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Le triomphe de la vérité

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Accusé d’être une menace pour l’unité nationale:Comment Boni Yayi donne raison à l’opposition


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Le Chef de l’Etat est-il un garant ou une menace pour l’unité nationale au Bénin ? Cette interrogation qui occupe une place de choix suscite divers avis au sein des citoyens béninois depuis la référence de Boni Yayi à « ses partisans » pour affronter une autre partie de citoyens béninois au cours de sa sortie médiatique du 1er août dernier. Or, en son article 2, la Constitution du 11 décembre 1990 proclame que « la République du Bénin est une et indivisible, laïque et démocratique ».

Des récriminations légitimes de l’opposition contre Yayi

La référence explicite du Chef de l’Etat, garant de l’unité nationale, à une frange de la population, se heurte depuis le 1er août 2012 à une vague de condamnations aussi bien au sein de la classe politique, des organisations de la Société civile que des citoyens. Et à juste titre. En effet, la loi fondamentale impose au Chef de l’Etat des responsabilités dans la promotion et le renforcement de la cohésion entre les différentes composantes de la nation béninoise.

Il en est ainsi de son article 36 qui dispose que « chaque Béninois a le devoir de respecter et de considérer son semblable sans discrimination aucune et d’entretenir avec les autres des relations qui permettent de sauvegarder, de renforcer et de promouvoir le respect, le dialogue et la tolérance réciproque en vue de la paix et de la cohésion nationale ». L’article 41 est encore plus explicite à l’égard du premier magistrat béninois. « Le Président de la République est le Chef de L’Etat.

Il est l’élu de la Nation et incarne l’unité nationale ». Ces dispositions de la constitution confortent ainsi le préambule qui dispose que « Nous, peuple béninois…réaffirmons notre opposition fondamentale à tout régime fondé sur (…) le régionalisme… ». Si des organisations de la Société civile telle que l’Association de lutte contre le racisme, l’ethnocentrisme et le régionalisme (ALCRER) voient à travers les propos présidentiels une menace sur la mosaïque ethnique que constitue le Bénin, des mouvements et partis politiques de l’opposition perçoivent à travers cette sortie un appel au régionalisme et à la partition ethnique du Bénin.

Dès lors, il convient, selon ces derniers, d’œuvrer à décourager le Chef de l’Etat dans son élan qui s’inscrit dans une longue tradition de remise en cause des acquis de la Conférence nationale telle que la cohésion nationale. Et à bien des égards, une telle démarche serait de salut public.

En effet, Boni Yayi ne saurait, à l’évidence, bénéficier de circonstances atténuantes. Et pour cause, depuis son accession à la magistrature suprême du Bénin, le Chef de l’Etat peut prétendre au même voire à un meilleur bilan économique que son prédécesseur, Mathieu Kérékou. Un tel exercice semble peu évident dans la promotion et la préservation de l’unité entre les fils et filles du Bénin.

Accusé à plusieurs reprises aussi bien par ses adversaires politiques que par des OSC, Boni Yayi peine à se débarrasser de son habit de « fils d’un terroir » au détriment de « dirigeant d’un Etat ». C’est ce qui transparaît d’ailleurs à travers son appel à ses partisans dans les champs de coton dans le nord du pays malgré le tôlé suscité par sa sortie « malheureuse » du 1er août. En effet, à l’occasion de sa tournée dans plusieurs localités du pays pour s’enquérir de l’état de la campagne cotonnière, le Chef de l’Etat a réitéré ses menaces de mettre à contribution ses partisans pour « affronter » ceux de ses adversaires politiques.

Pour nombre d’observateurs, cette succession de faits en contradiction avec le discours de Boni Yayi confortent les récriminations faites à son égard par ses détracteurs et suscitent à bien des égards une prise de conscience aussi bien de la part du Chef de l’Etat que de son entourage. Et le plus tôt ne serait que mieux.

Jean-Claude D. DOSSA

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