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Le triomphe de la vérité

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Editorial:La chute finale


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L’Etat a sonné le glas de Libercom. La privatisation annoncée de l’opérateur historique est devenue une nécessité absolue compte tenu de l’état de la trésorerie de l’entreprise. Après avoir bénéficié d’un quasi-monopole pendant des années, la société tombe comme un fruit mûr. Et il en est de Libercom comme des autres sociétés d’Etat qui pataugent dans l’eau glauque de la mauvaise gestion. Qu’est-ce qui cause la chute des entreprises publiques ?

C’est assurément leur gouvernance. D’une part, leurs dirigeants ont les mains liées du fait des échelles politiques qu’ils ont empruntées pour se retrouver dans leurs positions. Les exigences de l’engagement politique sont connues. Les retours d’ascenseur que l’on accorde aux ministres et au Président de la République lui-même sont proprement suicidaires. Deux modes opératoires sont employés dans ce cadre.

Les embauches se font sur la base du militantisme, puisqu’il faut remercier à tout prix les électeurs et contenter notamment les « grands électeurs », les faiseurs de rois qui imposent leurs désidératas. Recrutement non compétitif donc forcément mauvais pour la qualité et la motivation du personnel, débouchant généralement sur des conflits internes difficilement gérables. Mais ce qui est ici en cause, c’est l’impact direct que ce management approximatif a sur le rendement de l’employé et, par ricochet, sur celui de la société. Les erreurs de ce genre se paient cash.

Deuxième alternative, ce sont les autres services que les dirigeants d’entreprise s’obligent à rendre à ceux qui les ont nommés. Sous ce chapitre, on peut regrouper les dons et libéralités octroyés pour obtenir les faveurs de tel ministre ou de tel responsable. La multiplication de ces gestes anodins pèse à petit coup sur la trésorerie de l’entreprise. Les dirigeants qui ont donné des centaines de millions à leurs Chefs, ne se sentent liés à aucune obligation de résultat. Mais par une nécessité de vol. Non pas tant parce qu’ils arrivent à la tête de ces entreprises avec une envie tenace de s’enrichir à tout prix, mais surtout parce que le mode de gestion imposé par leurs supérieurs hiérarchiques, pousse à se servir soi-même avant de servir la société.

L’enfant finit par imiter son maitre. Et lorsque les managers eux-mêmes se servent, ils ne peuvent avoir le courage nécessaire ni le bagout qu’il faut pour en imposer à leurs employés. La déliquescence est vite arrivée. Le règne de l’impunité aidant, la société ne peut que s’écrouler, mourir de sa plus belle mort.

D’autre part, la principale difficulté des sociétés publiques, tient en un mot : bureaucratie. Installés dans le confort douillet de leurs bureaux, cadres et agents subalternes sentent très peu l’impératif du résultat. Or, dans l’environnement concurrentiel d’aujourd’hui, seules les performances individuelles et collectives procurent des parts de marché et assurent le résultat. La culture du résultat, le sens élevé de la responsabilité individuelle sont les ingrédients indiscutables de la gestion d’entreprise. Mais dans un contexte de bureaucratie rampante, l’entreprise publique meurt d’un déficit de performance.

Ce qui étonne, c’est que ce qui se passe sous nos cieux africains est aux antipodes de ce qui se passe ailleurs. France Télécom, propriétaire d’Orange, est une société d’Etat. Malgré cela, elle présente des résultats alléchants qui montrent sa performance. A preuve, Orange se trouve sur la liste des potentiels repreneurs de Libercom.

L’autre exemple plus que palpable, c’est l’audiovisuel international de la France. France 24 et RFI, bien qu’étant des propriétés de l’Etat français, n’en sont pas moins des références de performance aujourd’hui. Il en est de même de la BBC en Grande Bretagne et de CNN aux Etats-Unis. Ce sont des références en matière de professionnalisme et de performance. Par contre, on peut être sidéré par la médiocrité rance qui sévit dans certains médias publics…

En outre, il n’est pas normal qu’après tant de milliards investis, le port de Cotonou continue d’être un os dans la gorge des pouvoirs publics. Ce n’est même plus une entreprise, c’est carrément une entité politique portée à bout de bras par la présidence. Et pourtant…

A ce niveau de la réflexion, la véritable (et douloureuse) question qui se pose est celle-ci : comment sortir de ce cercle vicieux ? A cela, une seule réponse compte : la bonne gouvernance.

Olivier ALLOCHEME

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