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Le triomphe de la vérité

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Edito du 15 mars 2013: L’embellie du cajou


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8 % des revenus d’exportation nationale, 24,87 % des exportations agricoles, 7% du PIB agricole. Ce sont les chiffres qui mettent en lumière le poids de plus en plus grandissant du cajou dans l’économie béninoise.  Aujourd’hui même commence le convoyage des récoltes depuis les champs jusqu’au port où attendent les navires destinés à l’exportation. Une filière d’avenir se met en place tout seul, sans grande dépense de l’Etat. Et dans la ferveur collective.

 Produit dans huit départements sur douze, la pomme emploie environ 200.000 personnes dont 180.000 planteurs et 20.000 acheteurs et exportateurs. A en croire  la FAO en 2008, les superficies exploitées sur cette culture sont estimées à 190.000 hectares de terre.

 En lançant officiellement la campagne de commercialisation du cajou il y a deux semaines, le gouvernement entend montrer son implication effective dans une spéculation-secours devenue incontournable.  Les ambitions affichées par le plan stratégique de relance du secteur agricole sont de faire passer la production de 50.000 tonnes en 2005 à 120.000 tonnes en 2015, avec  la promotion des unités de transformation et le renforcement des capacités organisationnelles des acteurs.

En 2011/2012, le Bénin a exporté 122 301 tonnes vers l’Inde, principal pays importateur à travers le monde avec le Viêt-Nam. Troisième plus grand pays exportateur de noix de cajou brute en Afrique, notre pays est clairement un acteur de poids dans cette spéculation, au plan mondial. Ce n’est donc pas pour rien que les acteurs du secteur ont commencé à s’organiser pour relever les défis qui se posent à eux.

L’un des plus importants goulots d’étranglement reste la guéguerre existant entre exportateurs nationaux et étrangers. Les producteurs à la base se voient en effet offrir des prix plus intéressants par les indo-pakistanais. Ceux-ci vont directement dans les champs, avec de gros moyens. Ils raflent les récoltes, ne laissant que des miettes aux nationaux. Il faut maintenant une bonne dose de fermeté et de vigilance  pour que le Conseil national des exportateurs de cajou du Bénin (CONEC-Bénin) impose une certaine discipline collective à tout le monde.

D’ores et déjà, tous ceux qui fréquentent les zones de production peuvent se rendre compte du réel engouement des producteurs. Ils figurent au nombre des principaux bénéficiaires de l’embellie du cajou. Il ne s’agit plus seulement d’une lutte contre la pauvreté, mais d’un instrument réel de création de richesse à la base. Contrairement au coton qui a pu en ruiner plus d’un ces dernières années, la noix de cajou bénéficie d’une bonne image auprès des producteurs. Les vastes et vertes plantations qui s’étirent depuis les Collines jusqu’à la Donga, en passant par le Borgou et l’Alibori, constituent des témoignages de cet engouement resté pendant longtemps à l’état latent.

Pour le moment, les acteurs privés qui s’y emploient, parviennent aussi à tirer leur épingle du jeu, alléchés par la demande qui reste très forte. L’Inde, premier producteur mais aussi premier importateur mondial, constitue un énorme marché prêt à tout absorber. Ce sont ses citoyens qui s’obligent même à se déplacer en personne sur le terrain pour contrôler les circuits de commercialisation.

L’autre défi est celui de la transformation sur place. Il n’est pas propre à la filière, mais à toutes nos matières premières qui gagneraient de beaucoup à être transformées ici même au Bénin. Faute de technologies appropriées, les noix béninoises sont cédées aujourd’hui au prix officiel de 200 FCFA/kg. Mais il est clair que sur le terrain la concurrence entre acheteurs est vive. Au point que le CONEC-Bénin entend ramener la spéculation à un niveau maximum de 350 F pour ne pas asphyxier les opérateurs. C’est le jeu naturel du marché des produits tropicaux qui se joue  sur ce vaste champ de concurrence et d’intérêt. L’arbitrage de l’Etat servira à réguler le secteur et surtout à le promouvoir en offrant des facilités aux exportateurs dont la plus-value impacte directement l’économie nationale.  Gageons que les forces de sécurité donneront un peu de répit aux camions chargés de sacs de cajou. Désormais, ils sont munis de laissez-passer, précieux  sésame qui devrait leur épargne rançonnements et tracasseries de toutes sortes.

C’est d’un bel avenir que nous parlons, d’un avenir qu’il sera utile à nous tous de sauvegarder.

Olivier ALLOCHEME

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