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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Confiance, défiance, méfiance


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La confiance ? C’est un mot qui a disparu du vocabulaire politique de ces dernières années. Et ces dernières semaines, les signes de son absence en ont été plus marqués. Quiconque a suivi l’interview choc de maitre Adrien Houngbédji aura été impressionné par la violence du ton employé, le désir de rompre un silence qui n’a que trop duré et cette envie de régler certains comptes. Parce que la confiance que l’on supposait entre ces alliés était basée sur le sable mouvant des duperies, des coups bas et du chantage, l’Union fait la Nation n’en a récolté que les amers dividendes.

 Il est vrai, en plein milieu du combat politique, c’était une gageure de s’attacher à ces « détails », tant que les idéologies anti-Yayi concordaient si harmonieusement. Ce qui unissait tous ces monstres sacrés de l’arène politique nationale, c’est la commune détestation du régime. Hors de là, c’était une autre affaire. L’unité d’action à laquelle on devrait s’attendre n’a probablement pas été à la hauteur des attentes. A en croire Houngbédji, ce fut comme un jeu de dupes dans lequel il a joué le rôle de l’âne qui s’est tu pour avoir le foin. Mais le foin n’arriva jamais.

En l’espèce, nombre d’entre nous continuons de nous demander si la défiance et la méfiance n’ont pas prévalu au cours de la campagne de 2011 au point de biaiser la lutte commune, au point de la transformer en une chute spectaculaire. Tout le monde a-t-il joué franc jeu ? Les propos du Président du PRD et les actes posés à la Convention nationale de l’UN prouvent que les partisans de Houngbédji ne le croient pas. Ils ont le sentiment d’avoir été trahis et ne peuvent qu’en tirer les conséquences qui s’imposent.

D’où le jeu de Houngbédji lui-même qui a transformé la Convention Nationale en un cauchemar et l’UN elle-même en une coquille vide. Voilà la défiance. Il suffit de voir l’expression maussade des visages à la clôture de la Convention pour se convaincre de la fin de l’idylle. Le navire accoste en pleine confusion sous le regard médusé de la foule des partisans qui n’en croient pas leurs yeux. Comment ont-ils pu ? Telle est la question que tous se posent face aux déballages du Président du PRD. Mais si les uns s’estiment floués, les autres savourent les doux fruits de la trahison sous les lambris dorés de la mouvance.

Le grand écart ayant permis de sauter d’un bord à l’autre n’a trompé que les idéalistes. Ceux qui ont une vision jouissive de la politique y ont vu du grand art, à la manière d’un Machiavel qui conseille surtout d’utiliser la tromperie et la trahison comme des armes ordinaires dans les luttes politiques. Entre ceux qui se sont fait avoir à ce jeu d’où la pitié et la dignité sont exclues et ceux qui réussissent la feinte et en tirent les bénéfices à l’ombre du pouvoir, il n’y aura plus jamais entente. Du moins, celles à venir ne laisseront aucune place à la confiance, mais tout à la méfiance. Comment peut-on faire la politique dans ce labyrinthe où l’âme sombre dans la gesticulation et la manipulation ?

Le même climat prévaut sur le sujet de la révision de la constitution. Après plusieurs mois d’une polémique tenace, Boni Yayi a fini par retirer le décret de transmission du projet de révision de la loi fondamentale. Là encore, la méfiance a transformé le débat politique en une foire d’empoigne. Et là encore, ce qui prévaut, c’est la ruse, la mauvaise foi apparente et les jeux de bas étage. On ne peut que s’apitoyer sur l’héritage culturel laissé par nos aïeux qui nous ont transmis leur basse duperie et leurs grossières ficelles. Transplanté dans l’arène politique, tout ceci devient un jeu de sape et de massacre.

On est en politique comme en jungle. Et le débat n’a plus consisté à améliorer notre loi électorale mais à savoir si un homme va ou non l’améliorer à son profit. Vigilance citoyenne ? Osons le croire. Dans tous les cas, il faudra sortir du cercle vicieux de la défiance et de la méfiance pour réellement réviser la constitution. Un changement de paradigme s’impose donc à l’heure de vérité.

Olivier ALLOCHEME

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