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La Société civile est un maillon essentiel de la vie béninoise. Rendue incontournable par sa remarquable contribution au développement du pays, elle est aujourd’hui au carrefour des interrogations.

Sa renommée est de notoriété publique. La Société civile béninoise apparaît aux yeux de nombreux observateurs comme l’une des plus crédibles sur le continent. Cette estime n’est pas le fruit du hasard, selon le président de l’Ong ALCRER, Martin Assogba. Pour lui, elle doit cet état de fait à son engagement en faveur du bien-être de la communauté.

Ainsi, favorisée par l’avènement de la démocratie à l’issue de la Conférence nationale de février 1990, l’activité des organisations de la Société civile s’est épanouie et a suscité une adhésion massive des populations qui voyaient à travers ces creusets des relais efficaces pour leurs préoccupations. Le Coordonnateur du Réseau ouest africain pour l’édification de la paix (WANEP-Bénin), Julien Oussou pense ainsi que si elle ne peut prétendre à la perfection, la Société civile béninoise est crédible et jouit de ce fait d’une bonne renommée auprès de ses partenaires.

Ainsi, réunies en sept composantes, les organisations non gouvernementales, les organisations confessionnelles et religieuses, les chefferies traditionnelles, les organisations socioprofessionnelles, les organisations de médias, les organisations syndicales et les associations, à travers leur combat en faveur d’une bonne gouvernance des affaires publiques, de meilleures conditions de vie, du respect de la démocratie, de la promotion de l’éducation, apparaissent aux yeux des populations comme de véritables leviers de développement dont la contribution à la marche du Bénin vers le progrès mérite d’être saluée.

Et dans ce sillage, le mémorable combat de la Société civile contre la révision de la constitution en 2005 et ses multiples actions de dénonciation de la mal gouvernance au sommet de l’Etat ont largement plaidé en sa faveur. Cependant, ces nombreux lauriers dont elle se prévaut peinent à voiler les difficultés qu’elle a, à taire les critiques à son encontre.

L’heure de la remise en cause

Longtemps apparue comme la voie de l’objectivité, la Société civile est désormais malheureusement sujette à polémique. Entre soupçons de partialité voire de corruption par les acteurs politiques et même de règlement de compte, la Société civile voit sa crédibilité mise à rude contribution au sein de l’opinion publique. Sa forte implication sur la scène politique avec en ligne de mire son parti-pris en faveur de certains acteurs politiques a fini de dévoyer son image.

Pour Julien Oussou de l’Ong WANEP-Bénin, l’engagement des Osc dans le combat citoyen n’est pas à l’origine de cette situation. C’est plutôt le comportement de certaines organisations nées de la volonté de certains acteurs politiques ou foulant au pied les règles régissant la vie de ces acteurs de la vie nationale qui conduit à la remise en cause de l’objectivité de la Société civile béninoise. Pour ses détracteurs, des exemples foisonnent pour mettre à nu la perte de leur crédibilité.

Il en est ainsi, par exemple, de leur présence au sein d’organisations à caractère politique dont les actions affichent sans ambages un parti-pris sur la scène politique. Il en est de même des sorties de certaines figures de proue qui usent de leurs manteaux d’acteurs de la Société au profit d’intérêts particuliers. Il découle de ces différents actes que la société civile a vu s’éroder, au fil des ans, le capital sympathie dont elle pouvait s’enorgueillir il y a quelques années encore.

Et pour relever le défi de faire taire les interrogations liées à son objectivité, tout porte à croire que la Société civile béninoise est appelée à un sursaut d’orgueil dans un environnement où tout concourt à la priver de son indépendance.

Jean-Claude D. DOSSA