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Le triomphe de la vérité

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Entretien entre le Chef de l’Etat et la presse béninoise à l’occasion de la fête du 1er août:Yayi règle ses comptes avec Talon et juge la classe politique « médiocre »


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Le Président de la République, Dr Boni Yayi

A l’occasion du 52ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, le Chef de l’Etat s’est prêté aux questions de la presse nationale. A l’occasion, il s’est prononcée sur les reformes engagées au Port de Cotonou et exposé les raisons de sa brouille avec l’homme d’affaires Patrice Talon. Le harcèlement fiscal des opérateurs économiques nationaux et l’implication du gouvernement dans la crise à la Fédération béninoise de football (FBF) ont également été au centre de l’intervention du Chef de l’Etat.

Etat de santé de l’économie nationale. « Le Bénin ne se porte pas bien. Nous n’avons pas beaucoup progressé de manière générale », avoue Boni Yayi. Cette situation est à mettre à l’actif de la morosité économique que subissent tous les pays à travers le monde. Il en est ainsi par exemple, selon lui, dans la zone Euro et aux Etats-Unis.

Dès lors, le Bénin « seul pays à vivre de ses recettes fiscales dans la Zone Uemoa » demeure une économie vulnérable. Aussi, estime t-il justifiées les plaintes enregistrées au sein des populations au sujet de la morosité économique. Cependant, pour Boni Yayi, la santé économique du Bénin est loin d’être alarmiste.

« La dette extérieure du Bénin est de 17% contre 70% autorisé dans la zone UEMOA, l’inflation est à un niveau acceptable et nous n’avons aucun problème de trésorerie. Il n’y a pas de péril en la demeure ». Fort de cette réalité, le Chef de l’Etat « demande aux Béninois de ne pas se référer aux intoxications des politiciens » et les exhorte à « développer des comportements vertueux à tous les niveaux » pour sortir le pays de l’ornière.

Les relations avec Patrice Talon et l’avenir des reformes. « Ce n’est pas un problème de personne », a clarifié Boni Yayi pour soustraire ses mésententes avec l’homme d’affaires et patron de Bénin Control, Patrice Talon du domaine du règlement de compte. Pour lui, en effet, le bras de fer avec son ancien soutien résulte de la volonté de ce dernier de passer outre les intérêts du Bénin avant les siens propres.

 Aussi, la décision de mettre un terme au programme de vérification des importations (Pvi Nouvelle génération) résulte du bilan mitigé de cette reforme annoncée pour relever le niveau des recettes de l’Etat. C’est d’ailleurs convaincu de cet état de fait que, fera t-il observer, « Je me suis empressé de signer le décret ». Cependant, se désole t-il, « le port a pris un coup, les recettes ont continué à chuter » témoignant ainsi que « une reforme peut être bien conçue mais mal mise en œuvre ».

Par ailleurs, Boni Yayi perçoit à travers la mise à l’écart de la Société SGS – partenaire technique de la mise en œuvre du PVI, une source du bilan de la reforme dont la conduite a suscité de vives résistances aussi bien chez les douaniers que chez les acteurs portuaires. « Il s’est posé un problème de gouvernance et de gestion de ces reformes. Si je laissais faire, l’Etat va couler », explique le Chef de l’Etat.

C’est donc prenant appui sur cet état de fait et de l’existence d’un « contrat léonin pour le peuple béninois » signé à son insu entre Patrice Talon et l’un de ses ministres que Boni Yayi dit avoir pris ses responsabilités pour préserver les intérêts du peuple béninois en décidant de la fin du PVI. Toutefois, poursuit-il, les reformes demeurent indispensables pour favoriser le décollage économique du Bénin et sont ainsi appelées à se poursuivre au profit du développement du pays.

Boni Yayi juge la classe politique médiocre. Le Chef de l’Etat n’a pas caché sa colère à l’encontre des acteurs politiques au cours de sa sortie médiatique. Selon lui, le véritable dessein de ses opposants est loin d’être le bien-être des populations béninoises. « Ils luttent pour leurs propres intérêts », estime-t-il en substance avant de faire observer que la classe politique béninoise est « médiocre ».

 « Même les politiciens en voie de disparition m’insultent », estime-il. Pour le Chef de l’Etat, il est victime d’un acharnement inutile de la part de ses adversaires dont les actions ne visent qu’à peindre en noir sa gestion du pays et à semer la peur au sein des populations. « Je suis ami de la patience mais on ne peut pas prendre tout un pays en otage. Personne n’est obligé de travailler avec moi. Ils n’ont qu’à attendre 2016 », précise-t-il. « Je n’aime pas qu’ils me donnent des leçons de gouvernance parce que je connais chacun d’eux. Quel est cet esprit ? Quelle est cette haine ? Je suis béninois, je ne suis pas étranger.

Ils ne parlent pas au nom du peuple béninois. Ceux qui parlent ont détruit le pays. Le peuple béninois a déjà vu leurs pratiques, ils sont dépassés », se déchaîne-t-il. Cependant, clarifie-t-il, « moi, je n’ai peur de personne. Celui qui veut semer le désordre, nous allons régler ça » avant de réitérer sa main tendue envers les acteurs politiques soucieux de contribuer à sortir le Bénin de l’ornière et d’avertir que « il n’y aura pas de Madagascar au Bénin ».

Les opérateurs économiques nationaux et le redressement fiscal. « Moi, je veux le développement de ce pays. Je ne ferai rien contre les opérateurs économiques nationaux. Comment vais-je détruire ceux qui créent la richesse nationale ? », s’interroge-t-il pour démentir tout harcèlement contre les opérateurs économiques nationaux.

Pour Boni Yayi en effet, il est étranger aux redressements fiscaux subits par certains opérateurs économiques tels que le président de Cajaf Comon, Sébastien Ajavon. « On dit que je suis en train de tuer les opérateurs économiques alors que je n’en sais rien », a-t-il expliqué en invitant cependant les opérateurs économiques nationaux à emprunter le voie de la vertu dans leurs pratiques.

« Lorsqu’on parle de la bonne gouvernance, ce n’est pas seulement du côté de l’Etat. C’est aussi du côté du secteur privé », fera-t-il observer à l’occasion en citant par exemple le patron de la société Agrisatch. « Satchivi a un comportement vertueux. Satchivi ne fait pas comme eux », se félicite-t-il.

De nouvelles perspectives pour le coton béninois. La reprise en main de la filière coton par l’Etat ne met pas en péril son avenir, selon Boni Yayi. Pour le Chef de l’Etat en effet, les objectifs assignés à l’Association interprofessionnelle de coton (AIC) n’ont pas été atteints. La preuve, explique-t-il, ce sont les plaintes enregistrées au sein des producteurs qui estiment être dupés par cette structure faîtière.

Aussi, en décidant d’impliquer l’Etat dans la gestion stratégique, le gouvernement a fait l’option d’emboîter le pas à des pays tels que le Burkina-Faso et le Mali. « Ce n’est pas un problème. Le Burkina qui a refusé ce schéma de privatisation gagne toujours », fera-t-il observer.

Les raisons de la position du gouvernement dans la crise à la FBF. « J’ai pris mes responsabilités. A cause d’une seule personne, voulez-vous qu’on sacrifie toute cette jeunesse ? On n’a pas remis en cause la décision de la FIFA. On a décidé de laisser Moucharaf jusqu’à ce qu’on trouve une solution », a expliqué Boni Yayi. Pour le Chef de l’Etat, « La FIFA est une machine qui broie. Elle a ses règles, ses juridictions. Il faut prendre la menace de la FIFA au sérieux parce qu’il est interdit aux Etats de s’impliquer dans les affaires des fédérations de football ».

 Aussi, explique-t-il, « je n’arrive pas à trouver un magistrat pour m’expliquer pourquoi la justice béninoise s’est saisie de cette affaire » avant de s’empresser d’ajouter que « cela ne veut pas dire que je cautionne l’impunité ». Ainsi, pour le Chef de l’Etat qui justifie l’implication de son gouvernement par son souci de préserver les intérêts de la jeunesse béninoise, le maintien de Moucharouf Anjorin à la tête de la FBF ne remet nullement en cause l’indépendance de la justice béninoise.

Jean-Claude D. DOSSA

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One thought on “Entretien entre le Chef de l’Etat et la presse béninoise à l’occasion de la fête du 1er août:Yayi règle ses comptes avec Talon et juge la classe politique « médiocre »

  1. tom

    Le president n a dit que la vérité. J’ aurais préféré personellement confier le destin de mon Pays à un autre. Mais bon sang, il n a rien dit de faux. Il ne veux que corriger une erreur (qu il a entre temps cautioner pour aider ses amis politiques). Mais faut il lui lancer la pierre parcequ’il veux sauver la filiere coton des rapaces qui affament le pays? et la remettre a sa place initiale qui est la republique?

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