraiment ce n’est pas le cas, si vraiment une main obscure n’est pas cachée derrière cette goujaterie sans nom, qu’avons- nous fait pour mériter que 55 ans après   la proclamation de la République du Dahomey, l’idée républicaine soit remise en cause de manière aussi odieuse par ceux-là mêmes qui sont payés pour la défendre ?

        C’est d’autant plus choquant que le procureur de la République près le tribunal de première instance de Cotonou, considéré en principe comme le supérieur hiérarchique  de tout Officier de Police Judiciaire (dont le DGPN), a été lui-même convoqué pour répondre d’accusations de violations du secret de l’instruction. A la différence des demi-dieux policiers, il n’a émis aucune forme de protestation et ira certainement répondre de ses actes devant la Cour Suprême  comme l’exige la loi.

        Malgré ce tableau plutôt déprimant pour nous tous, que chacun se ravise. Les agitations enregistrées ne  sauraient empêcher l’administration de la justice, même envers et contre tous ceux qui roulent de la mécanique pour l’annihiler. Les lois de  la République sont implacables contre les rébellions de ce genre. Elles s’appliqueront envers et contre tout policier félon, même s’il se croit intouchable.  Leur vaine rébellion, téléguidée d’on ne sait où, tombera à l’eau comme toutes les autres manipulations saugrenues.

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One thought on “Edito du 17 juin 2013: La République selon les policiers

  1. Ibou

    Je suis un sénégalais de 62 ans qui est tombé sous le charme de votre pays par le canal de la télévision nationale l’ORTB que je reçois à Dakar. Je recherche sur le net toutes informations concernant le Bénin.

    J’ai été sidéré en lisant cet article. Je ne comprends pas que des policiers chargés de veiller à l’ordre et à la tranquillité publics se mettent à dos les magistrats qui sont leurs chefs hiérarchiques en ce qui concerne l’exercice de la police judiciaire.

    Ici au Sénégal, ils travaillent la main dans la main mais nul n’ignore que pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions, les policiers et gendarmes sénégalais sont traduits devants les tribunaux de droit commun.

    Souvent des membres des forces de l’ordre sont emprisonnés pour des délits ou des crimes qu’ils ont commis. Cela n’empêche pas la Police et la Gendarmerie d’accomplir correctement leur mission première.

    La Police béninoise doit rester républicaine.

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