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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Ces examens qui font peur


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Le baccalauréat a livré un verdict mitigé la semaine dernière. 36,94% des candidats ont décroché leur parchemin contre 28,45% l’année dernière. Ces chiffres cachent quelques disparités régionales puisque l’Atlantique caracole en tête avec 48% et l’Alibori vient en queue de peloton avec 30,39% de réussite. Tout compte fait, on retiendra que 63% des candidats ont échoué. Ce sont donc des dizaines de milliers de candidats qui ont échoué, des dizaines de milliers de familles « endeuillées » par le drame de l’échec.

Ce taux d’échec massif est passé inaperçu. Les familles touchées font le point de leurs dépenses, des sacrifices consentis durant de longs mois de préparation. Il y en a qui vivent encore des crises de larmes ponctuées du désespoir de leurs enfants inconsolables devant leurs rêves enfuis. Bon nombre de familles ont certainement tout tenté pour que leurs enfants réussissent. Elles en sont aujourd’hui à leur redonner courage, à leur remonter le moral. C’est la période des dépressions, avec parfois des tentatives de suicide ou encore des fugues, des fuites vers l’inconnu.

Des vies à jamais brisées, des décisions désespérées qui se prennent sur une vocation déçue…Ce sont des désastres ordinaires devant lesquels les parents se retrouvent presque toujours désarmés. On se contente de la prière en espérant un sourire l’année prochaine. Dans quelques mois, on célèbrera les meilleurs en les couvrant de cadeaux, tandis que la grande masse des autres sera jetée aux orties. Oubliée.

La communauté elle-même, y compris les élites, perçoit très difficilement qu’un examen digne du nom ne s’achève pas par un désastre. Dans notre imagerie nationale, un rendement de 80% de réussite au BAC ou au BEPC est le signe évident de la mauvaise qualité de l’examen. Un examen digne du nom se doit d’être désastreux. C’est la preuve que les enseignants ont été excellents et que les épreuves ont été d’un bon niveau. Dans le même temps, nous voyons tous que le Bac français a donné 84,5 % de réussite contre 86,3 l’année dernière. Mais nous ne sommes pas en France ici…

Il n’y a pas si longtemps, certaines consciences ont commencé à s’éveiller au regard de cette situation peu acceptable. Le cas le plus connu est celui de René Nana qui a créé une ONG de promotion de l’excellence en milieu scolaire. Il est surtout l’auteur d’un cri déchirant transformé en un ouvrage intitulé ‘’Parents d’élèves, réveillez-vous !’’ Il y livre des chiffres qui font froid dans le dos sur nos examens organisés à grands frais. Et, en fait, l’alerte est la même : à quoi sert-il d’organiser un examen où 60% des candidats sont promis à l’échec ? A cette question fait échos une autre plus grave encore : quelle est la qualité d’un système éducatif qui produit autant d’échecs ? A l’évidence, la réponse à ces questions pourrait provoquer une révolution.

Car tout le monde s’accommode des mauvais résultats. Tout le monde, sauf les parents et les enfants meurtris. Les autorités se réjouissent des chiffres minables, étant entendu que les infrastructures d’accueil à l’université sont largement en-deçà des besoins et que le marché du travail est étroit. Les enseignants sont contents de montrer à leurs candidats que leur examen à eux n’est pas facile. D’autant que dans certaines matières, il est presque interdit de donner 17 ou 18, encore moins 20.

Ailleurs, pour que le correcteur donne 14, la copie est lue et relue à toute l’assemblée à la ronde pour être sûr que l’on ne commet pas une erreur en donnant une note aussi mirobolante. On est bien loin de la Tunisie par exemple où le premier au Bac 2012 a obtenu une moyenne de 19,59 sur 20 et où 2.314 candidats ont eu 16 de moyenne. Et pourtant, les enfants tunisiens n’ont pas deux têtes. Et le jour où un Tunisien et un Béninois seront jugés sur leurs résultats scolaires pour un recrutement, le choix serait vite fait, à moins d’un miracle.

La culture ici est au nivellement par le bas. Au nom d’une inconséquence devenue un héritage au fil des générations, tout le monde s’accommode de la mauvaise qualité du système en espérant que les mentalités changeront un jour, par un miracle venant du ciel.

Le baccalauréat a livré un verdict mitigé la semaine dernière. 36,94% des candidats ont décroché leur parchemin contre 28,45% l’année dernière. Ces chiffres cachent quelques disparités régionales puisque l’Atlantique caracole en tête avec 48% et l’Alibori vient en queue de peloton avec 30,39% de réussite. Tout compte fait, on retiendra que 63% des candidats ont échoué. Ce sont donc des dizaines de milliers de candidats qui ont échoué, des dizaines de milliers de familles « endeuillées » par le drame de l’échec.

Ce taux d’échec massif est passé inaperçu. Les familles touchées font le point de leurs dépenses, des sacrifices consentis durant de longs mois de préparation. Il y en a qui vivent encore des crises de larmes ponctuées du désespoir de leurs enfants inconsolables devant leurs rêves enfuis. Bon nombre de familles ont certainement tout tenté pour que leurs enfants réussissent. Elles en sont aujourd’hui à leur redonner courage, à leur remonter le moral.

C’est la période des dépressions, avec parfois des tentatives de suicide ou encore des fugues, des fuites vers l’inconnu. Des vies à jamais brisées, des décisions désespérées qui se prennent sur une vocation déçue…Ce sont des désastres ordinaires devant lesquels les parents se retrouvent presque toujours désarmés. On se contente de la prière en espérant un sourire l’année prochaine. Dans quelques mois, on célèbrera les meilleurs en les couvrant de cadeaux, tandis que la grande masse des autres sera jetée aux orties. Oubliée.

La communauté elle-même, y compris les élites, perçoit très difficilement qu’un examen digne du nom ne s’achève pas par un désastre. Dans notre imagerie nationale, un rendement de 80% de réussite au BAC ou au BEPC est le signe évident de la mauvaise qualité de l’examen. Un examen digne du nom se doit d’être désastreux. C’est la preuve que les enseignants ont été excellents et que les épreuves ont été d’un bon niveau. Dans le même temps, nous voyons tous que le Bac français a donné 84,5 % de réussite contre 86,3 l’année dernière. Mais nous ne sommes pas en France ici…

Il n’y a pas si longtemps, certaines consciences ont commencé à s’éveiller au regard de cette situation peu acceptable. Le cas le plus connu est celui de René Nana qui a créé une ONG de promotion de l’excellence en milieu scolaire. Il est surtout l’auteur d’un cri déchirant transformé en un ouvrage intitulé ‘’Parents d’élèves, réveillez-vous !’’

Il y livre des chiffres qui font froid dans le dos sur nos examens organisés à grands frais. Et, en fait, l’alerte est la même : à quoi sert-il d’organiser un examen où 60% des candidats sont promis à l’échec ? A cette question fait échos une autre plus grave encore : quelle est la qualité d’un système éducatif qui produit autant d’échecs ? A l’évidence, la réponse à ces questions pourrait provoquer une révolution.

Car tout le monde s’accommode des mauvais résultats. Tout le monde, sauf les parents et les enfants meurtris. Les autorités se réjouissent des chiffres minables, étant entendu que les infrastructures d’accueil à l’université sont largement en-deçà des besoins et que le marché du travail est étroit. Les enseignants sont contents de montrer à leurs candidats que leur examen à eux n’est pas facile.

D’autant que dans certaines matières, il est presque interdit de donner 17 ou 18, encore moins 20. Ailleurs, pour que le correcteur donne 14, la copie est lue et relue à toute l’assemblée à la ronde pour être sûr que l’on ne commet pas une erreur en donnant une note aussi mirobolante. On est bien loin de la Tunisie par exemple où le premier au Bac 2012 a obtenu une moyenne de 19,59 sur 20 et où 2.314 candidats ont eu 16 de moyenne. Et pourtant, les enfants tunisiens n’ont pas deux têtes. Et le jour où un Tunisien et un Béninois seront jugés sur leurs résultats scolaires pour un recrutement, le choix serait vite fait, à moins d’un miracle.

La culture ici est au nivellement par le bas. Au nom d’une inconséquence devenue un héritage au fil des générations, tout le monde s’accommode de la mauvaise qualité du système en espérant que les mentalités changeront un jour, par un miracle venant du ciel.

Olivier ALLOCHEME

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