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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Ministre sous Yayi


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Les ministres signataires du contrat PVI sont punissables. C’est eux qui ont conclu le marché qui n’en finit pas de drainer dans la presse son lot de titres angoissants, parfois insultants, parfois élogieux, mais jamais neutres. On nous reprochera à bon droit, à nous qui faisons l’actualité, un parti-pris aveugle. A la limite, il s’agit d’un choix qui tourne dos à l’objectivité la plus élémentaire au profit du vitriol facile. La presse chez nous a le tort de monter en épingle le superfétatoire quand des drames réels passent sous nos fenêtres sans attirer le moindre regard.

Ici, les ministres signataires du contrat PVI jouent le rôle de conspirateurs. C’est eux qui ont, par leurs signatures, engagé l’Etat dans une affaire qui tourne finalement au vinaigre. Désignons ceux qui mériteraient bien les lourdes sentences de la République.

Pascal Irénée Koupaki. Ministre en charge de la coordination de l’action gouvernementale à l’époque des faits, il était (et il est toujours ?) l’œil et l’oreille du Chef de l’Etat. On ne saurait douter de sa technicité, encore moins de sa capacité à conduire à bon port un dossier aussi sensible pour lequel il s’est personnellement investi depuis des années. La réforme du PVI constituait pour lui un important challenge, couronnement d’actions qu’il a menées pour renflouer les caisses de l’Etat.

 Sa réussite devait constituer pour lui et pour les finances publiques béninoises un sérieux coup de main. Mais surtout pour lui, de par son fauteuil de premier ministre qui devrait s’en trouver auréolé de ce succès, et mieux, de par ses ambitions présidentielles qui s’en trouveraient raffermies plus que jamais. Je suis convaincu qu’il a fait tout ce qui était de son mieux pour y arriver. Que s’est-il donc passé pour qu’il n’ait pas pu prévoir le bourbier actuel, ni trouver des mécanismes pour y parer ? Mystère.

Idriss Daouda. On dit de lui qu’il a l’austérité des banquiers de la centrale. Pur produit des sérails de la BCEAO, il rechignait à signer le moindre document sans avoir eu à l’examiner à la loupe de son intelligence vive et subtile tout à la fois. Plus d’une fois, j’ai pu entendre de ces collaborateurs du ministère des finances faire des remarques sur le soin plus que méticuleux qu’il mettait à tourner ses dossiers dans tous les sens avant de s’y engager. Ce qui en faisait jaser plus d’un dans son entourage, des cadres qui avaient une certaine idée de la célérité. Idriss Daouda non plus n’avait vu venir l’impasse actuelle.

Issa Badarou Soulé. Fin limier de la politique portuaire du Bénin depuis les années 90, c’est « le » spécialiste qu’il fallait pour la réforme PVI. Nul ne peut dire que cet ancien DG/Port, du temps où l’on pouvait encore faire cinq ou six ans à ce poste réputé versatile depuis avril 2006, nul ne peut donc dire qu’il ne connait pas son métier et ses pièges. Pour avoir sillonné les ports du globe et mis en œuvre sa compétence à la tête du Port de Port-au-Prince en Haïti et de nombreux autres à travers la vaste Afrique et le vaste monde, il connaissait parfaitement ce qu’il fallait faire pour éviter le flop qui nous assaille aujourd’hui. Que donc n’a-t-il prévu la grisaille qui va recouvrir son œuvre d’un voile obscur, celui de l’échec…S’il faut vraiment condamner quelqu’un, c’était vraiment lui, l’expert en infrastructures portuaires et en économie maritime.

L’on s’étonne que cet aéropage conséquent, formé comme on l’a vu de cadres rompus à leurs métiers, ait pu se tromper à ce point. La réponse se trouve dans la bouche de l’homme de la rue. Le Béninois lambda se demande si réellement les ministres ont pu signer sans recevoir des instructions de la Marina, des instructions allant dans un sens ou dans un autre. Celles-ci pouvaient bien demander de fermer les yeux sur tel aspect, de glisser telle clause avantageuse, ou même de minorer telles exigences…

Parce que les ministres sous Yayi sont les collaborateurs du Chef. Ce sont des aigles soigneusement déplumés, réduits au silence de par leurs charges, contraints d’appliquer des ordres qui tombent d’en haut. Tournés dans mille sens par les instructions présidentielles qui en font, non pas des commis de la république, mais les agents de course du Chef, ce n’est pas eux qu’il faut blâmer. Ils ont servi ou servent encore leur pays pour la plupart avec abnégation et professionnalisme. C’est ce que je crois.

Olivier ALLOCHEME

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