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Raoul GLESSOUGBE, Administrateur Gestionnaire, Diplômé de Troisième cycle de droit privé fondamental
L’élection de François Hollande à la Magistrature suprême en France continue de susciter des réactions au Bénin. La dernière en date est celle de Raoul Glessougbé, administrateur Gestionnaire, diplômé du troisième cycle de droit privé, actuellement secrétaire général adjoint de la commune d’Abomey-Calavi. A travers cette interview qu’il nous a accordée, il interprète cette consécration de François Hollande comme une véritable leçon de démocratie puis invite l’Afrique entière et le Bénin en particulier à aller y puiser des enseignants en vue de consolider leur démocratie.
L’Evénement Précis : Quelles sont vos impressions suite à la victoire de la Gauche en France?
Raoul Gléssougbé: La France vient de donner une leçon de démocratie au monde entier.La victoire de la Gauche est le couronnement de plusieurs années de lutte, de persévérance, d’endurance, de constance dans la conviction et l’engagement politique des militants du parti socialiste français en particulier et de toute la gauche en général.
Depuis le règne de François MITTERAND, la gauche n’a plus accédé à la magistrature suprême en France. Et pourtant, les militants et leaders de cette coalition politique n’ont pas cru devoir organiser leur transhumance politique au gré de leurs intérêts égoïstes, comme c’est souvent le cas chez nous au Bénin. Lorsqu’on porte un idéal, on le défend jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix à payer. Je salue cette victoire de la gauche en France et félicite les Français pour avoir réalisé cette alternance très attendue.
Quels sont les enseignements qu’on pourrait retenir de cette élection en France, pour les démocraties africaines?
Je ne saurais prétendre aborder de façon exhaustive, tous les enseignements de cette élection présidentielle en France. Toutefois, je note que l’Afrique en général et le Bénin en particulier, pourraient tirer beaucoup de leçons pour renforcer et crédibiliser le vent démocratique, qui souffle sur ce continent, malgré les nombreuses péripéties qui s’observent ces dernières années. Notamment en ce qui concerne, la résurgence des coups d’Etats.
La première leçon, de mon point de vue, est la vitalité et la culture démocratiques de la France.
En effet, rien qu’à voir déjà le processus de désignation du candidat du PS à travers les primaires, puisque c’est ce parti qui est en vedette aujourd’hui, on peut se rendre compte, que cette formation est une grande machine politique. Mieux, après la désignation de François HOLLANDE comme candidat du PS par les socialistes français, tous les autres prétendants se sont ralliés, sans ressentiment, rancœur, amertume et hypocrisie. Ce qui n’est pas évident, ailleurs.
Le deuxième enseignement concerne la campagne électorale à la fois au premier et au second tour. C’est vrai qu’au premier tour, nous avons eu droit à plusieurs projets de société qui se sont affrontés pèle mêle. Mais force est de constater, qu’ils se sont distingués suivant le courant politique de chaque candidat sans aucune incohérence objectivement avérée. Au second tour, la démarcation est nettement constatée entre la gauche et la droite, qui se sont affrontées à travers leurs programmes respectifs.
Ce qui est confirmé par le débat d’entre les deux tours. Il en ressort, que les peuples africains en général et béninois en particulier doivent s’habituer à élire leurs présidents sur la base des programmes et non du régionalisme, de l’ethnocentrisme ou de la corruption électorale. On a assisté aussi à un traitement équitable de la campagne par les médias. Même, si, in fine, le candidat SARKOZY, pense avoir été victime d’une médiatisation outrageante contre sa personne.
Le troisième enseignement concerne la fiabilité des sondages, qui dépend au premier chef de la sincérité des déclarations des citoyens sondés, qui ne disent pas autre chose que ce qu’ils pensent faire. Cette sincérité n’est pas souvent observée chez nous.
Le quatrième enseignement qui retient le plus mon attention est relatif à la ponctualité avec laquelle les résultats sont donnés. A 20H00 (heure française), tel qu’annoncé, les résultats ont été donnés à la satisfaction du monde entier. C’est incroyable.
Le dernier enseignement que je trouve, concerne l’élégance politique dont ont toujours fait montre les candidats perdants, qui s’empressent pour féliciter le gagnant. Les conditions sont remplies, pour qu’il n’y ait pas de place à la moindre contestation. L’impartialité et la neutralité des institutions à charge des élections sont telles, qu’elles ne font l’ombre d’aucun doute.
Bien que ce soit le ministère de l’intérieur qui annonce les résultats, cela n’a pas pu éviter la défaite au Président sortant, candidat à sa propre succession. C’est comme aux Etats Unis où les listes des suffrages obtenus par les candidats à l’élection présidentielle dans chaque Etat, sont transmises par ses soins, au siège du gouvernement américain, à l’adresse du président du SENAT qui les ouvre et compte les voix obtenues par chaque candidat, en présence du SENAT et de la chambre des Représentants.
Au Bénin, cela aurait suffit pour remettre en cause les résultats proclamés, alors même, que la CENA dans laquelle toutes les composantes de la société sont représentées n’a pas réussi à ce jour, à garantir la sincérité et la transparence des résultats sortis des urnes. C’est une problématique sur laquelle, il conviendra de réfléchir, pour éviter que notre processus démocratique, ne soit souillé à chaque élection, par des crises post électorales.
Un message à l’endroit des Béninois ?
Je souhaite que mon pays le BENIN et au-delà, toute l’Afrique s’inspirent de l’expérience démocratique française, à partir des enseignements que j’ai supra notés de l’élection présidentielle de 2012 en FRANCE. Nous en avons la capacité, les aptitudes et le génie, pour assurer l’avancée, la crédibilisation et la pérennisation de notre démocratie. Je vous remercie.
Interview réalisée par
Gérard Agognon
« Le troisième enseignement concerne la fiabilité des sondages, qui dépend au premier chef de la sincérité des déclarations des citoyens sondés, qui ne disent pas autre chose que ce qu’ils pensent faire. Cette sincérité n’est pas souvent observée chez nous ».
Pour ce qui me concerne ; il ne faudrait pas douter de la sincérité des enquêtés, mais il faudrait plutôt remettre en cause les techniques et méthodes de sondage qui sont souvent mal maîtrisées. Il en résulte souvent une mauvaise représentativité de la population béninoise. De facto, les résultats sont biaisés.