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Le triomphe de la vérité

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Éditorial: Les raisins de l’espoir


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2013 s’ouvre sur une vérité. L’Afrique sera le levier de la croissance mondiale. Alors que les chiffres de la croissance des autres parties du monde confinent à l’enlisement, ceux de l’Afrique sont franchement porteurs d’espoir.

Il y a d’abord ceux qui sont carrément délirants. Telle la Libye qui, après l’effondrement de 2011 (- 59,7 %) et l’incroyable rebond de 2012 (121,9 %), devrait afficher une croissance de 16,7 % cette année. Il y a ensuite la Sierra-Léone qui a fait un fulgurant 32% grâce à son minerai de fer et son pétrole. Il y a aussi le Niger avec un beau 14% en 2012 porté par l’exploitation pétrolière à peine naissante. Tous les pronostics placent le pays dans le peloton de tête de la croissance africaine pour 2013.

Reste le cas du Ghana, « lion africain » comme disent déjà certains pour montrer que l’ex-Gold Coast est devenu un candidat très sérieux sur la plateforme du développement. Plus sérieux à mon avis que le Niger dont le boom tient à un fil, du fait de l’instabilité chronique du Sahel. Sérieux aussi, le Nigeria qui connait une croissance hors pétrole d’environ 7-8% ces cinq dernières années. Le Soudan du Sud, quant à lui, a connu une chute de 55 % en 2012 en raison de l’arrêt de la production pétrolière, mais devrait connaitre un saut spectaculaire de 69,6 % en 2013 !

Difficile de ne pas évoquer le Mozambique. Pour la treizième année consécutive, son PIB croîtra de plus de 6 % (8,4 % selon le FMI), porté notamment par le potentiel énergétique du pays (charbon et gaz). La zone UEMOA ne sera pas du reste. La croissance moyenne de ses huit États devrait se maintenir au-dessus de 5 % malgré la crise au Mali. Locomotive de cette embellie, la Côte d’Ivoire devrait enregistrer 7% en 2013.

En moyenne, la plupart des analyses prévoient pour 2013 une croissance d’au moins 5-6%, loin devant l’Amérique du Nord (environ 2,2 %) et l’Europe (1,1 %). Franchement, il n’y a même rien à attendre d’une Europe poussive dont les compteurs tournent davantage vers la récession et le chômage de masse.

La lente reprise de la Grèce et le chômage encore tendanciel en France, au Portugal et en Espagne sont des facteurs d’inquiétude. Par contre, le FMI estime que parmi les 30 principales économies qui croîtront le plus à travers le monde, 16 seront africaines. Vingt pays du continent verront leurs richesses nationales augmenter de plus de 6 %.

Toutefois, les défis à relever restent encore très nombreux et surtout complexes. La situation au Mali et la prise d’otage en Algérie montrent que les périls sécuritaires constituent des menaces d’une ampleur inégalée. Un pays comme le Nigeria aurait pu faire mieux si Boko Haram ne constituait pas une source de frayeur pour les investisseurs. La situation de l’Afrique du Sud ne manque pas d’inquiéter non plus. Le pays traverse une zone d’incertitude marquée par l’échec de sa réforme agraire et la compétitivité limitée de son industrie jadis florissante.

L’industrie reste d’ailleurs le talon d’Achille de notre remontée alors qu’elle demeure un maillon incontournable du développement et de la lutte contre le chômage. Aujourd’hui, l’Afrique totalise à peine 1 % de la production industrielle mondiale. Le cabinet McKinsey estime, par exemple, que la part du secteur manufacturier dans le PIB des 27 plus grandes économies africaines a reculé de 15 % en 2000 à 12 % en 2010. Il s’agit désormais d’inverser cette tendance pour espérer rattraper les retards accumulés.

L’un des problèmes les plus importants demeure les chemins de fer qui, historiquement, sont des facteurs de croissance. Mais, ils datent de la période coloniale et le renouvellement s’est partout heurté à des freins immenses. Résultat : pour transporter un conteneur de Dakar à Ouagadougou- soit un trajet d’environ 2 000 km -, il faut dépenser plus de 7 500 euros et passer pas moins de 55 points de contrôle. En Chine, sur la même distance, ce coût est d’environ 1 750 euros par la route et de quelque 750 euros par voie ferrée.

Ajoutons à tout ceci le défi énergétique, celui lié au financement du développement ainsi que les problèmes fonciers.

Pour mériter d’aller de l’avant et plus vite que les grandes puissances, le continent devra enfin transformer ses structures administratives basées sur des lenteurs congénitales à l’heure où la vitesse et l’efficacité sont les maitres-mots du progrès.

Olivier ALLOCHEME

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