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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Justice malmenée


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Pascal Todjinou nous donne l’occasion de voir une fois de plus comment notre sens de la justice ne va pas plus loin que le bout de nos intérêts du moment.

Il suffit d’écouter les violentes diatribes des syndicalistes pour s’en convaincre. Vendredi, ils ont exigé la libération de leur camarade, en sommant le juge de faire leurs quatre volontés. Ce blasphème, grave et insolent, a été prononcé sans honte ni tremblement devant les médias et les travailleurs en meeting, comme s’il ne relevait que de la banalité.

Non, malgré toutes les gesticulations des acteurs publics, malgré tout ce qu’on peut dire de nos juges, je refuse de croire que le système judiciaire béninois soit descendu aussi bas. Car, la clameur nauséeuse qui s’élève des syndicats pour défendre un prévenu que tout le monde reconnaît comme fautif, est proprement insultante pour l’intelligence des Béninois. Pascal Todjinou n’aurait jamais dû sortir son véhicule en défaut d’assurance.

Pas plus que son chauffeur n’aurait jamais dû violer le code de la circulation, motif de l’accident qui leur vaut tous d’être aujourd’hui inquiétés. Mais, ce sont des étourderies qui peuvent arriver à tout le monde, que l’on s’appelle Pascal Todjinou ou Tartempion. Ce qui est grave en l’espèce, ce sont les coups de gueule de ses camarades syndicalistes. Ils ne veulent pas admettre la faute de leur camarade et exigent de la justice d’avoir à le libérer sous 24 heures !!!

Où allons-nous ? Que sommes-nous devenus au Bénin pour que les repères fondamentaux de la vie en communauté soient ainsi foulés au pied ? Avons-nous atteint jusqu’à ce point le fond de la sauvagerie ?

Il est vrai qu’en l’occurrence, la bravade des syndicalistes ne date pas d’hier. Ils avaient déjà, eux-les tout puissants, refusé de se faire auditer par l’IGE alors qu’ils bénéficient des fonds de l’Etat, c’est-à-dire de l’argent appartenant à vous et moi. Les mairies et toutes les autres institutions de la république peuvent être auditées, pas les syndicats.

Ils sont autorisés à violer les règles de la décence la plus élémentaire en restant en poste dans leurs secrétariats éternels, même après la retraite, en se foutant de Dieu et des hommes. Ils sont autorisés, eux les syndicalistes-tout puissants, à organiser les élections les plus calamiteuses qu’il nous ait été donné de vivre depuis l’avènement du renouveau démocratique. Ils peuvent même inventer les motifs les plus fantaisistes pour aller en grève.

En l’espèce même, depuis le début de l’année, 64 cas similaires ont fait l’objet de traitement tout aussi identique par le tribunal de Cotonou, sans que jamais nul ne trouve à y redire. Mais, il a fallu que ce soit un syndicaliste pour que se lève une houle qui demande que le coupable soit libéré et que la loi elle-même soit abrogée !!!

Mais les syndicalistes ont raison. Le 1er août dernier, Boni Yayi lui-même, garant du bon fonctionnement de la justice, avait fait main basse sur une décision de justice concernant la Fédération béninoise de football. Il avait estimé, lui le très grand Président qu’il ne pouvait pas comprendre comment de ‘’petits’’ juges allaient se mêler des affaires de football ! Je l’avais écrit, ici même : il se faisait passer alors pour ce qu’il ne doit jamais prétendre être, celui qui donne des ordres aux juges.

Mieux, les déballages de l’ex-procureur général Constant Amoussou, pour venimeux qu’ils puissent paraitre, ont laissé une vérité incontestable. Il se faisait recevoir à l’insu de son ministre par le Chef de l’Etat en personne et lui donnait des détails sur le fonctionnement de l’institution judiciaire. On connait le résultat de cette copulation incestueuse entre la justice et l’exécutif. Mais ce qui fait scandale ici, c’est qu’un Chef d’Etat ait une idée aussi désinvolte de notre appareil judiciaire.

Et puis, n’est-ce pas la constitution elle-même qui a autorisé que ministres et députés ne soient jugés que par une juridiction d’exception ? Depuis une décennie, elle n’a jamais rien jugé pendant qu’elle pompe nos finances. S’il en est ainsi, les syndicalistes aussi peuvent bien se tailler une impunité à la mesure de leur puissance autoproclamée.

Mais alors, que voulons-nous que nos juges soient ? Des marionnettes à la solde des pouvoirs légitimes ou autoproclamés ?

Olivier ALLOCHEME

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