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Le triomphe de la vérité

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Editorial:L’autorité de l’Etat


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La restauration de l’autorité de l’Etat. Voilà un leitmotiv ressassé à longueur de discours par Yayi 1. Au seuil de son second mandat, le Chef de l’Etat l’a encore répété dans son discours d’investiture le 06 avril 2011 à Porto-Novo. Mais, dans la pratique, ce leitmotiv est devenu comme un slogan sans contenu, quotidiennement foulé aux pieds par des actes qui trahissent les discours.

Ainsi en est-il de la réponse du tic au tac offerte par le gouvernement à travers le ministre de l’économie maritime qui a répliqué samedi à la conférence de presse des avocats de Benin Control vendredi. L’Etat dialogue avec un individu par médias interposés. L’individu en question est si fort que lui-même ne parle qu’à travers ses collaborateurs ou ses avocats. A contrario, ce sont les ministres mêmes qui montent au créneau, se livrant à de doctes monologues qui achèvent de nous convaincre : aucun Etat sérieux ne peut se donner en spectacle jusqu’à ce point.

Au-delà de la querelle du PVI, la question se pose de savoir comment le régime Yayi traite les crises pour ne pas verser par terre l’autorité et la respectabilité de notre pays. Certains actes du chef de l’Etat montrent bien qu’il est conscient du foutoir dans lequel l’autorité de l’Etat se trouve. Les syndicalistes à qui il a pu accorder des audiences attestent qu’il ne supporte pas que l’on puisse s’adresser à sa très « haute autorité » en étant assis ou même en n’enlevant pas son couvre-chef.

Certains rapportent les vociférations courroucées qu’il profère alors contre les contrevenants, rappelant en passant qu’il est le président de la République… D’autres rapportent leur incompréhension face à un chef qui a besoin de dire et de montrer qu’il est vraiment le chef. Ce besoin si pressant d’en montrer est certainement à la base de ce voyeurisme d’Etat institué à la télévision. Il y a du Yayi partout, président ici, président là, partout et finalement nulle part. Il est sur toutes les lèvres des administratifs et des ministres qui s’offusqueraient presque d’avoir à prononcer le moindre discours, d’avoir à donner la moindre opinion sans dire le nom de leur gourou.

Bienvenu au royaume de sa Majesté le « Roi Boni 1er » pour reprendre le substantif acide d’un célèbre blogueur passé depuis à la mouvance. Et c’est tout naturellement qu’il est sur tous les fronts, soit pour inaugurer un petit pont de vingt mètres à Godomey, donner le premier coup de pioche d’un bâtiment administratif au marché Dantokpa, lancer la campagne cotonnière à Banikoara ou signer un contrat administratif. C’est lui seul qui connait et qui fait tout.

Sur ce mode de l’hyperprésidentialisme ou de l’omniprésidentialisme grégaire, c’est lui qui encaisse tous les mauvais coups. Et finalement, dans presque tous les gros dossiers de la république, il ne sait jamais rien. Il n’aurait jamais vu le contrat du PVI qu’au moment où la polémique s’est déclenchée (alors qu’il a signé le décret lançant l’opération), il ne connaitrait pas ICC-Services (alors qu’il a reçu ses premiers responsables), il ne saurait pas que les enseignants aussi devraient bénéficier des 25% d’augmentation salariale (alors que c’est encore lui qui a signé le décret y afférant)…

Dans chacun de ces cas, le président hyperpuissant a laissé croire que c’est lui et lui seul qui agit, les ministres n’étant en fin de compte que ses supplétifs obligés, incapables de penser par eux-mêmes, pantins propres à lui cirer les bottes pour bénéficier de « sa » confiance. C’est précisément dans ce registre que s’inscrivent les réactions dictées depuis le palais et que « ses marionnettes » de ministres sont chargés de répercuter sur les médias au péril de leur propre honorabilité.

On le voit bien, les formules habiles par lesquelles ils font endosser au président de la République la responsabilité de certains actes du gouvernement indiquent qu’ils n’en sont pas comptables. Et le public perçoit aisément cette incapacité outrageante du chef de l’Etat à imposer une quelconque autorité de l’Etat lorsqu’il est le premier à faire nommer dans l’administration publique des cadres originaires d’une certaine région aux postes les plus sensibles (directeur de cabinet, DRFM…) ouvrant largement les vannes à la politisation à outrance de cette même administration que l’on veut réformer au point de nommer un ministre en charge de la question. De la sorte, le népotisme et la corruption gangrènent plus que jamais tous les rouages de l’Etat et en font une véritable pétaudière. Où est l’autorité de l’Etat ?

Olivier ALLOCHEME

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