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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Les larmes de Soglo


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C’est parti pour une bonne guéguerre entre le maire de Cotonou et le ministre de l’environnement, Blaise Ahanhanzo-Glèlè. Le ministre est accusé d’avoir lancé trop tôt les opérations de déguerpissement des populations de la berge lagunaire, opération mise en œuvre à coups de pelleteuse la semaine dernière au grand dam des populations concernées.

La détresse et la rage qui ont accompagné ce geste du pouvoir central, n’ont eu d’égal que la réplique des autorités municipales. Après le communiqué virulent publié dès mardi pour clamer l’indignation de la mairie, il y a eu samedi, la visite du « Président-Maire » en personne venu constater les dégâts.

Il aurait peut-être laissé couler quelques larmes, s’il n’y avait la pluie, tant l’émotion du premier citoyen de la ville avait atteint un niveau jamais égalé. La mine défaite et les cris de rage n’auront sans doute pas suffi à exprimer l’amertume d’un homme qui voit devant lui, sans toits, des centaines de ses compatriotes dont il a précisément en charge la sécurité et le bien-être.

Sur ces trois mille ménages en souffrance, ce sont en effet des milliers d’écoliers qui vont dormir à la belle étoile pendant combien de temps Dieu seul sait. Et les femmes, et les vieillards, et les veuves, et les orphelins ? Obligés de camper à la périphérie du monde, menant une existence rimant simplement avec l’enfer, ils n’auront plus qu’à prier le ciel pour qu’il leur envoie un messie.

Paysage d’apocalypse, le site du massacre offre l’image d’un champ de ruines parfait. Maisons éventrées, ustensiles de cuisine nageant dans une boue noire, pagnes et nattes dispersés aux quatre vents, leurs propriétaires n’ayant pas pu les sauver à temps avant l’arrivée des engins… C’est dans ce décor de destruction que la délégation municipale a pu voir « de ses propres yeux » ce que le ministre (leur ministre) a pu faire de «leur» ville. L’indignation de Soglo ne pouvait qu’exploser à la face de tout le monde.

Il ne fallait pas casser dans «sa» ville les habitations de ces pauvres gens, même si ce sont des squatters avertis depuis plusieurs années qu’il fallait libérer les lieux. Et j’en conviens, c’est douloureux de voir périr tant de petits commerces, de voir ravager tant de maisons et de voir tant de larmes sur les visages. Ce supplice a sans doute bouleversé Soglo et sa suite. Mais voyons les faits en face. Qui donc a raison dans cette guéguerre ?

La question reste posée, étant entendu que le ministère dit avoir averti les squatters depuis 2006. Et que de surcroit le maire de Cotonou, malgré son affliction apparente est coauteur avec Blaise Ahanhanzo d’un communiqué conjoint qui enjoint aux squatters illégaux de déguerpir des lieux au plus tard le 29 février 2012, délai de rigueur. Et que de surcroit l’Etat a déjà procédé au dédommagement des présumés propriétaires depuis 1980. En 2003, il a rappelé sa volonté de faire déguerpir les lieux et ordonné que force reste à la loi. Sans aucun résultat. Les mauvaises langues veulent faire croire que ne subsistent sur le site que des étrangers : Nigérians, Sierra-léonais, etc. ainsi que des Béninois ayant touché leurs dédommagements depuis longtemps.

Février 2012, l’Etat et la mairie signent un communiqué conjoint donnant l’ultimatum que l’on sait. Deux mois après, le ministre fait exécuter les directives contenues dans ce communiqué, et provoque la vaste indignation de son cosignataire…De toute évidence, il y a dans ce jeu, un groupe qui trompe l’autre. Là n’est pas le problème. Le problème, c’est que sur cette question, une situation de détresse est tranquillement exploitée à des fins inavouées.

Il est impensable que le ministre Ahanhanzo, ancien maire d’Abomey, membre éminent de la Renaissance du Bénin, ait pu faire un coup de ce genre, sans en avertir son Président Nicéphore Soglo. En pensant même que Soglo a pu oublier d’avoir signé un communiqué demandant le départ des squatters, il lui est loisible d’appeler «son» Blaise Onésiphore pour exiger que la casse s’arrête.

Et dans tous les cas, compte tenu de la position privilégiée de la RB au sein de la mouvance, nul ne saurait douter que le maire peut bien appeler le Chef de l’Etat pour obtenir l’arrêt immédiat des opérations. Au regard de tout ceci, tout esprit avisé ne peut que penser une seule chose : nous sommes en face d’une fumisterie politique.

Olivier ALLOCHEME

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One thought on “Editorial:Les larmes de Soglo

  1. ALAFIA

    L’auteur de cet article a vu juste. Nous sommes ici dans une situation qui n’est pas tout à fait favorable au Ministre après analyse des agissements du Maire. De toutes les façons, que Yayi Boni soit vigilant dans ce dossier. Sinon, il va limoger injustement ce ministre pour qui nous avons beaucoup d’admiration pour le travail qu’il accomplit depuis sa nomination à la tête de ce département ministériel. Oui! des ministres courageux comme Blaise, on en a besoin pour que renaisse cette république ou on s’est trop menti. Que valent les calculs politiciens devant les questions de développement? Alors, Yayi est interpellé car on sait maintenant que quelque chose ne marche plus entre le Maire et son Ministre de l’environnement. Que cela ne serve pas de prétexte pour que le Maire demande le limogeage du ministre. Le Patriote.

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