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Le triomphe de la vérité

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Editorial: Sanogo, nous voilà !


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« Dans la nuit du lundi au mardi 11 décembre 2012, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a annoncé sa démission ainsi que celle de son gouvernement. Cette démission m’a été formellement remise par écrit, j’en ai pris acte et je l’ai acceptée. [. . .] Dans les vingt-quatre heures, le Mali connaîtra son nouveau Premier ministre, et son nouveau gouvernement d’ici à la fin de la semaine. »Tels sont les mots du président intérimaire du Mali hier. Dioncounda Traoré, sans l’ombre d’une émotion, a accepté la démission de son premier ministre, Cheick Modibo Diarra.

Celui-ci a été arrêté lundi nuit par des soldats aux ordres du capitaine Amadou Haya Sanogo. Il a été ensuite contraint de signer une lettre de démission que le président intérimaire a tranquillement acceptée. Nommé en avril, suite au déclenchement de la crise, l’ancien ingénieur de la NASA ne faisait vraiment pas le poids dans une crise dont la gestion demandait vraisemblablement des qualités politiques bien réelles. Il ne les avait pas. Grand scientifique, piètre politique, l’homme a réussi à retourner même ses propres amis contre lui. On lui reproche notamment ses atermoiements et un manque notoire de sens et de stratégie politique.

Face à lui, il y a le capitaine Sanogo, le véritable responsable de la crise en cours. Déterminé à ne pas se faire oublier, il s’est retranché dans le camp de Kati où il s’est fait construire une maison forte, une espèce de château gardé nuit et jour par une armada de soldats armés jusqu’aux dents. Et ses hommes l’adulent. À son actif, il a multiplié par cinq les primes de mission des militaires, passées de 10 000 à 50 000 F CFA. De quoi en faire un dieu au sein de la troupe. Ses mésententes avec Modibo Diarra et son amitié calculée pour le président intérimaire sont connues. Il a fini par déposer le premier ministre, après avoir déposé le président.

Mais en acceptant le fait accompli, à moins de l’avoir encouragé, Diouncounda Traoré se tire une balle dans les pieds. Qui donc le sauvera lui, le jour où les hommes de Sanogo voudront se saisir de lui ? Il montre clairement à tout le moins, que son régime d’exception est placé sous la coupe réglée des soldats. Il leur est loisible un jour de se saisir des rênes de l’Etat, en montrant le bout de leurs baïonnettes. Et je me demande pourquoi il fait mine d’oublier que son acceptation est un blanc-seing signé aux militaires.

En même temps, la perspective d’une intervention de la communauté internationale, et notamment de la CEDEAO, ne s’est jamais trouvée aussi mal en point. Déjà mercredi dernier, c’est Idriss Déby Itno qui a mis les pieds dans les plats en parlant de « confusion totale » quant à l’éventualité d’une intervention militaire pour libérer le nord du pays des mains des islamistes armés.

Et pourtant, le gouvernement malien a réitéré le 05 décembre à New York « l’urgence du déploiement » d’une force internationale, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais, à quelques heures d’intervalle dans la même journée, les principaux protagonistes du dossier malien, qui se trouvaient tous à Paris, ont fait connaître des points de vue très différents. « L’intervention militaire est indispensable et urgente », a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara, Président de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la souhaitant pour « le premier trimestre » 2013.

En fin de matinée, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, le Français Hervé Ladsous, a cependant expliqué qu’une intervention militaire ne pourrait « pas se faire avant septembre-octobre » 2013. Semblant résumer la complexité du dossier, le président tchadien Idriss Deby a, pour sa part, émis des doutes qui en disent long sur l’absence d’unanimité qui caractérise le projet d’intervention. A tout ceci s’ajoutent les rodomontades de Sanogo qui n’a jamais caché son opposition à toute intervention militaire extérieure. Pour lui et ses hommes, l’armée malienne peut, si elle est aidée, arriver à bout des islamistes.

Plus que jamais, c’est son point de vue qui est remis au goût du jour. Si le président par intérim voulait désapprouver la stratégie de la CEDEAO et de l’UA, il ne ferait pas autrement.

Olivier ALLOCHEME

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