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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le président de l’Union des professionnels des médias du Bénin, Brice Houssou:« L’Etat béninois a aujourd’hui la presse qu’il mérite »


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Les professionnels des médias béninois ont commémoré avec faste l’édition 2012 de la Journée mondiale de la liberté de la presse. A l’occasion, le président de l’Union des professionnels des médias du Bénin, Brice Houssou lève un coin de voile sur le sens de cette manifestation et apprécie le dernier classement du Bénin dans le rapport 2012 de Reporters dans frontières (RSF).

L’Evénement Précis : Quel message véhiculez-vous à travers la célébration du 03 Mai ?

Brice Houssou : La Journée mondiale de la liberté de la presse est une journée qui a été instituée par l’UNESCO pour que la communauté internationale, une fois par an, puisse faire une pause et réfléchir sur l’accompagnement qu’il faut faire pour que la presse puisse jouer son rôle de vecteur de la démocratie dans le monde entier.

Donc, nous sommes en train de célébrer cette année la 20ème édition et c’est important que la presse béninoise, comme les autres presses du monde entier, se retrouve aujourd’hui pour réfléchir sur la corporation. Le thème sur lequel nous avons choisi de débattre aujourd’hui, c’est l’environnement des médias au Bénin 10 ans après la mise en application des résultats des Etats généraux de la presse. Aujourd’hui, le constat fait, est que c’est vrai que la presse a évolué au Bénin en qualité et en qualité aussi.

Mais est-ce que la quantité n’a pas dépassé un peu trop la qualité de manière à ce qu’aujourd’hui nous ayons encore des problèmes de qualité ? Nous ne disons pas que c’est un drame mais nous pensons qu’on peut faire mieux. Et pour faire mieux, il faut réfléchir, s’asseoir et discuter, diagnostiquer la situation pour pouvoir trouver des résolutions.

…Avez-vous pris des initiatives dans ce sens ?

On l’a déjà fait en novembre 2002 lors des Etats généraux qu’on a organisé où nous avons pris des résolutions pour améliorer l’environnement de la profession, pour créer de nouvelles organisations, afin de mettre en place des structures pour gérer la corporation. Ça fait dix ans que ça dure mais nous en avons tiré beaucoup de choses mais on n’est pas satisfait. On s’est donc dit qu’en novembre 2012, il faut qu’on fasse un forum bilan pour prendre un nouveau départ. Au lieu d’attendre la veille pour commencer la discussion, on s’est dit qu’il faut commencer très tôt.

Pensez-vous que l’horizon est radieux pour la presse béninoise ?

La presse béninoise peut être meilleure que ce qu’elle est aujourd’hui. Nous avons les ressources humaines et matérielles. Et même si on ne l’a pas réellement, on l’a potentiellement. Et donc, il faut pouvoir trouver ce potentiel et le développer pour que la presse puisse vraiment jouer son rôle. Il y a beaucoup de journalistes dans le pays et c’est vrai qu’il y a quelques uns qui se mettent trop en marge des contraintes et règles déontologiques. C’est ça le drame.

Ce n’est pas une question de formation, c’est une question d’éthique et d’éducation. Le milieu favorise peut-être ça. La législation que nous avons qui n’est pas assez adaptée favorise peut-être cela. Voilà pourquoi je fais encore un plaidoyer à l’endroit des pouvoirs publics pour que nous ayons rapidement notre code. Nous, on a déjà fait le travail d’écriture, d’amendement…maintenant, c’est au niveau des pouvoirs publics qu’ils doivent le toucher. La Commission de codification a travaillé et ça a été envoyé au Chef de l’Etat qui l’a renvoyé à la Cour suprême pour avis.

 Après ce sera envoyé à la HAAC puis au parlement. Donc, il ne reste qu’aux institutions de la République de jouer leur rôle. De notre côté, nous avons fini notre partition. L’Etat béninois a aujourd’hui la presse qu’il mérite. Et si cet Etat, à travers ses institutions, veut avoir une presse de meilleure qualité, qu’on nous aide à avoir rapidement cette loi qui nous permet de révolutionner le secteur. C’est important. J’attends des députés qu’ils nous accompagnent dans ce processus.

Que vous inspire le déclassement du Bénin dans le classement 2012 de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) ?

On nous a informé qu’on a été déclassé ; ça ne fait pas chaud au cœur. Il fût un temps où on était premier en Afrique, 9ème au plan international. Donc, si aujourd’hui on dégringole pour se rapprocher de la 100ème place, c’est qu’il y a un problème. Je crois que c’est dû à certaines forces qui sont en train de plomber la corporation aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.

 Les pouvoirs publics, avec l’argent, les musellements, les contraintes financières. Il n’y a pas un mal à avoir un contrat avec une institution. C’est prévu dans la corporation. Ce n’est pas ça le mal. Le mal, c’est ce que nous faisons de ces contrats. Si les gens nous disent de faire des choses qui sont incompatibles avec notre déontologie, c’est à nous de refuser.

Votre conclusion à cet entretien

Je veux dire que la presse de 2012 n’est pas la presse de 2000 ou la presse de 1990 à la Conférence nationale. Je pense que les perspectives sont bonnes. Je compte sur chacun des professionnels pour accompagner les associations dans le travail de relèvement de la profession, dans le travail de l’assainissement. C’est le rôle de chacun. Et j’ai la grande conviction que les choses sont en train de changer. Elles peuvent changer davantage si on y met de la volonté.

Entretien réalisé par

Jean-Claude DOSSA

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