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Le triomphe de la vérité

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Coopération bilatérale: Boni Yayi et sa diplomatie en territoire conquis au Japon


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Rufin Zomahoun

Rufin Zomahoun

BoniGrâce à la qualité de sa coopération avec le Japon, le Bénin projette de lui, sur la scène mondiale, une image qui s’est amplifiée à l’occasion de la 5è Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD). Dans l’ombre de ce rayonnement à succès, l’ambassadeur Zomahoun Rufin démontre que son chef de l’Etat avait vu juste en lui faisant confiance.

Une fois les rideaux tombés, lundi dernier, sur la TICAD V, quasiment toutes les délégations à ce sommet sont rentrées. Y compris celle du Bénin dont le rayonnement continue de faire flotter le drapeau vert-jaune-rouge dans les esprits. A commencer par celui des Africains. Les échos parvenus de Yokohama (Japon) -et qui continuent de l’être- en direction du reste du monde, pendant les trois jours à l’affiche de l’événement, ont offert au gouvernement béninois l’occasion d’un coup diplomatique médiatisé, jamais égalé jusque-là.

«L’axe Cotonou-Tokyo est si bien huilé que pour le chef de l’Etat béninois, le Japon est comme devenu la porte d’à-côté», reconnait un brin envieux, un haut cadre sénégalais en séjour au Bénin. «Cette année déjà, Thomas Boni Yayi s’y est rendu en moyenne une fois tous les trois mois», rappelle-t-il. Quand on sait la réputation de plus offensive que d’autres de la diplomatie sénégalaise, on comprend la crainte de ce cadre, surtout à l’heure où l’Empire du Soleil Levant s’emploie à redynamiser sa coopération avec l’Afrique pour ne pas se faire dicter la loi de l’occupation du terrain par la Chine qui avance à grandes enjambées sur le continent. A Yokohama, en effet, il est annoncé au profit de l’Afrique un fonds de 30 milliards U$ environ, soit 15.000 milliards FCFA, dont 14 milliards U$ (7000 milliards FCFA) sous forme d’aide publique au développement (APD) et les 16 milliards U$ restant seront consacrés au financement de projets à caractère régional. Pour la première fois, il est envisagé de sécuriser les activités des entreprises japonaises désireuses d’investir sur le terrain et pour lesquelles au moins 2 milliards U$ seront dégagés du total de cette APD.

Rufin Zomahoun, un Ovni dans le ciel diplomatique

Son constat, le Sénégalais l’a fait, notamment sur la séquence qui passait en boucle et en gros plan sur les chaines internationales d’information en continue qui montre un Boni Yayi se jetant littéralement dans les bras du premier ministre japonais, Shinzo Abe. Ce dernier, sous les acclamations marquant la fin de son discours inaugural, ayant comme repéré un ami parmi les officiels, descend du podium, se précipite droit devant lui la tête relevée vers le président béninois qui saisit l’occasion de rendre la politesse à son hôte à recevoir. Dès lors, pris en otage par les projecteurs et les flashs des caméras, les deux hommes se sont adonnés au jeu, sous les applaudissements encore plus nourris d’un parterre médusé de chefs d’Etat et de gouvernements, de ministres et de chefs de protocole d’Etat ainsi que de représentants d’institutions au plus haut niveau de la diplomatie mondiale. Tout sourire, Boni Yayi et Shinzo Abe devisent brièvement, se chuchotent de doux mots, s’imagine-t-on, pour ensuite se donner la chaude accolade de gens familiers ayant l’habitude de se rencontrer. Et pour cause!

C’est Boni Yayi, qui a eu l’honneur et le privilège d’inaugurer le mandat de Shinzo Abe, au poste de premier ministre, quand il fut porté à la tête du gouvernement nippon en décembre 2012. En tant que premier chef d’État africain convié à se rendre en visite d’État au Japon, fin Février début mars 2013. Et à être reçu à la fois par le premier ministre et l’Empereur Akihito. A la stupéfaction générale des représentants de pays amis en poste à Tokyo et dans la sous-région. C’était évidemment événementiel.

Une première fois déjà, en 2006, la diplomatie béninoise avait réussi un coup encore plus retentissant. Et nos sources d’indiquer qu’un chef d’Etat africain au sud du Sahara, sur les deux déjà programmés cette année-là, comme c’est de coutume là-bas, aurait été décalé puis remplacé par son homologue du Bénin qui venait de remporter la présidentielle et qui tenait à se rendre au Japon. Il s’en serait ouvert à son conseiller spécial en Asie-Océanie d’alors, cet oiseau volant non identifié dans le ciel de la diplomatie béninoise. Faisant jouer ses relations et sa maitrise du terrain, l’ambassadeur Zomahoun –pour qui c’est à l’œuvre qu’on reconnait l’artisan- aurait finalement réussi à faire passer du rêve à la réalité cette ambition «démesurée» du président nouvellement élu de son pays. Au grand dam de ses collègues détracteurs qui voit en lui, comme en leur ministre de tutelle, un corps plutôt allogène dans la maison Affaires étrangères. Au point où, sa repartie aux ragots est de reconnaitre ne pas être un diplomate de carrière tout en revendiquant être au moins un diplomate en carrière. Impérial!

De moins de 3 minutes à plus d’une demi-heure

Boni Yayi

Boni Yayi

Sans établir un quelconque bilan, les résultats à mi-parcours de ses actions indiquent que, entre Cotonou et Tokyo, c’est la lune de miel avec à la clé un Bénin qui compte désormais parmi les onze (11) pays amis privilégiés qui bénéficient de la magnanimité constante du gouvernement et de l’Etat nippons.

Ainsi, des attributions d’aides financières à la mise en place et au développement de projets d’infrastructures sociocommunautaires prioritaires sont annoncées. Notamment, pour un montant de un (1) milliard de yens japonais soit environ six (6) milliards FCFA sous forme d’aide publique au développement (don hors projet) à laquelle vient s’ajouter une enveloppe de 12 milliards FCFA déjà domiciliée dans des banques au Bénin et par rapport à laquelle toutes dépenses de la part du gouvernement béninois nécessite l’accord express des autorités japonaises.

On notera que chaque fois qu’il est au Japon, Boni Yayi dont la propension est de vous demander un peu plus d’effort, affiche une fierté mal contenue d’avoir mis l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Et à la question de savoir si Son Excellence Zomahoun Rufin n’a déjà pas en si peu de temps (dix mois seulement) mangé tout son blé en herbe, pour être encore en position de baliser le chemin à son mentor, l’homme répond qu’il tient une juridiction de plus de dix pays pour ensuite lâcher sans fausse modestie qu’«en vingt-cinq ans (25) de vie dans la région, je peux tout de même me considérer en territoire conquis». Vaste programme et énorme défi pour le premier sinologue noir qui, par ailleurs, manie à merveille le mandarin (langue de la majorité en Chine). On n’oubliera pas qu’à la présentation de ses lettres de créances à l’Empereur Akihito, il est resté en tête-à-tête avec sa Majesté plus d’une demi-heure, renversant le protocole du palais impérial qui ne prévoit pour ce type de cérémonie que les 2 minutes 45’’ règlementaires. Le comble dans son cas, c’est que tout s’est déroulé presque à huis-clos, entre deux et… sans interprète-traducteur. Un peu comme avec deux larrons en foire.

Emmanuel S. Tachin (Collaboration)

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