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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Au secours des PME


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Les PME sont réellement dans de beaux draps au Bénin. Les petites et moyennes entreprises qui forment avec les très petites entreprises environ 90% du tissu entreprenarial du Bénin ne bénéficient que d’un financement marginal de l’Etat, des banques ou des collectivités. Pour l’écrasante majorité d’entre elles, ce sont des sociétés à responsabilité limitée (Sarl), reposant sur un financement familial ou individuel.

 Aujourd’hui, beaucoup de fonctionnaires ainsi que des travailleurs du privé ont trouvé le moyen de recycler leurs avoirs en créant une PME, machine à tout faire qui leur permet de rafler quelques marchés publics en comptant sur leurs relations au sein de l’administration publique. Leur surface financière est ainsi très limitée, entrainant du coup une marge de manœuvre pour le moins étriquée. Mais qui donc va financer ces entreprises ?

La question reste posée. Il est vrai, le gouvernement a mis en place le Fonds national de promotion de l’entreprenariat et de l’emploi des jeunes (FNPEEJ) dont le but est de financer les jeunes détenteurs de projets et d’appuyer ceux déjà opérationnels. Il est vrai aussi que les banques primaires de la place ont, dans leurs portefeuilles, quelques PME qu’elles financent et dont elles se font les garde-chiourmes. Là-dessus, point n’est besoin de rappeler que les conditions de prêt sont draconiennes avec des exigences de garantie échappant à la plupart des PME/PMI.

Tout simplement parce que les banquiers ont besoin de s’assurer que les ressources qu’elles mettent à disposition sont sécurisées et pourront être fructifiées pour le remboursement à bonne date du capital et le paiement des agios. Ces précautions prudentielles entrainent une véritable hécatombe de projets. Au sanctuaire des initiatives banquables, peu d’entre eux sont éligibles. Même là encore, les banquiers ne prêtent qu’aux commerçants qui constituent l’essentiel de leurs clients en cette matière. C’est dire que les activités de production (agriculture et industrie par exemple) trouvent très rarement une oreille attentive auprès des banques.

Il faut aussi comprendre les institutions financières. Ne disposant pas de ressources longues, elles ne sauraient prélever sur nos épargnes, sans s’entourer de solides garanties qui protègent aussi bien leurs clients qu’eux-mêmes. Dans un pays où l’activité économique est très souvent tirée par le secteur tertiaire, les activités à cycle court ont la côte auprès des banquiers. Ils ne veulent pas risquer notre argent dans des jeux de hasard nommés agriculture pluviale où tout dépend de la nature ou encore l’industrie dans un pays qui ne consomme pas ce qu’il produit, préférant plutôt consommer ce qu’il ne produit guère.

Les initiatives comme celles de la société Les Ciments du Sahel qui a pu mobiliser en janvier dernier auprès des banques béninoises et sénégalaises environ 68 milliards de Fcfa pour le projet de cimenterie de Massè (170 milliards) sont rares. Dans ce cas précisément, les banques ont mis la main à la poche du fait de la rentabilité du secteur cimentier et de la réputation du promoteur, le Libano-sénégalais Laftallah Layousse.

La rareté des ressources bancaires a ouvert la vanne des micro-crédits dont l’Etat béninois est devenu un adepte confirmé. Il s’agit non seulement des micro-crédits aux plus pauvres (les fameux 30 000FCFA), mais aussi de toutes ces institutions de micro-finances dont les conditions de garantie sont moins draconiennes, avec cependant des taux d’intérêts proches des standards bancaires (au moins 18%). Entrepreneur peureux, s’abstenir !!!

De plus en plus, des fonds d’investissement à rayonnement sous-régional ou régional se mettent en place. C’est le cas de Azalaï Hotel de la Plage inauguré à Cotonou il y a à peine quelques semaines. C’est une chaine hôtelière qui a bénéficié à ses débuts du capital investisseur Cauris Management et de la Société Financière internationale (groupe de la Banque Mondiale).

On ne saurait passer sous silence l’African Guarantee Fund lancé officiellement le 31 mai dernier lors des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). Il entend couvrir la moitié des risques que prennent les banques commerciales en accordant des crédits aux PME. Il est doté d’un capital initial de 50 millions de dollars fournis par le Danemark, l’Espagne et la BAD elle-même. On ne saurait oublier le projet de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) qui entend ouvrir un guichet pour le financement des entreprises constituées sous forme de SA, sans autre condition relative au capital ou à la marge nette.

C’est dire que les lignes bougent pour permettre aux PME de se faire une meilleure santé dans un contexte où l’entreprise est plus que jamais au centre du développement économique.

Olivier ALLOCHEME

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