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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Docteur Philippe Eugène Ngaundji: « Utiliser un insecticide dans de mauvaises conditions, amène le moustique à développer des résistances »


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Docteur Philippe Eugène Ngaundji

Le Bénin vient d’abriter une rencontre internationale sur l’impact de la résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides. Organisée par l’Organisation mondiale de la santé, ces assises ont réuni, le Bénin, le Cameroun, l’Inde et le Kenya. Membre de la délégation camerounaise, le Docteur Philippe Eugène Ngaundji, médecin, responsable Epidémiologie au ministère de la santé publique du Cameroun, revient dans l’entretien qui suit sur les objectifs et les attentes de cette réunion à laquelle ont pris part de nombreux experts. Il aborde également la situation du paludisme en Afrique, et ce qui se fait dans son pays le Cameroun en matière de lutte contre le paludisme.

L’Evénement Précis : Docteur Philippe Eugène Ngaundji, vous venez de prendre part à cette rencontre internationale de l’Oms sur l’impact de la résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides. Quels étaient les objectifs de ces assises ?

 

Docteur Philippe Eugène Ngaundji : Nous étions quatre pays sur cinq présents à cette étude sur l’impact de la résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides qui sont sur le marché. Le but de la réunion était de faire le point de la situation sur la recherche dans chacun de nos pays et d’harmoniser nos positions et résultats.

 

Quelle est donc la cause de la résistance des moustiques aux insecticides et quels sont les types de résistances notées?

Il y a ce qu’on appelle la pression des insecticides, c’est-à-dire que lorsqu’on utilise un insecticide pendant un certain temps, et dans de mauvaises conditions, on amène le moustique à développer des résistances. Il y a deux types de résistances, à savoir celle liée aux gênes puis celle est acquise progressivement par le contact du moustique avec l’insecticide. La mauvaise utilisation d’un insecticide ou la proximité avec d’autres substances peut entraîner le développement des résistances des moustiques par rapport à ces insecticides.

 

Que peut-on alors retenir de vos travaux en termes de recommandations pour une meilleure avancée de la recherche?

Au terme de nos travaux, nous avons eu deux types de recommandations. Nous avons eu des recommandations sur le plan de la gestion administrative du projet, en ce qui concerne le décaissement des fonds qui sont mis à la disposition de l’Oms par la Fondation Bill et Melinda Gates. Nous avons demandé des facilités pour le déblocage de ces financements auprès des institutions qui sont chargées de mener la recherche sur le terrain. Nous avons eu des recommandations d’ordre technique en ce qui concerne la présentation des résultats, la conduite harmonisée de la recherche épidémiologique sur le terrain ; c’est-à-dire que les substances anti-moustiques qu’on utilise sur le terrain devraient être harmonisées dans chacun des pays et en fonction des méthodes, soit les moustiquaires imprégnées, soit l’aspersion intradomiciliaire.

 

On constate que le paludisme continue de tuer en Afrique. En attendant et en espérant qu’un vaccin soit élaboré contre cette maladie, quelle conduite serait, selon vous, la plus appropriée pour faire face à la maladie ?

Le paludisme reste, en Afrique, la première cause de mortalité. C’est un problème de santé publique dans la plupart des pays africains. Et la lutte anti-vectorielle constitue l’un des moyens les plus sûrs en l’absence d’une vaccination efficace aujourd’hui pour lutter contre le paludisme. C’est pour ça qu’il y a lieu de travailler, de s’investir pour que la lutte anti-vectorielle ne connaisse pas de point faible.

Un mot sur l’implication et l’engagement des pays africains dans cette lutte?

Depuis la mise en place de l’initiative « Roll back malaria» (« Faire Reculer le Paludisme » lancée le 23 juillet 1998 par l’Oms et ses partenaires), la plupart des pays africains s’engagent véritablement à travers des plans nationaux pour la lutte contre le paludisme. Mais sans l’appui de l’Oms et des partenaires internationaux comme la Banque mondiale, le Fonds mondial, etc., les pays africains auraient beaucoup de mal à vaincre le paludisme.

 

Peut-on connaître les politiques mises en place dans votre pays en ce qui concerne cette lutte ?

Le Cameroun, à l’instar des autres pays africains, adhère à l’initiative Roll back malaria. Il a très tôt mis en place un Programme national de lutte contre le paludisme placé sous la houlette du ministre de la santé publique qui, lui-même, en est le président. Nous avons sur le terrain, un dense tissu d’intervenants. Nous avons, sur le plan thérapeutique, avec l’appui du gouvernement, lancé un programme de traitement gratuit pour les enfants de 0 à 5 ans atteints de paludisme. Ceci apporte déjà quelque chose de positif dans cette lutte. Nous avons un plan de prise en charge gratuite des femmes enceintes en ce qui concerne la prévention. J’ajouterai que le Cameroun participe activement à cette lutte. En témoigne la distribution, il y a quelques mois seulement, sur le plan national de moustiquaires imprégnées. Car, la couverture universelle voudrait qu’une personne sur deux dans un ménage ait droit à une moustiquaire. Ceci a donc amené le Cameroun à procéder à une vaste campagne de distribution de moustiquaires il y à peine un an. Je peux donc dire que chez nous au Cameroun, la lutte contre le paludisme s’intensifie.

 

Entretien réalisé par

Flore S. NOBIME

 

 

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