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Le triomphe de la vérité

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Editorial: Une première budgétaire


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C’est historique. Les députés ont adopté la loi des finances 2013, presque deux semaines avant la fin de l’année. C’est une première depuis 1990. Saluons cette prouesse qui marque peut-être une évolution dans le travail des parlementaires béninois. Personne ne les a jamais accusés pour leur célérité. Au contraire.

Cette embellie est le signe de la sérénité retrouvée au sein de l’hémicycle. Il y a moins de deux ans, l’Assemblée nationale s’était transformée en une véritable foire d’empoigne. Partisans et adversaires de Boni Yayi s’y sont livrés à une guerre de tranchée qui a considérablement entaché l’image de marque de l’institution et celle des députés. Le point d’orgue de cette bataille à 83, ce fut ce bruyant concert hâtivement organisé par l’opposition au plus fort de la crise électorale, à propos du remplacement des secrétaires parlementaires, en février 2011.

Peu de Béninois ont oublié ces images extraordinaires de Rosine Soglo tambourinant son pupitre de sa propre canne tout en protestant de sa voix la plus forte contre le Président Nago. Certains y ont vu des prémisses de guerre civile, d’autres une humiliation irréparable pour la démocratie béninoise. Image d’apocalypse, image de décadence, image révolue. Le vote d’hier donne finalement de notre parlement l’image d’une institution responsable qui a su dompter les forces centrifuges.

Tout ceci a été rendu possible par la majorité confortable obtenue par le Chef de l’Etat au sortir des joutes électorales de 2011 ainsi que des ralliements d’après-vote. Ils ont gonflé l’effectif de la mouvance au point d’en faire une machine à broyer l’opposition. Celle-ci a été réduite à néant, obligée de faire profil bas dans une arène parlementaire parfaitement contrôlée par le régime Yayi. La voix de l’UN ? Elle ne se laisse entendre que par les bribes à peine audibles de ces communiqués qui répandent, par d’autres voies, les maladresses des responsables de cette coalition en déroute.

Définitivement, l’UN est l’ombre d’elle-même. Et son drame, ce n’est pas tant d’avoir perdu son aura que d’avoir vu partir en fumée l’habileté manœuvrière de ses responsables. Un certain Bruno Amoussou semble n’avoir jamais existé au sein du parlement, pas plus d’ailleurs que Séfou Fagbohoun. L’horizon, pour eux, s’apparente à d’épais nuages obscurs bouchant toute lucidité. Et la possibilité même d’une résurrection s’est enfuie. D’odieuses mains ont transformé leur ténacité légendaire en une brindille vite brisée sur le rocher gouvernemental.

Mais le calme d’aujourd’hui est certainement redevable aussi à la maturité de Mathurin Nago. Le président de l’Assemblée nationale avait du mal à maitriser sa troupe, il a eu le temps d’apprendre à traverser les orages par grands vents et fortes précipitations. Il est désormais aguerri aux subtilités de sa fonction.

Les enjeux de 2016 le contraignent même à voir plus loin, ménageant les uns, promouvant les autres, dans un jeu d’équilibre auquel il a été parfaitement rompu. Il sait qu’il a plus à gagner qu’à perdre en jouant de son perchoir pour se positionner auprès de ses collègues comme le rassembleur qu’il faut, un homme de dialogue et de progrès.

Le budget voté n’est donc que la consécration de cette heureuse harmonie qui a fait défaut au parlement à la veille des consultations de 2011.

Mais, ne nous leurrons pas. Nous connaissons tous les jeux obscurs qui président chaque fois l’adoption de nos lois de finances. Ce n’est pas à nous que l’on apprendra qu’au Parlement béninois les textes de lois sont votés sans négociation et sans compromis, voire sans compromission. Le partenariat gagnant-gagnant est parfaitement maitrisé par les députés.

La question est donc de savoir si la loi des finances 2013 est réellement le reflet des besoins des Béninois au cœur de la crise de mévente dans les marchés et surtout de la montée tendancielle des prix sur les étalages. Candide Azanaï n’y est d’ailleurs pas allé par quatre chemins pour dénoncer une loi des finances qui ne reflète pas, selon lui, les préoccupations des Béninois. Oiseau solitaire, oiseau malheureux, il est le seul à avoir choisi l’abstention. Demain, nous dira s’il a raison de se mettre à l’écart de l’unanimisme ambiant au sein d’une mouvance plus que jamais rangée.

Olivier ALLOCHEME

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