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Le triomphe de la vérité

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Edito du 08 mars 2013: Le nouveau souffle


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Je fais partie de ceux qui sont constamment restés sur leurs gardes quant aux promesses de la campagne cotonnière en cours. Les premiers chiffres, tels qu’ils ont été donnés le 22 février m’avaient pourtant paru catastrophiques : 204 000 tonnes. C’était juste ce qu’il fallait pour assurer aux Béninois que les 82 milliards engloutis dans la campagne ont été perdus. J’avais pensé, comme d’autres, que ces investissements cotonniers devaient simplement tourner au Waterloo : j’avais tort, heureusement.

               Les explications fournies hier par les ministres de Souza et Katè m’ont convaincu que l’Etat n’a pas pu faire tous ces efforts, déployé tous ces moyens pour n’obtenir que ces chiffres dérisoires. Actuellement, avec les 224 000 tonnes effectivement égrenées, le Bénin peut dire qu’il n’a pas roulé à perte. Et que l’espoir est encore permis. Même si le gouvernement reste prudent en parlant d’un bénéfice minimum de 20 milliards de FCFA, il est clair que les dizaines de milliards investis dans les villages serviront à lutter contre la pauvreté et alléger ainsi la souffrance des producteurs. Au-delà du retour effectif sur l’investissement consenti, le bénéfice constitue ici un facteur social non négligeable pour les populations à la base. Ce sont au moins 60 milliards qui sont allés dans l’économie rurale et donc qui ont permis d’y régler un tant soit peu les problèmes qui s’y posent.

                A cela s’ajoute le bénéfice effectivement réalisé par les populations au terme de leurs activités. Si les chiffres du gouvernement sont sincères, on peut noter que seul 30% des revenus réalisés par les producteurs ont servi aux remboursements. C’est-à-dire que 70% de leurs avoirs sont allés directement dans leurs poches. En clair, contrairement à d’autres campagnes où le paysan sort couvert de dettes, il sort ici avec le sourire. Il peut alors avoir le courage de continuer la culture du coton, avec en prime un effet d’entrainement sur tous les autres producteurs réticents qui s’étaient abstenus d’aller vers l’or blanc. D’un cercle vicieux, le gouvernement a réussi à faire un cercle vertueux…

               Il faut saluer toutes ces sueurs versées, toutes ces peines endurées, tous ces soleils affrontés, ces incertitudes aussi… Rendons à César, ce qui est à César. Ce sont les responsables à divers  niveaux de la campagne qui doivent être félicités. A commencer par le ministre de l’agriculture, toujours au champ. On n’oubliera pas de si tôt que la campagne en cours sonnait pour eux comme un immense défi : faire front à Talon dans le coton. Très peu de Béninois, en dehors des cadres attentifs aux mutations actuelles de la gouvernance de notre pays, ont perçu l’ampleur du combat mené par le gouvernement ainsi que les risques exponentiels qui se prenaient. Très peu savent que presque toute la filière était aux mains d’un seul dont la seule volonté suffisait pour tout anéantir d’un clin d’œil. Plus d’une fois, le pire a failli arriver. Le basculement était parfois à un doigt.

               Il est heureux que l’on puisse dire en fin de compte que l’ « année blanche cotonnière » n’a pas eu lieu. Qu’elle s’est soldée au contraire par une année verte de joie. Que de plus en plus, des agents d’encadrement sont aux côtés des producteurs. Que l’Etat a réussi dans une filière réputée complexe. Et que les espoirs se sont enfin levés sur nos fronts dégoulinants des miasmes de nos inquiétudes combien justifiées. Nous n’avons pas échoué partout.

               En agriculture, plus que dans tout autre domaine d’activité, les bons résultats ne s’obtiennent que par la force d’un engagement sans limite.  Mais dans la filière coton, il a fallu surtout compter durant cette campagne avec  la malice des hommes prêts à sabler le champagne  si un  échec survenait. Pour le moment, nous pouvons pousser un ouf de soulagement : c’est eux qui ont échoué.

               Mais le vent nouveau qui va désormais souffler sur la filière sera regardé de très près par l’Etat. Il devrait, en effet, avoir le triomphe modeste. Les démons du passé sont encore si proches…

 Par Olivier ALLOCHEME

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