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Le triomphe de la vérité

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Editorial: Le problème du budget


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2013 commence avec des espoirs nouveaux. Mais toujours ces obsessions économiques rendues pesantes par le rang médiocre qu’occupe le Bénin au plan sous-régional. Nous sommes dernier. Dans l’UEMOA, les prévisions de croissance du Bénin en 2013 sont les moins bonnes. Ce n’est pas une nouveauté, au regard de ce qui a été vu en 2012. Mais en réalité, si le souhait du Chef de l’Etat se concrétise, nous devrions faire mieux.

Faire mieux ici passe avant tout par la réalisation des 6% miroités par Boni Yayi dans ses discours au parlement et à la nation. Croissance de qualité, a-t-il insisté, comme pour insinuer l’idée d’une certaine croissance sans redistribution aux couches défavorisées de la population. Mais si tout le monde a perçu ici ou là la forte ambition de sortir du carnaval des lampistes, il en a été autrement pour le budget dont les enjeux sont encore vaguement maitrisés.

La mode sous-régionale est aux budgets « colossaux » passant le cap des mille milliards. Un pays comme la Côte-d’Ivoire prévoit un budget de 3.814 milliards de FCfa pour 2013, c’est-à-dire près de quatre mille milliards, tandis que le grand Nigeria culmine à près de 16 000 milliards de FCFA. La véritable question est de savoir si derrière ces chiffres ne se cache pas une supercherie politique. Car, depuis trois exercices que le Bénin présente un budget théorique de plus de mille milliards, les recettes effectivement mobilisées peinent à atteindre 700 milliards. L’exécution du budget s’en trouve ainsi largement impactée.

L’augmentation des engagements aussi bien vis-à-vis des syndicats que des collectivités locales n’a fait qu’alourdir les charges. Les dépenses somptueuses liées à l’augmentation du train de vie de l’Etat ne sont pas non plus étrangères à cette tendance haussière. Nous dépensons beaucoup et encaissons peu.

C’est dans ce contexte que nombre d’analystes doutent de la qualité de la loi des finances 2013. Ces précédents fâcheux laissent, en effet, comme une ombre sur la sincérité des prévisions. La méthodologie trop optimiste adoptée par les cadres, la manipulation volontairement biaisée des chiffres pour des raisons politiques, ajoutée aux ambitions souvent en déphasage avec les réalités de terrain, transforment chaque loi des finances en un tissu de mensonges.

Durant les années électorales où le régime Yayi cherchait à tout prix un second mandat dans le tumulte que l’on sait, les budgets par ordonnance permirent de passer outre les observations des parlementaires de l’opposition. Mais la réalité têtue des performances n’a fait que confirmer la nécessité d’un changement de cap.

Changer de cap consiste ici à centrer les dépenses sur les réelles priorités des populations et surtout à assurer la qualité de ces dépenses. Lorsque l’on assure que 11,85% du budget 2013 sont consacrés au secteur agricole, la question légitime est de savoir si la moitié de cet investissement pourra aller dans les champs, à la construction de pistes de desserte rurale, à la mécanisation agricole ou encore à la recherche. Autrement dit, le réel problème n’est pas tant dans les chiffres arbitraires servant à la propagande que dans les résultats réellement obtenus.

Il y a quelques années, la polémique liée aux machines agricoles a révélé l’ampleur des surfacturations et autres manipulations grossières qui se cachent derrière les milliards supposés dépensés au profit du monde rural. La récente polémique à propos des excédents ou des déficits de la campagne cotonnière en cours, donne à penser que les dépenses engagées (ou supposées engagées) n’ont pas réellement généré les performances attendues. L’avenir nous dira si le niveau de pauvreté des cotonculteurs a baissé grâce à ces dizaines de milliards englouties ou si au contraire, nos pauvres parents ont servi d’échelles à quelques repus de la république.

En attendant cette heure du bilan, il faut souhaiter que les ambitions de croissance attachées à ce budget 2013 nourrissent d’autres vertus. Fondamentalement, le Bénin n’a plus rien d’autre à faire aujourd’hui que d’engager le sursaut qui ferait mentir les pronostics pessimistes. Et, il n’y a pas de doute. Le premier exemple devrait partir du sommet de l’Etat.

Olivier ALLOCHEME

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