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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Coup de pousse à l’agro


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Le budget 2013 marque une avancée dont nous ne mesurons pas encore l’ampleur. Pour la première fois depuis les accords de Maputo (2003), le gouvernement béninois a choisi de consacrer 11,72% du budget à l’agriculture et au monde rural. L’on passe banalement de 3,6% du budget en 2011 à 11,72% en 2013 !

Jusqu’ici en effet, l’investissement agricole est resté dans une moyenne annuelle de 5% du budget. Mais voilà que le gouvernement choisit de le doubler et sans crier gare ! Ce que les organisations de la société civile réclamaient depuis une décennie s’accomplit ainsi, comme si le gouvernement lui-même a subitement compris qu’il fallait donner suite à son discours relatif à la révolution verte. L’investissement agricole pourra alors prendre son envol.

Ce sont 26,031 milliards de FCFA qui seront investis dans divers projets et programmes relatifs à l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche. Le Bénin s’aligne dès lors parmi les rares pays ayant respecté les engagements pris à Maputo en 2003. En moyenne annuelle sur 2003-2010, 7 pays africains ont atteint ou dépassé les 10% exigés à Maputo. Il s’agit du Burkina Faso, de l’Ethiopie, de la Guinée, du Malawi, du Mali, du Niger et du Sénégal. Le Bénin vient maintenant s’ajouter à ce groupe.

Depuis quelques années, la production agricole est restée dans une moyenne acceptable, surtout pour ce qui est des cultures vivrières. A la campagne 2009-2010, par exemple, les produits vivriers ont connu des productions record avec le maïs qui a franchi la barre d’un million de tonnes alors que celle du riz paddy a tourné autour de 120.000 tonnes. Il est vrai que cela coïncide avec un net recul de la production du coton (environ 120.000 tonnes).

La politique agricole de la CEDEAO (ECOWAP) avait déjà donné la vision, préconisant la construction d’«une agriculture moderne et durable, fondée sur des exploitations familiales efficaces et performantes et sur le développement des entreprises agricoles grâce à la participation du secteur privé. Elle vise à garantir que l’agriculture soit non seulement productive et compétitive sur les marchés communautaires et internationaux, mais qu’elle assure également la sécurité alimentaire et constitue une source de revenus décents, pour ses opérateurs ».

Le Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), déclinaison locale de cette ECOWAP, entend mettre en œuvre les activités nécessaires pour l’atteinte de l’objectif de croissance annuelle moyenne de 8,9% du PIB global et de 14,3% du PIB agricole et une réduction de 63% de la pauvreté au moins d’ici 2015.

C’est donc en suivant ces objectifs primordiaux que le gouvernement a certainement choisi de mettre une bonne dose d’ambition pour relancer le secteur agricole. La lutte contre la pauvreté, socle de cette ambition, répond aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Mais il y a un débat. A quoi cela servirait-il de dépenser ces milliards si c’est seulement pour cultiver des produits de rente dont la contribution au développement n’est pas avérée ?

De plus en plus, les pays en développement penchent pour la transformation sur place de leurs produits agricoles. Et certains fonds d’investissement s’emploient à investir des milliards pour la transformation des produits agricoles. C’est le cas d’Afreximbank qui a lancé la semaine dernière des « obligations cacao » pour accorder des financements aux dix principaux pays producteurs de cacao qui rassemblent 75% de la production mondiale.

Mais les bailleurs de fonds, faisant état des « avantages comparatifs » qu’offrirait la transformation des produits ailleurs qu’en Afrique, souhaitent plutôt la continuation de la vieille politique.

S’il fallait choisir, le Bénin a déjà opté pour la première alternative qui offre de la plus-value au pays. S’il fallait choisir aussi, il faut que l’investissement agricole trouve un tremplin dans le secteur privé, seul maillon capable de créer de la richesse. La chance qu’offrent les 11,7% cette année, c’est que l’Etat puisse travailler à assurer de meilleures infrastructures. Et alors seulement, le secteur privé pourrait suivre le rythme pour imprimer sa marque.

Olivier ALLOCHEME

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