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Le triomphe de la vérité

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Déclaration de Karimou Rafiatou, Ancienne ministre du régime Kérékou et présidente du FED:« Trop de reculades dans la gestion de Boni Yayi ont terni l’image et l’autorité du Chef de l’Etat»


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L’ancienne ministre et présidente du parti Front d’éveil pour le développement (Fed), Rafiatou Karimou est sortie hier, dimanche 13 mai, de son mutisme. Invitée de l’émission « Zone Franche », ce « soutien critique » au Chef de l’Etat juge mitigé le bilan de Boni Yayi un an après sa réélection.

Quel regard sur la crise dans le secteur de l’enseignement ? La crise qui a secoué, trois mois durant, le secteur des enseignements maternel, primaire et secondaire n’a pas laissé indifférente Karimou Rafiatou. Ancienne ministre des enseignements primaire et secondaire sous Mathieu Kérékou, elle estime que « la plupart des revendications des enseignants sont légitimes ».

Pour elle, en effet, les doléances du personnel enseignant se fondent sur des actes et des textes qui consacrent des avantages à leur profit. C’est pourquoi, elle s’offusque de la défalcation « brutale » opérée sur les salaires en réplique au mouvement de grève initié par le Front. Cette méthode laisse à désirer, selon Rafiatou Karimou. Il en est de même, selon ses propos, de la mainmise du Chef de l’Etat sur les négociations entre le gouvernement et les acteurs sociaux. « Dans toutes les situations, il faut que le Chef de l’Etat laisse les ministres se battre avant d’intervenir », conseille–t-elle en se référant à la méthode du Président Kérékou.

Par ailleurs, elle se désole de la mise à l’écart des anciens ministres et hauts fonctionnaires de l’Etat dans la conduite des affaires publiques. Pour elle, ces derniers sont une mine d’expériences susceptible de contribuer à la résolution de certaines situations d’intérêt national telle que la crise qui a paralysé le secteur de l’enseignement. « Il y a du gâchis. L’expérience des anciens, ça ne sert à rien dans ce pays », déplore-t-elle.

Quelle appréciation au sujet de la présence des femmes dans les sphères décisionnelles ? « Il faudrait davantage faire confiance aux femmes ». C’est l’avis de la première femme ministre dans un gouvernement au Bénin à l’endroit des dirigeants et des leaders de formations politiques de son pays. Si des avancées sont à noter dans la marche des femmes vers une meilleure représentativité au sein des instances de prises de décision, il n’en demeure pas moins que leur présence à la tête des conseils communaux, au sein du parlement demeure encore faible.

Au niveau du pouvoir exécutif, elle se réjouit de la présence de 30% des femmes au sein de l’équipe gouvernementale, mais estime que les efforts doivent être poursuivis pour favoriser une participation effective de la gente féminine à la gestion du pays. Dans cette perspective, la présidente de la section béninoise du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires plaide pour un soutien aux femmes en lice aux prochaines élections communales de 2013 en vue d’améliorer leur nombre à la tête des communes et municipalités. Car, le manque de moyens financiers constitue un véritable handicap pour l’éclosion des femmes dans le paysage politique et médiatique béninois.

Quel bilan de la gestion de Boni Yayi ? « Après un an, ça ne va pas », explique la présidente du Front d’Eveil pour le Développement (FED). Soutien critique du Chef de l’Etat, la conduite du pays par Boni Yayi laisse transparaître, à ses yeux, « trop de reculades » qui portent entorse à l’image du Chef de l’Etat. « Son autorité a pris un coup », estime-t-elle en évoquant les remises en cause intervenues dans la gestion du Programme de vérification des importations (PVI) de nouvelle génération et du coton. « C’est dommage qu’on annonce des reformes et peu après, on revient là-dessus », se désole-t-elle.

 Ainsi, rappelant la nature critique de son soutien à Boni Yayi, l’ancienne militante du MADEP plaide pour l’avènement de grands regroupements politiques susceptibles de favoriser l’assainissement de ce milieu. C’est dans cette même dynamique que s’inscrit son appel à bannir les candidatures indépendantes à la magistrature suprême du Bénin pour ne privilégier que celles émanant uniquement de formations politiques. Par ailleurs, le déclenchement du processus de révision de la Constitution du 11 décembre 1990 ne requiert pas son assentiment. Le consensus demeure indispensable pour procéder à tout toilettage de la loi fondamentale.

 Elle ajoute en outre que la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) doit demeurer la préoccupation prioritaire du pouvoir en prélude aux élections législatives de 2013. « On ne peut pas aller aux élections avec cette Lépi-là. On doit la revoir de fond en comble », fait-elle observer.

Jean-Claude D. DOSSA

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