.
.

Le triomphe de la vérité

.

Editorial:Si le dialogue m’était conté


Visits: 2

Le dialogue politique a donc démarré. Sous la houlette du Chef de l’Etat, ce que la classe politique appelle dialogue a lieu à la présidence de la république qui reçoit à tour de rôle les acteurs politiques de tout poil. Le dialogue politique a lieu entre les acteurs politiques. C’est l’évidence même. Mais sur quoi porte-t-il ?

Sur la LEPI, évidemment. La correction du fichier électoral est un point d’achoppement majeur qui plombe le débat politique depuis les dernières élections. Le rapport de la commission des experts de l’Organisation internationale de la Francophonie a vivement recommandé que le fichier soit corrigé au plus tôt avec la participation de tous les acteurs. A un an des élections locales, s’y prendre maintenant revient à garantir les chances de réussite de l’opération. Celle-ci sera d’ailleurs aussi complexe que la première phase.

En second lieu, vient la révision constitutionnelle. Elle a été le poil à gratter de la classe politique ces dernières semaines, permettant aux acteurs de se livrer une guerre de tranchées sur la sincérité ou non du Chef de l’Etat qui a assuré qu’il ne ferait pas une révision opportuniste. Entendez, qu’il ne tripatouillera pas la loi fondamentale pour rester encore en course en 2016. A cela s’ajoute le Programme de vérification des importations (PVI) dans lequel le gouvernement s’est empêtré jusqu’au cou. Quel accord politique pourrait-on adopter pour ce programme qui n’a fondamentalement rien de politique ?

 Aucun. Sauf que certains penchent pour l’idée que l’un des futurs candidats de 2016 cherche par le truchement de ce programme, à amasser le trésor de guerre nécessaire pour affronter les dépenses des prochaines élections. Et c’est autour de ces rumeurs (toujours politiques) que le dialogue sur le PVI pourrait se nouer. Il est vrai, depuis août 2011, un comité de la cellule d’analyse économique de l’Union fait la Nation (UN) sous la supervision de l’Honorable Comlan Léon AHOSSI, Inspecteur des douanes à la retraite, a livré son analyse du programme.

 Il a indiqué qu’« à l’épreuve, le scanning de tous les conteneurs débarqués au Port n’est pas possible. » Car aux yeux du comité, passer tous les conteneurs au scanner sera impossible, sans compter le vrac. Il ne peut y avoir un dialogue politique sur ce problème de gouvernance dans lequel tout le gouvernement a été entrainé, sans avoir jamais appréhendé suffisamment les failles du contrat et les difficultés liées à son exécution.

Ce qui intéresse réellement les parties au fameux dialogue, ce sont les questions politiques. L’ancien député Janvier Yahouédéou a même jeté un pavé dans cette vaste mare en soutenant l’idée d’une conférence destinée à lancer une nouvelle période transitoire en vue d’aider Boni Yayi visiblement dépassé selon lui par la gestion du pays. Nous serions donc en plein dans une crise majeure dont les solutions nécessitent une thérapie semblable à celle du bourbier malien… Toujours la même politique politicienne.

Il est à souhaiter en tout cas que le dialogue dit politique ne concerne pas que les petits arrangements entre copains qui trop souvent prévalent dans l’arène politique béninoise. Le mode sur lequel il a commencé préfigure déjà, non pas une véritable prise en compte des problèmes des populations à la base, mais une sorte de modus operandi permettant aux acteurs politiques de se partager le gâteau national.

Il est malheureux en effet que les politiques béninois ne se retrouvent presque jamais autour des difficultés des populations : le développement économique, le chômage et le sous-emploi, la pollution exponentielle à Cotonou, la qualité des soins dans nos hôpitaux ou encore la qualité de l’enseignement. Que dire encore du mode de recrutement dans la fonction publique ? Il est décrié par tous comme étant basé sur la corruption à visage découvert et la régionalisation du succès.

Comment mener un véritable dialogue politique en passant sous silence le problème du train de vie de l’Etat, les difficultés monstres créées aux entreprises ou encore la question de l’indépendance réelle des organes de presse et des associations de consommateurs ? Ce sont ces questions qui, à mon sens, devraient structurer le débat politique pour permettre des réformes pouvant aider à construire le Bénin de demain. Les acteurs politiques pourront-ils s’y intéresser ? Gageons que oui.

Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page