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Le triomphe de la vérité

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Editorial:De forum en forum


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Un forum économique en vue. Au cours de la rencontre qu’il a eue avec les importateurs la semaine dernière, le chef de l’Etat a annoncé l’organisation prochaine d’un forum économique destiné à faire face à la crise en cours. Si certains y voient une volonté affichée de montrer son ouverture vers les opérateurs économiques, d’autres y voient par contre une fuite en avant peu honorable pour le premier magistrat du pays.

A priori, l’idée d’un forum économique est peut-être à saluer. C’est une recette de grand-mère. Faire un brainstorming pour choisir en fin de compte la voie à suivre par ces temps d’orage, rien que du très correct, trop correct en définitive pour être efficace. On désespère en réalité des foras qui se multiplient chez nous sans jamais donner leurs fruits.

 Ce sont des séances de bavardage au cours desquels les cadres et autres opportunistes accrochés aux intérêts du moment, viennent exhiber leurs connaissances pour arracher des strapontins. Quelques professeurs d’université couverts de diplômes et de titres ainsi que des hommes d’affaires proches du pouvoir se pointeront à ce rendez-vous pour discuter entre copains des maux qui minent notre économie. Ils poseront leurs diagnostics, proposeront leurs thérapies, mais ils ne pourront jamais s’arrêter qu’à ce seuil du verbe. Le reste appartient au gouvernement qui est libre d’appliquer ou de ne pas appliquer ce qui lui est proposé.

Le sort de ces foras massivement financés par notre argent se joue ainsi : ils permettent de palabrer, de prendre quelques per-diems sans que jamais les vraies actions ne soient menées.

En réalité, ce n’est pas Boni Yayi qui dira qu’il ignore les maux de l’économie béninoise. Ce n’est pas son premier ministre Pascal Irénée Koupaki qui le dira non plus. Tous les mois, les services du ministère de l’économie et des finances produisent des rapports actualisés sur l’état de l’économie béninoise.

Ils proposent presque toujours des remèdes. Chaque mois, la BCEAO et les bailleurs de fonds en font de même. Le primat de la politique fait oublier toutes ces données proposées par des experts. Dans tous les interstices de la vie économique, la politique s’est invitée, en transformant l’économie elle-même en un appendice de l’action politique.

De sorte que les marchés publics par exemple sont devenus des instruments de pouvoir autour desquels les hommes d’affaires proches de la mouvance s’entredéchirent à volonté. Lorsque les marchés publics sont donnés à ceux qui vous soutiennent et arrachés par la même occasion à ceux qui sont soupçonnés de rouler pour le camp adverse sur fond de corruption généralisée et de concussion, il ne faudrait pas s’étonner de la morosité qui pourrait s’installer plus tard.

La petite minorité satisfaite n’est alors qu’une goutte d’eau dans la mer des révoltés, de ceux qui sont brimés au quotidien, de ceux qui attendent impatiemment l’heure de la vengeance. Ou de la délivrance. Les mille conférences, séminaires, colloques, ateliers et foras dont les rapports et résolutions dorment encore dans les casiers sont là pour le montrer : ils n’ont pas servi à grand-chose.

Le forum économique ne viendrait donc que s’ajouter à la liste bien longue des autres regroupements dont les résultats sont faits pour le bonheur des cancrelats et des rats dans les bureaux. Cela d’autant que plus de quinze ans après sa tenue, la conférence économique nationale qui a eu lieu en 1996 n’a pratiquement rien enseigné aux acteurs nationaux.

Les mêmes pratiques d’une économie tournée vers les importations massives de produits finis et les rares exportations de matières premières se sont poursuivies. En même temps, le rang inférieur que le Bénin occupe depuis quelques années dans le classement Doing Business montre simplement que l’asphyxie des entreprises n’a jamais pu être enrayée malgré les beaux discours et les foras qui se sont multipliés. Et pourtant, personne n’ignore le remède à apporter.

On pourra simplement noter que l’idée du forum économique intervient dans la même foulée que celle d’un forum de sursaut patriotique réitéré par le Professeur Albert Tévoédjrè dans une correspondance au chef de l’Etat il y a quelques jours. Il a suggéré que l’événement ait lieu avant le 1er Août. Boni Yayi a préféré opposer une fin de non-recevoir à cette requête en lançant son propre forum…

Olivier ALLOCHEME

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